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Youtubeur, c’est bien comme situation ?

En avril 2024, cela fera 5 ans que j’ai posté ma première vidéo sur YouTube. Si l’on ne compte pas les captures médiocres du live d’AqME à l’Olympia, créées et partagées en 2006, évidemment. J’avais démarré la production des vidéos quelques mois avant et depuis j’ai dû en pondre un peu plus de 150, auxquelles s’ajoutent les lives, les vidéos faites à droite à gauche avec ou chez les copains. Bref, y a eu pas mal de contenus. Et je commence à me dire qu’il est temps de mettre un coup d’œil dans le rétro, de vous faire un petit retour d’expérience.

À l’époque, j’y suis allé principalement pour deux raisons :

  1. Aller chercher une audience qui ne me lisait pas. J’ai tendance à faire des articles de fond sur la photographie, assez longs/ documentés/denses, et j’ai bien conscience que ça ne botte pas tout le monde. Je peux comprendre que des gens aient 10 minutes à accorder à une vidéo, mais pas 45 pour lire un article.
  2. Bénéficier de l’algorithme de YouTube. C’est l’avantage et l’inconvénient du Blog : j’ai une certaine liberté dans la diffusion. Je peux vous envoyer un mail si vous êtes abonnés à la newsletter et vous le recevrez (quasiment) tous. Mais pour découvrir mon travail, il faut un jour en avoir entendu parler ou fait une recherche dans Google qui mène ici. On est libre, mais plus seul. C’est là que YouTube est intéressant : il était supposé montrer mes vidéos aux gens ayant des intérêts similaires, mais ne me connaissant pas encore.

À ces 2 raisons rationnelles s’ajoute un concours de circonstances assez improbable. Quand j’ai déménagé à Lille en 2019, il y a eu la tempête Gabriel. Je suis donc parti de Rouen avec ma voiture, ma chatte et des Pringles. Par contre, le camion de déménagement, lui, n’a pas pu faire la route. J’me suis donc retrouvé dans un appartement bien à moi, mais aussi bien vide. J’ai donc appelé Laurent qui a gentiment accepté de m’héberger. De son côté, il avait un dîner de prévu ce soir-là avec Olivier Roland et j’ai été embarqué dans l’aventure. Olivier a passé la soirée à me secouer et à me convaincre que, si, ça n’était pas impossible de lancer une chaîne.

Et hop, me voilà dans la télévision de ma mamie et sur les internets. 🤷🏻‍♂️

Alors, après toutes ces années, temps passé, travail abattu et vidéos sorties, se pose la question suivante : est-ce que ça valait le coup ?

On va voir ça ensemble. C’est par ici 👇🏻

Préambule : on a le droit de se plaindre quand on est Youtubeur ? 🤔

Évidemment, dans cet article je vais mettre en avant des points positifs et d’autres plus négatifs. Ce qui m’oblige à mettre les deux pieds dans le plat du fameux « on n’a pas le droit de se plaindre quand on est Youtubeur » qui traîne dans l’imaginaire collectif. Derrière cette phrase, il y a souvent deux notions :

  • Faire un métier « créatif » et « passion » serait une bénédiction absolue qui justifierait tout et n’importe quoi. Comme de travailler gratuitement contre de la visibilité (lol).
  • Les Youtubeurs gagnent tellement d’argent que bon, « ça va, hein », on ne va pas se plaindre quand on baigne dans l’oseille.

Et ça, ça va être l’occasion de remettre les pieds sur Terre 🛬🌍.

Pour commencer, toute mon activité autour de la photo en ligne (le Blog, YouTube, les formations) n’est pas mon métier. C’est une activité que je fais à côté. Dans la vie, je suis consultant avant-vente, depuis une dizaine d’années environ. Je travaille principalement dans des entreprises qui font du BPO et de la dématérialisation. Les commerciaux trouvent des opportunités, moi je dis combien ça coûte et comment on le fait, et les équipes projets réalisent ça ensuite. Bref, je fais des maths.

Oui : c’est TRÈS loin de la photo 😂.

Aussi, soyons honnêtes : la passion, ça va bien deux minutes, mais ça ne suffit pas. Ma façon de voir les choses, c’est qu’une certaine quantité de passion peut aider à faire une certaine quantité de travail, mais pas plus. Par exemple :

  • Ce n’est plus un secret pour personne : je fais de la musique depuis une vingtaine d’années (je me sens vieux en écrivant ça 👴🏻). J’ai assez de passion pour y consacrer 2h/jour. Disons : regarder des vidéos, réels ou autres pendant une heure et travailler/jouer pendant une autre heure. Je ne suis pas (plus ?) assez motivé pour monter un groupe, enregistrer un album ou autre. Ma passion ne couvre que ça.
  • J’aime beaucoup la série Rick & Morty. Le ton me fait vraiment marrer. Je n’aurais pas du tout assez de passion pour regarder des épisodes de 9h à 17h, 5/7 jours. Ce serait quasiment une torture.
  • En photographie, j’ai assez de passion pour : faire un article de Blog de temps en temps pour raconter mes découvertes/réflexions, lire des livres, faire mes images et mener à bien mes projets. Et une vidéo de temps en temps. Pas 150. Surtout quand on sait à quel point c’est chronophage.

Ainsi, la passion aide, mais ne couvre pas tous les besoins en temps/travail pour mener à bien la création des vidéos YouTube. Comme je le disais, seule, elle ne suffit pas. Il faut qu’il y ait d’autres éléments incitatifs. Je pense notamment :

  • Au développement d’une audience large. Le fait d’avoir l’impression de toucher beaucoup de gens avec « son message » aide forcément à s’y mettre. Si je n’avais que 3 abonnés, un mail suffirait pour leur parler de photo. À l’inverse, si j’avais 10 000 abonnés sur Spotify qui attendaient le prochain morceau, je serais plus tenté de me bouger les miches. Vous voyez la logique.
  • L’impression d’être utile. Si l’audience apprécie les vidéos, si ces dernières leur permettent de découvrir de nouvelles choses et de progresser, cela nous incite à en produire davantage.
  • Créer ou consolider une communauté. Avec le temps, il y a un groupe de gens qui se soude autour de votre contenu. Il y aura toujours 90 % de gens dans ce que j’appelle « la majorité silencieuse » (qui suivent le contenu sans jamais interagir), 1 % de casse-pieds râleurs qui font beaucoup de bruit, et les 9 % restants font tourner la boutique. Ce sont eux qui commentent, partagent, et parfois pendant des années. On fait ça pour vous, QLF.
  • Évidemment, il y a les pépètes. On ne peut pas faire autant de travail bénévolement. On en reparlera après, mais… bref, vous verrez 😅.

Donc pour résumer tout ça : évidemment que les Youtubeurs ont le droit de râler, être passionné ça permet de faire une partie du boulot, ça ne rend pas magicien 🧙🏻‍♂️.

Comme toute activité, même plaisante, elle a des limites, des bugs et des choses à améliorer. J’vais vous raconter comment ça marche, que vous compreniez mon point de vue après ces quelques années.

La production des vidéos

La production des vidéos, ça a été ma grosse découverte en me mettant à en faire. J’avais déjà enregistré de la musique, donc j’avais quelques réflexes et familiarités avec les logiciels. Mais j’ai tout appris au fur et à mesure (d’où les vidéos parfois floues, mal éclairées ou les montages hasardeux au début 😅).

Ce que j’en retiens, c’est que la répartition du travail n’est pas du tout la même que pour le Blog. Pour un article, je vais globalement répartir mon temps comme suit :

  • 10 % pour la gestion de l’infrastructure (étalée sur l’année, ce n’est pas propre à un article). Il s’agit de mettre à jour ce qui doit être mis à jour, gérer l’hébergement, ce genre de trucs. Un travail qu’on ne peut pas oublier de faire, mais qui n’est pas pour autant immense.
  • 80 % du temps consacré à l’écriture en elle-même. J’inclus dedans les recherches à droite à gauche quand j’ai besoin d’illustrer un propos, mais globalement, la grosse masse est là.
  • 10 % du temps pour préparer la diffusion du contenu. J’envoie l’article à la relectrice, je prépare sa diffusion (posts sur les réseaux sociaux, mails), et je regarde un peu le plafond aussi 🕷.

Et ça, ça me va très bien : écrire c’est toujours ce que j’ai préféré. On peut le faire partout, on n’a besoin que d’un outil très basique pour produire et diffuser. Cela me permet aussi d’aller au fond du fond d’une idée (souvenez-vous de l’article sur les NFT) sans être interrompu ni limité par les standards d’une plateforme.

Enfin, ça a un côté assez magique que j’aime beaucoup : il y a des mots dans ma tête, je les mets ici, et ça évoque des concepts dans la vôtre. Là, par exemple, si je dis « éléphant rose », vous en voyez tous un. Plus efficace et direct que n’importe quel montage.

Côté YouTube, le temps passé sur les vidéos se répartit bien différemment. Gros grain, ça ressemble à ça :

  • 10 % du temps consacré à l’écriture. C’est beaucoup plus court, et c’est lié à deux facteurs :
    1. Il y a une limite à la taille des vidéos que je peux faire sur YouTube. Globalement, une vidéo de 10 minutes va demander un texte de 1 500 mots. Pour vous donner un ordre d’idée, du début de l’article à cette phrase, il y a 1 600 mots. J’ai donc moins besoin d’écrire pour rester dans un format « standard ». D’autant plus qu’un texte long démultiplierait toutes les tâches suivantes. Écrire deux fois plus ne va pas me demander un effort immense, mais tourner et monter deux fois plus, si, clairement.
    2. Je peux tricher sur YouTube, mais pas ici. Je peux partir simplement avec une liste d’idées à évoquer, quelques exemples à placer et me débrouiller devant la caméra. Je peux changer d’avis après et retirer un passage, ou au contraire le rajouter rapidement. Je n’ai pas cette souplesse-là ici. Si je saute des phrases ou des bouts du raisonnement, un article devient illisible.
  • 30 % du temps pour le tournage. Bon, là, y a rien à faire, c’est long. Parce qu’il faut tout installer, avoir la pêche pour tourner, ne pas se planter (ou recommencer), ne rien oublier et surtout : ne pas faire de conneries. Je sais de quoi je parle, j’en ai fait plein 😅 (et ça consiste souvent à mal régler un truc par excès de confiance). Et à la différence du blogging, on est contraint par le lieu et le temps.
  • 30 % pour le montage. Cela peut être assez variable, mais généralement je considère que le temps de montage est équivalent à 2 fois le temps du rush. Si j’ai tourné 30 minutes de vidéo, je vais mettre 1h à la monter, pour une vidéo d’environ 15 minutes au final. Mais cela peut être plus si j’étais claqué et que j’ai raconté n’importe quoi au tournage, s’il y a plein d’illustrations à dégoter et à insérer ou s’il y a plusieurs flux à combiner (une capture d’écran à ajouter, une interview à plusieurs micros et tout le bordel).
  • 30 % du temps pour préparer la diffusion de la vidéo. Parce que oui, la vidéo elle est tournée et montée, mais encore faut-il lui trouver un titre (accrocheur), une miniature (accrocheuse), rédiger la description, la programmer, programmer les mails, les posts sur les réseaux sociaux. Bref, commencer à tapiner. Et l’air de rien, c’est bien chronophage.
PS : Ces estimations sont "du ressenti". Je n'ai pas mesuré ça à la minute près sur 5 ans. 

Il y a deux autres subtilités qui méritent d’être mentionnées concernant les différences dans la production, notamment sur l’écriture :

  • Écrire pour YouTube ça n’est pas comme écrire pour le Blog. Les spectateurs y sont plus « sensibles ». Je pense que c’est lié au médium : sur le Blog, vous pouvez imaginer le ton derrière chaque mot, alors que sur YouTube, si je suis sarcastique, vous me percevez comme tel. Vous n’allez pas imaginer du second degré si ça se voit que je suis sérieux. Ce qui fait que j’ai mis du temps à « doser » correctement l’écriture. Au début je reprenais quelques textes du Blog (comme la macro par exemple) qui étaient en ligne depuis des années sans trop avoir heurté personne. Sur YouTube, ça a été une autre histoire 😅.
  • Ça me fait toujours mal de constater que dans les vidéos les plus vues de la chaîne, il y en a 3 que j’ai écrites en 5 minutes pour me marrer et qui apportent peu de valeur au spectateur (au-delà du divertissement). La facilité paie.
Image - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet
PS² : Je remarque aussi que : 
- Les vidéos qui répondent à des questions sont aussi bien placées (ça remonte le moral),
- Il y a quand même un effet boule de neige. Une vidéo va faire ses vues à la sortie, mais continuer d'en acquérir petit à petit. C'est pour ça que tout le "top" date de 2019.

Pour en revenir à nos moutons 🐑, vous vous rendez bien compte de ce qui m’exaspère : sur une vidéo, je vais passer l’essentiel de mon temps sur des sujets qui n’ont que trop rien à voir avec la photo. Moi j’aime vous parler du dernier bouquin que j’ai acheté, mais la création de miniatures, c’est pas tellement ma tasse de thé. Mais heureusement :

  • Il y a certaines tâches auxquelles on prend goût là-dedans. Le montage, bien que ça puisse être fastidieux, je trouve ça sympa à faire. Je suis content quand j’ai une vidéo bien montée et que je trouve intéressante.
  • Avec le temps, on rationalise le processus : je réutilise pas mal de choses à toutes ces étapes pour gagner du temps. De même, on regroupe les étapes chronophages. Cela prend moins de temps de tourner 3 vidéos d’un coup que 3 fois une vidéo.
  • Il y a désormais des IA très performantes qui peuvent accélérer certaines tâches, principalement pour la mise en ligne. En toute logique, ça va plus vite de filer un script à ChatGPT et de lui demander de m’extraire les mots clés à mettre dans YouTube que de le faire à la main.

L’aparté sur la technique

Keagan henman ppxjttxfv1a unsplash - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet

J’ai hésité à traiter deux sujets dans cet article : les compétences techniques à acquérir (ainsi que comment le faire) et la gestion du temps et de l’énergie pour produire ces vidéos. Cela me paraissait superflu, parce qu’il y a plein de contenus sur le sujet.

Simplement, retenez juste que tout est dit là :

Si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme
Dire « J’ai pas d’matos » ou « pas d’contacts », c’est un truc de victime

Notes pour trop tard – Orelsan

Il y a besoin de beaucoup moins que ce qu’on pense. Il vous faut :

  • Un éclairage continu correct (LED de préférence, sinon ça chauffe). Pour pouvoir tourner quand vous voulez et ne pas être dépendant du soleil.
  • Un micro de bonne qualité. C’est le plus important, le spectateur peut tolérer une qualité d’image moyenne, mais mal vous entendre, c’est rédhibitoire.
  • Un truc qui filme.
  • De la vigilance. Vous allez oublier de recharger votre appareil, ou l’alimentation de votre lampe. Méfiez-vous de vous.

Et c’est tout. 🤷🏻‍♂️

J’ai démarré avec des trucs que j’ai chopés sur Leboncoin. Et en vrai, votre créativité est plus importante que le matos que vous avez. Mes premières LED colorées (pour l’ambiance) étaient des ampoules connectées montées sur des lampes Ikea premier prix. Ça faisait le job.


Pour résumer : écrire c’est cool, créer c’est cool, mais certaines étapes de la production se révèlent être plus pénibles que d’autres.

Vous savez ce qui est cool aussi (pour ne pas mourir de faim, par exemple) ?

LA THUNE. LE FLOUZE. LA GROSSE MOULAGA. 💸💸💸

Et il est temps d’en parler.

Parlons grosses thunes 💰

Ce qui est bien avec la création de contenu en ligne, c’est qu’il n’y a que 5 façons de la monétiser. Et ça c’est top ; s’il y en avait eu 540, ça aurait fait un article super long, pour vous comme pour moi. Faisons-en le tour.

La publicité

La publicité, c’est la façon sans doute la plus simple de monétiser la création de vidéos YouTube : tout est intégré sur la plateforme pour. Il suffit de rejoindre le programme partenaire, puis de décider de quand vous souhaitez mettre les publicités (au début, à la fin, n’importe quand entre les deux, avec la possibilité ou non de les désactiver).

C’est une méthode qui a principalement deux défauts :

  • Elle demande de faire beaucoup de vues et d’être compatible avec les standards de la plateforme, qui sont parfois débiles. Si vous faites 10 vues, évidemment vous ne gagnerez rien. De même, les annonceurs ne veulent pas être associés à certains termes. Sur YouTube, il faut éviter de dire : anus, pute, cocaïne, nazi, ce genre de choses (alors qu’ici je suis pénard). Le problème, c’est que si je dis « Il ne faut pas dire nazi sur YouTube pour ne pas être démonétisé », bah, je risque de l’être. La plateforme ne dispose pas de cette finesse.
  • C’est globalement désagréable pour vous. Dans mon esprit, je vous imagine toujours rentrer d’une journée de boulot et vous dire « allez, j’me pose un moment devant YouTube ». Regarder une vidéo c’est sympa, se coltiner une pub Carambar avant, moins. Dans l’idée, je préfère que regarder mon contenu soit une expérience agréable – sur le Blog il n’y a pas 500 encarts publicitaires, autant faire pareil sur YouTube.

De l’histoire de la chaîne, je n’ai quasiment jamais activé la publicité. Je l’avais mise au début par incompréhension : pour pouvoir mettre des liens vers des sites externes dans une vidéo (comme ce Blog !), il faut être membre du programme partenaire, qui permet aussi d’activer les publicités. Je pensais que les 2 étaient inséparables et il y a eu des pubs quelques mois sur la chaîne. Cela m’a rapporté la coquette somme de 80 €. C’est ma chatte qui a été contente quand elle a vu toute la pâtée que ça représentait 😻.

Depuis, je l’ai coupée, pour les raisons que j’ai évoquées, puis je l’ai remise il y a quelques semaines. C’est à cause d’un vieux loup de mer : YouTube dit qu’il ne met pas plus en avant les vidéos monétisées que les autres. Mais de leur côté, tous les créateurs l’ayant activée disent avoir vu des différences. Personne ne sait vraiment ce qu’il se passe derrière ces déclarations. Et c’est là que mes 2 motivations se heurtent : faire découvrir mon travail en bénéficiant de la plateforme VS vous fournir une expérience sympa quand vous regardez les vidéos. Du coup, j’ai décidé de faire un petit test pendant quelques mois pour voir s’il y avait une différence en termes de performances. Je verrai sur la durée.

PS3: Cela a produit une situation assez cocasse, par contre. Lors d'un live, des abonnés ont eu droit à des publicités de Serge Ramelli. Cela m'amuse énormément de savoir qu'il a payé pour être visible sur la chaîne, vu ce que j'ai pu y raconter il y a quelques années.

Le placement de produit

C’est le fameux, le classique, l’indétrônable :

En traînant sur YouTube, vous avez dû les voir 500 fois. Tout comme les classiques Displate, RhinoShield et consorts. En photographie, on a parfois des vagues d’entreprises proposant la réalisation de sites web, ou de plateformes de vente d’images en ligne.

Dans l’absolu, je comprends la pratique : bien qu’elle nécessite une audience assez conséquente (sans doute plus que la mienne), elle peut être assez intéressante financièrement.

Pour le moment, je n’en ai jamais fait. J’ai déjà eu quelques propositions, mais ça ne m’intéresse pas trop. Je ne pense pas qu’il vous faille une énième coque ou autre. J’ai du mal avec l’idée de me transformer en homme-sandwich pour tout et n’importe quoi (sachant que mon job consiste déjà, en partie, à promouvoir les services d’une entreprise : est-ce que j’ai envie de recommencer le soir une fois rentré chez moi ? 🤔).

Sur la chaîne, je me tiens à ce fonctionnement : les marques m’envoient des produits parfois (que ça soit des livres d’éditeur, des trépieds, des lampes ou autre) et si je trouve ça intéressant, je vous en parle. En bien ou en mal, d’ailleurs. Il y en a certaines avec lesquelles je collabore (le mot est fort, on n’a aucun contrat) depuis longtemps. Comme Neewer : ça fait des années qu’ils m’envoient du matos pour tourner, sans rien demander en retour. Là, je trouve que ça mérite d’être mentionné de temps en temps, je vois ça comme une aide à la création.

Il y a cependant une situation où je pourrais changer mon fusil d’épaule sur ce sujet : j’ai certaines idées de projet pour la chaîne qui nécessiteraient un (ou des) partenaire(s) pour voir le jour. Ce serait plutôt pour vous faire kiffer vous, les spectateurs (donc, non, il ne s’agit pas d’aller à l’autre bout du monde interviewer Araki 😂). Pour le moment, je n’ai pas trop creusé ni cherché à nouer des contacts. Mais peut-être que ça viendra 🤷🏻‍♂️.

L’affiliation

Ça, c’est un mix des deux précédents : vous présentez un truc, et si une partie de l’audience l’achète, vous touchez une commission. Je le mentionne, mais ça me semble plus anecdotique : je ne connais aucun créateur de contenu vivant de ça (ni même compensant le temps passé à créer ses vidéos de cette façon).

C’est surtout un moyen simple de démarrer : au début du Blog j’avais commencé comme ça, avec des liens affiliés vers Amazon pour les livres dont je parlais. Ça me permettait d’en acheter d’autres et de continuer à faire tourner le bazar, sans que ça me coûte trop cher.

Ce n’était pas forcément ultra-intéressant, et ça l’est encore moins depuis qu’Amazon a revu sa politique sur le sujet. Avant, si vous mettiez un lien vers un produit A (disons un livre) et qu’une personne achetait un produit B (des slips) vous aviez une commission quand même, avec le même taux que si vous aviez redirigé vers le produit B directement. C’était marrant, parce que je touchais des petites commissions sur des produits complètement improbables (comme des couches pour adulte ou du dentifrice). Mais la fête est finie, ça n’est désormais plus le cas.

Quoi qu’il en soit, si vous voyez des myriades de liens sous les vidéos YouTube, c’est pour ça : les commissions liées à l’affiliation.

Le financement participatif

Le financement participatif, c’est tout ce qui passe par Tipeee, Utip, Patreon, ce genre de sites. C’est une forme de pourboire mais récurrent : vous vous engagez à donner une certaine somme tous les mois pour soutenir la création d’un contenu.

C’est une solution qui est bien, de mon humble avis, pour les gens qui ne peuvent pas vendre de produits (voir ci-après). C’est le cas pour pas mal de chaînes de vulgarisation : les auteurs peuvent faire un livre de temps en temps sur leur sujet, mais les droits d’auteur ne seront jamais suffisants pour faire tourner la boutique (payer leur salaire, le montage, et tout le tintouin).

Le gros avantage de cette solution (et sa plus grande faiblesse) c’est sa prévisibilité. Vous savez combien vous allez toucher tous les mois. C’est un gros manque de mon côté : chaque mois est totalement imprévisible et très différent des autres. Cette année, j’ai fait l’essentiel de mes ventes en début d’année (j’ai sorti une formation et fait un partenariat) et ça a été beaucoup plus calme ensuite.

À l’inverse, c’est sa plus grande faiblesse : si demain la plateforme ferme ou fait polémique (comme Tipee il y a quelques années), ou si vous-même subissez une shitstorm, vous vous retrouvez du jour au lendemain sans revenus. Ce qui, avouons-le, peut être ennuyeux.

Une seule erreur et t’as plus d’followers.

Damso – Mosaïque solitaire

Au-delà de ça, deux choses en limitent l’intérêt pour moi. Premièrement, j’ai l’impression qu’il est difficile d’en tirer un revenu suffisant si on n’a pas une très grande audience (alors que c’est là où on en a le plus besoin, vu que la publicité et les placements de produits vont être limités). Vous pouvez le voir sur ces quelques exemples de chaînes YouTube dédiées à la photo et encore actives : ça n’est pas mirobolant.

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C’est peut-être juste une limite culturelle, je ne peux pas vérifier en comparant avec les USA, sur Patreon (leur équivalent) les revenus ne sont pas affichés. La question reste ouverte.

Deuxièmement : je ne suis pas très à l’aise avec le concept. Je trouve ça moyen de vous demander de passer à la caisse sans réelle contrepartie (autre que les symboliques classiques). Je perçois ça comme une forme de mendicité 2.0.

PS4 : J'avais déjà réfléchi à des façons de créer un revenu régulier, le modèle qui me tenterait le plus serait d'ouvrir une newsletter (payante) sur Substack. Vous vous abonnez (à je ne sais pas quel prix) et en échange vous recevez toutes les semaines/mois du contenu exclusif sur la photographie. Faute de temps (et d'énergie), je ne me suis jamais lancé, mais je garde ça dans un coin de ma tête. Si ça vous intéresse, n'hésitez pas à m'en parler en commentaire. 😉

Vendre des produits

C’est aussi un modèle économique assez classique et que vous avez sans doute dû déjà voir passer sur YouTube : les uns vendent des coques, des stickers, des t-shirts, des formations, des places pour le Merguez Tuning Show et ainsi de suite.

Évidemment, vous le savez : c’est le modèle que j’ai choisi. Parce que je le trouve sain. Je ne suis dépendant de personne. Il y a une plateforme (Podia) qui héberge mes formations. Si demain elle ferme, je les mets ailleurs. Je peux proposer ce que je veux (en respectant la loi, évidemment).

Je trouve aussi l’approche assez rationnelle, au final, le message c’est « ha, vous aimez le contenu ? Bah, il y en a plein en gratuit et si vous en voulez plus, il est payant ». Il y a plusieurs centaines d’articles et vidéos disponibles gratuitement, ce qui me semble généreux. Si une partie de l’audience souhaite plus et veut aller plus loin dans sa pratique photo, j’ai une offre pour elle. Easy as ABC.

Et… heureusement que cette audience est là, c’est eux qui soutiennent financièrement l’offre gratuite. Quelque part, c’est assez vertueux : l’offre gratuite attire des abonnés, dont certains vont souscrire à des formations payantes, qui m’incitent à continuer à produire des contenus gratuits. Tout le monde y trouve son compte. C’est ce qui compose aujourd’hui la majeure partie de mes revenus concernant la photographie (même si ça m’a pris des années de travail, l’ensemble des formations c’est 2 ans et demi de boulot, le soir, sur mon temps perso 😅).

Gérer une communauté en ligne

En mettant du contenu en ligne, si tout se passe bien, vous allez créer une audience. Et il va falloir s’en occuper (échanger avec elle, conseiller, adapter, renvoyer, écouter et ainsi de suite). Comme je le disais plus haut : créer/consolider une communauté en ligne est une très bonne raison de rejoindre la plateforme. À la base, si j’ai publié mon premier article il y a 8 ans, c’est pour ça : j’étais passionné, mais je n’avais personne avec qui discuter de photographie. Donc je me suis dit « je vais mettre ça sur un coin du web et on verra bien ce qu’il se passe 🤷🏻‍♂️« .

Et pour le coup, j’ai été servi. Si je lis un livre qui me plaît, si j’ai une idée ou un truc dont j’ai envie de parler et qui concerne la photo, YouTube est une très bonne tribune pour ça (au même titre que les autres réseaux sociaux, en vrai), parce que vous êtes là. C’est un vrai kif et quelque chose que je n’ai pas (plus) avec la musique. Du coup, quand j’achète ma 12e guitare*, j’emmerde tout le monde autour de moi avec. Ayons une minute de silence pour eux. 😬

Je l’ai toujours dit : ma messagerie est toujours ouverte, je réponds à tout le monde. C’est juste devenu plus compliqué avec le temps ; autant les courriels et les DM j’arrive encore à m’en sortir, autant les commentaires j’ai abandonné (surtout quand il s’agit de messages d’appréciation, adorables, mais auxquels je n’ai trop rien à répondre).

Profitons aussi de cette occasion de parler des relous/haters/casse-pieds sur internet. On s’en fait tout un foin mais en vrai : ça va. Il y a eu quelques vagues après certaines vidéos, mais globalement c’est assez calme. Je dois en avoir 1 ou 2 par mois maintenant, rien de bien vilain (enfin sauf pour eux, quand ils se rendent compte qu’ils sont tombés sur la mauvaise personne à emmerder 😅). J’ai dû finir par bannir tous les casse-pieds du web français de la chaîne (et j’ai la liste si jamais ça peut vous être utile 😬).

Plus sérieusement, comme pour le reste, l’expérience aide. Autant au début je me faisais facilement avoir à répondre à des gens qui cherchaient juste de l’attention, autant maintenant je vois assez vite les signaux qui déclenchent l’alarme et je mets fin à l’échange (sauf si je sens que ça va être une occasion marrante de mettre des gros coups de pelle).

Parce que quand un casse-pieds se pointe, ça ne va pas être un génie, il va se comporter comme les 500 d’avant et c’est assez facile de le repérer. Généralement les red flags 🚩 c’est :

  • Un compte anonyme ou créé très récemment. Ce n’est pas fiable à 100 %, mais très souvent ça sent le « j’avais envie de dire des trucs, mais pas de les assumer », personne n’est dupe.
  • C’est le premier commentaire de la personne. J’ai des abonnés qui me suivent depuis des années, qui aiment des trucs, moins d’autres, mais ils ont tous un point commun : il y a du respect dans les interactions. Parce qu’en toute logique, on ne peut pas s’inscrire dans la durée sans ça. Si dès le premier commentaire ça râle, la relation est morte dès le départ 💀. Surtout si on ne dit pas « Bonjour ».
  • Les propos sont disproportionnés : j’ai déjà reçu des messages d’insulte de gens en n’ayant AUCUNE idée de pourquoi ils sont si énervés. C’est extrême, mais vous voyez l’idée : on parle de photographie, c’est un loisir pour bon nombre de gens. Tout ce contenu est mis en ligne gratuitement, faut rester détendu. On est dans le débat d’idée, à aucun moment des vies ne sont en jeu. Des ego peut-être, si les personnes ne savent pas les séparer de leurs points de vue, mais ça c’est plus trop mon problème 🤷🏻‍♂️.
  • Le ton passif-agressif. Comme ce genre de commentaire (exemple fictif) : « Très intéressant de voir une personne passer 20 minutes à expliquer quelque chose qui pourrait être compris en 5 minutes. Merci pour cet exercice de patience. 👏 ». Il y a un côté « je te dis un truc sympa, mais c’est juste pour pouvoir t’emmerder ensuite ». Étant quelqu’un de parfois très littéral dans ma compréhension de l’écrit, je me fais encore ponctuellement avoir par celui-là.
  • C’est un faux gentil. Lui, c’est un ninja, c’est le plus dur à repérer. Généralement, ça commence par un échange « normal », mais avec des remarques de plus en plus insistantes quand il n’arrive pas à convaincre/défendre son point de vue. C’est potentiellement celui qui fait perdre le plus de temps, vu qu’on glisse petit à petit dans une discussion qui dépasse les limites de ce qu’on peut accepter.
  • Bonus : ils ne connaissent pas le contenu/affabulent/sont des hommes de paille. Ça c’est typique des gens qui ont découvert le contenu il y a peu, et imaginent plein de trucs qu’ils pensent vrais.

Si jamais vous êtes amenés à vous lancer sur YouTube ou à gérer une communauté en ligne avec des interactions, j’espère que cette petite liste vous aidera. Mon vrai conseil/retour d’expérience sur ce sujet ça serait : soyez intraitables, votre temps et votre santé mentale sont la priorité. Bloquez, bannissez, dégagez les gens relou 🚮. Ils iront pleurnicher ailleurs. Il n’y a pas à être gêné de le faire : dans la vraie vie, il y a 7 milliards d’humains et je ne parle pas à l’écrasante majorité. Je ne vois pas pourquoi ça serait différent sur internet. On choisit tous les jours les gens à qui on parle et ceux qu’on évite, continuez juste à le faire en ligne 😊.

D’autant plus que : c’est du temps que vous ne consacrez ni à votre contenu ni aux gens avec qui ça vaut la peine d’échanger (👋🏻), donc pas d’état d’âme.

* Chiffre non contractuel

Si vous voulez quelques exemples des perles 🦪 que j’ai pu avoir au fil des années, cette vidéo est faite pour vous :

La plateforme : votre meilleure ennemie

Jusque-là, je vous ai parlé de l’écriture, de la production des vidéos, de la monétisation, de la gestion d’une communauté. Je vous ai raconté ce qui marche et est sympa, et ce qui l’est moins. Maintenant, faut qu’on parle du cadre où tout ça se passe : YouTube. Parce que ce sont les patrons, ils font la pluie et le beau temps, et la vraie galère, c’est quand même eux. On va regarder ça à la loupe. 🧐

Une mainmise sur la visibilité

Déjà, il faut bien comprendre qu’ils ont totalement la main sur la visibilité du contenu. Vous vous en doutiez sûrement, mais on va mettre des chiffres sur votre intuition. Regardez les statistiques suivantes :

Image 2 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet

Ce sont celles des 28 jours précédant la rédaction de cet article, mais en vrai elles sont toujours plus ou moins identiques, peu importe la période. Qu’est-ce que ça raconte ?

Eh bien, que YouTube a la main sur 72 % de mes vues (ce qui semble raccord avec ce qu’ils disent eux-mêmes). Que ça soit via les fonctionnalités de navigation. Que ça soit en suggérant des vidéos sur la page d’accueil, ou lors du visionnage.

Image 7 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet
Je parle de ce genre de suggestion. Notez que les suggestions ne sont pas basées sur le même algorithme que la page d’accueil. Cf. cet article.

Mais c’est aussi eux qui décident de ce qui apparaît dans les recherches (13,7 %). De même, 9,5 % des vues viennent de la page de ma chaîne… encore faut-il que les gens la trouvent ! Et pour ça, on tourne en rond, il faut qu’elle soit montrée, suggérée et ainsi de suite.

Il y a 13,7 % de « on ne sait pas 🤷🏻‍♂️« , soit.

Et enfin 14,2 % de vues « externes ». Et là il y a de tout : les recherches faites sur Google où j’apparais, les réseaux sociaux et la newsletter que j’envoie quand je sors une vidéo. Donc, au maximum, je peux contrôler une partie de ces 14,2 %. C’est évidemment moins que sur le Blog, où je peux écrire à tous les abonnés d’un coup sans souci (et auxquels s’ajoutent les vues externes).

Alors oui, il y a sans doute des vues comptées arbitrairement dans une catégorie et pas dans une autre : une bonne partie des gens à qui j’envoie une newsletter sont aussi abonnés à la chaîne. Il est probable que les vidéos leur soient suggérées en page d’accueil et qu’ils ne cliquent pas sur le mail.

C’est un ordre d’idée général, mais vous comprenez bien : sur les 11 000 abonnés de la chaîne (quasiment à l’heure où j’écris ces lignes), les nouvelles vidéos ne sont pas montrées à tous de façon mécanique. C’est, en très grande partie, YouTube qui décide de ce sujet. Je vous ai dit que j’allais sur YouTube pour bénéficier de son algorithme, et là c’est le revers de la médaille : c’est bel et bien lui qui pilote, mais sans forcément qu’on sache comment.

PS5 : Il y a aussi un facteur à prendre en compte, c'est que les gens ne se désabonnent pas des chaînes YouTube qu'ils ne regardent plus. Il y a donc forcément une part d'inactifs dedans et c'est normal que le contenu ne leur soit plus suggéré s'ils ne le regardent pas. Comme je le dis, le raisonnement sert plus à vous donner des ordres de grandeur sur les mécaniques à l'œuvre.

Catalogue VS Flux

Quand j’étais étudiant, j’ai regardé la série Breaking Bad, comme beaucoup de gens. Et aussi comme beaucoup, je l’ai adorée. Récemment, Netflix me l’a suggérée sur mon compte, ils commencent à connaître mes goûts et c’était bien vu de leur part. Ils l’ont fait, parce que Netflix est un catalogue, c’est pour ça qu’on les paie. Ils l’ont aussi fait parce que c’est du contenu evergreen.

Pourquoi je vous raconte ça ?

Parce que le fonctionnement de YouTube, c’est tout l’inverse.

Par nature, YouTube est plus proche du fonctionnement des réels d’Instagram ou de TikTok que de Netflix. C’est une sorte de version survitaminée de ces plateformes.

Image 15 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet
YouTube incitant à faire du flux

Mais définissons les choses pour démarrer. J’ai parlé de contenu evergreen : qu’est-ce que c’est ?

C’est le cœur du sujet 💚. Le contenu que je produis, depuis le départ, est quasiment tout le temps evergreen. Ce que ça veut dire, c’est qu’il ne se périme pas. Tout ce que j’ai écrit sur la photographie de rue était valable il y a 5 ans, l’est aujourd’hui, et le sera dans 5 ans (exception faite des aspects juridiques qui peuvent être amenés à évoluer). C’est la même chose quand je vous parle de livres, de création de projet ou autre. Bien sûr il y a des exceptions, comme les articles sur les NFT et l’IA. Mais généralement, je m’attelle à produire de l’evergreen. Pour la simple et bonne raison que je n’aime pas bosser pour rien, je n’ai pas envie de mettre ce que je fais à la poubelle au fur et à mesure. Quand je produis un contenu, je veux qu’il soit utile et pouvoir m’en resservir 1, 2, 5 ou 10 ans après s’il le faut. Parce qu’une bonne analyse de Valparaiso, ça restera toujours une bonne analyse de Valparaiso. Ainsi on peut « capitaliser » sur le travail passé et avoir une offre de contenu qui couvre de plus en plus de sujets au fur et à mesure.

En toute logique, j’ai fait pareil sur YouTube. Prenons l’exemple de cette vidéo sur la notion d’instant décisif chez Cartier-Bresson :

C’est un contenu evergreen : le livre dont elle parle (Images à la sauvette) est sorti en 1952. Ce que je raconte dans la vidéo était valable à l’époque (je m’appuie sur les propos de Cartier-Bresson lui-même et sur l’histoire de la création du livre), l’est toujours aujourd’hui et le sera toujours demain.

En théorie, on devrait observer un pic de vues à la sortie de la vidéo puis une augmentation régulière des vues. Sauf qu’en fait, non. La vidéo a fait 50 % de ses vues la première semaine, 75 % la première année et le reste les 2 années suivantes. Chaque année faisant moins que la précédente.

Image 8 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet

C’est étonnant, parce que la vidéo a plus intéressé mon audience par rapport aux autres vidéos. Le taux de rétention (le pourcentage de spectateurs regardant encore la vidéo à un moment donné) est supérieur aux moyennes de la chaîne :

Image 9 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet

Cela peut sembler contradictoire, mais en vrai, quand on a une vague idée de comment YouTube fonctionne, c’est parfaitement logique. YouTube est une plateforme de flux et non un catalogue. Une vidéo, aussi evergreen soit-elle, finira toujours par tomber aux oubliettes et ne plus être montrée/suggérée aux spectateurs (souvenez-vous que YouTube a la main sur ce que vous voyez).

C’est pour ça qu’on revoit passer sans fin les mêmes choses concernant la photographie, les vidéos du type : « le triangle d’exposition », « Comment choisir sa pellicule », « 5 astuces pour les débutants », « comment scanner sa pellicule », etc. Ce n’est pas parce que ces sujets n’étaient pas traités correctement avant, c’est parce que ces vidéos ont disparu des radars.

Peu importe la qualité d’une vidéo, elle finira par être démodée, plus au standard : il faut du neuf, du frais, tout le temps. Indépendamment de la qualité. YouTube s’en fiche de la qualité : ils souhaitent que vous restiez le plus longtemps possible sur la plateforme pour pouvoir afficher de la publicité. Si c’est en regardant un flux incessant de choses nulles ou redondantes, allons-y pour ça !

(Oui, j’exagère.)

Sauf que côté créateurs, c’est un rouleau compresseur (ce dont YouTube se tape les noix complètement malgré sa com’). Pour alimenter le flux, il faut produire sans cesse, sinon on est pénalisé (la visibilité baisse). Ainsi :

  • À un moment de l’histoire de la chaîne, j’ai divisé par deux le rythme des vidéos. Je ne tenais plus la cadence d’une vidéo par semaine. Eh bien : mon nombre de nouveaux abonnés mensuel a été immédiatement divisé par deux. Pourtant, les vidéos qui avaient été mises en ligne avant étaient toujours aussi intéressantes. Si elles m’avaient généré x abonnés/mois, pourquoi n’était-ce plus le cas une fois que le rythme des vidéos suivantes a diminué ? Parce que YouTube est une plateforme de flux.
PS6 : Oui, on pourrait aussi dire que c'est parce que "toute l'audience intéressée par ces vidéos les a vues". Mais je n'avais pas épuisé ma niche à l'époque - mon audience a fait x3 depuis - et de nouvelles personnes se mettent à la photographie tous les jours. 
  • Je fais une pause chaque été (parce que les spectateurs sont en vacances et que je n’ai pas envie de produire des vidéos dans le vide. Ça me permet aussi de me reposer) et c’est pareil : systématiquement, les vidéos suivantes, à la reprise, galèrent.
Image 11 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet
Après la pause estivale, on voit que ça peine.

Très clairement, entre « Je fais 3 vidéos par an et elles sont incroyables » et « J’en fais 50 dont 40 moyennes », pour gagner et maintenir une audience, il vaut mieux faire le deuxième sur YouTube. Parce que ce n’est pas un catalogue. Il faut nourrir la bête.

C’est pour ça que les vidéos de react marchent aussi bien, comme tout ce qui surfe sur l’actu et les tendances. Le contenu court (jusqu’à sortir des shorts !), facile à faire et à consommer, c’est ça qu’il faut. C’est aussi la raison pour laquelle je me limite dans l’écriture sur YouTube et dans la durée des vidéos : je pourrais facilement reprendre certains articles sur tel ou tel sujet et faire des vidéos complètes de 45 minutes. Mais à quoi bon ? Pour qu’elles finissent aux oubliettes ? Pour qu’elles soient mises en concurrence avec des vidéos de 10 minutes sur « les dernières actus de telle marque » ? Je passe mon tour.

D’autant plus qu’on peut être aussi pénalisé de faire une vidéo qui marche « trop bien ». C’est ce qui s’est passé sur ma deuxième chaîne YouTube consacrée à Notion (un petit side-project pour m’amuser). J’ai fait une vidéo montrant comment organiser ses repas de la semaine avec Notion. Elle a touché un large public (11 000 vues quand même). Sauf que le public qu’elle a touché n’est pas intéressé particulièrement par Notion, mais juste par ce sujet et l’organisation en général. Quand YouTube leur a présenté les vidéos suivantes, ils n’ont pas spécialement accroché. YouTube considère que la suite des vidéos n’est « pas intéressante » (alors qu’en réalité, c’est juste la première vidéo qui a beaucoup plu à la « mauvaise » audience) et hop, les vues s’effondrent ensuite. Alors qu’au final, les vidéos suivantes étaient plus représentatives de ce que je voulais faire : des vidéos techniques sur l’outil.

Image 12 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet

C’est là que se situe le risque à « surproduire » une vidéo. Si vous l’adorez et qu’elle fait 10x mes vues habituelles, il faudra refaire pareil à chaque fois (y a une surenchère sur la production, que bon nombre de créateurs décrient) ou alors il y a un risque de retour de bâton si on revient à une production plus « normale ». Pick your poison.

PS7 : En revanche, une vidéo qui sous-performe n'est pas pénalisante selon YouTube (cf. cette vidéo).

Pour terminer cette partie « Catalogue VS Flux », il y a 2 autres points que je trouvais intéressant de mentionner :

  1. Ce sont les utilisateurs de YouTube qui produisent, pas des équipes hollywoodiennes. La plateforme permet à n’importe qui de téléverser et de partager des vidéos, créant ainsi un flux constant de nouveaux contenus. Cela s’aligne avec le modèle « flux », où le contenu est continuellement mis à jour et présenté de manière chronologique.
  2. YouTube encourage l’engagement des utilisateurs (avec les likes, les commentaires et les partages). Le système de recommandation de la plateforme prend en compte ces mesures d’engagement pour suggérer des contenus similaires aux utilisateurs, créant ainsi une expérience dynamique et interactive. Cette approche axée sur l’engagement est une caractéristique des plateformes « flux » comme TikTok.

Je n’arrive plus à retrouver le post originel, j’ai découvert le concept de « Catalogue VS Flux » via Bruce Benamran d’e-penser (cf. cet échange). Apparemment, cela vient de MisterFox : je vous laisse découvrir sa vidéo si vous souhaitez creuser le sujet.

PS8 : Il affirme que le catalogue vaincra, on verra si l'avenir lui donne raison ! Pour l'instant, j'ai toujours l'impression que YouTube s'acharne à faire du flux.

Le marché de l’attention et non de l’intérêt

Quand vous allez sur YouTube, généralement vous tombez sur une page d’accueil comme ça :

Image 10 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet
J’ai pris un screen en navigation privée pour avoir une image assez neutre.

Chez Netflix, ça ressemble à ceci :

Image 13 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet

Encore une fois, la différence va nous éclairer sur le fonctionnement de YouTube. Ainsi :

  • Côté YouTube, on cherche votre attention. Pour la même raison que les pastilles de notification sont rouges sur votre téléphone. Le but est qu’un contenu vous attire, que vous cliquiez dessus. Les créateurs de contenu rivalisent donc d’exagérations pour vous faire cliquer. Pour être choisis, eux, dans la bataille (même si ce n’est pas ma passion du tout, c’est aussi un jeu auquel je me retrouve obligé de jouer). Il faut que vous restiez, la bataille va donc continuer ensuite. Après une vidéo, on vous en suggère d’autres, en essayant toujours d’attirer votre attention.
  • Sur Netflix, on veut votre intérêt. Parce que peu importe que vous regardiez Netflix 1h par mois ou 3h par jour, à la fin, vous payez toujours le même abonnement. L’enjeu est donc de vous convaincre de le garder, et pour ça, il faut vous mettre sous les yeux des contenus qui éveillent votre intérêt. Que vous vous disiez à chaque fois « Oh, ça ça à l’air bien, j’ai trop envie de le voir ». D’où un ciblage assez fin de vos goûts (j’ai quasiment pété une durite le jour où j’ai perdu mon premier compte Netflix et cette sélection sur mesure).
    C’est pour ça que la plateforme vous montre régulièrement les contenus qui vont arriver (et que ça n’est pas le cas sur YouTube alors qu’on peut programmer les publications !), le message c’est : « restez, il y a des contenus bien qui vont vous intéresser bientôt ! » Vous remarquerez que l’approche est aussi très différente dans l’interface : il n’y a pas de clickbait, les vignettes sont assez sobres, vous avez accès à des résumés, la liste des acteurs et Cie, et même un taux d’affinité. Parce que Netflix veut vous prouver que, oui, ce contenu est (et sera) intéressant pour vous.

Et si je prends le temps d’aborder le sujet c’est parce que… c’est capital (sans Laurent Delahousse 🥁😬). Personne ne sait comment fonctionne l’algorithme de YouTube et je me demande parfois si même eux savent comment ça marche dans le détail, comme si c’était un monstre dopé au machine learning** qui décidait de façon obscure comment optimiser certains paramètres. En revanche, il y a une sorte d’unanimité (de ce que j’ai lu à droite à gauche) pour dire que deux paramètres semblent primordiaux en ce moment pour décider de la visibilité des vidéos : le watchtime et le taux de clics par impression. Mais qu’elles sont encore ces sorcelleries ? 🧙🏻‍♀️

  • Le watchtime, c’est le pourcentage de temps d’une vidéo que vous regardez. Comme toujours, plus une vidéo vous fait rester sur la plateforme (voire vous redirige vers d’autres que vous regardez aussi), plus elle est « bonne ». Et dans l’absolu, je comprends ce paramètre : si une vidéo est regardée en entier, elle a très probablement su captiver l’audience. C’est normal qu’elle soit mise en avant.
  • Le taux de clics par impression, c’est le pourcentage de gens qui cliquent sur une vignette après l’avoir vue. Et là, je trouve ça complètement con. Est-ce que quand vous allez au cinéma, vous allez voir le film qui a la plus belle affiche ? Est-ce que celui qui a l’affiche qui vous rend le plus curieux est forcément le mieux ? Bien sûr que non. On s’intéresse avant tout au contenu, l’emballage c’est secondaire.
    Je peux comprendre l’intérêt de YouTube, il reste identique : si tout le monde clique sur une vignette pour regarder la vidéo (et reste sur la plateforme), c’est bon pour le business.
    Mais là aussi, côté créateurs, on arrive à des absurdités. Pondérer positivement la création de miniatures, ça crée une course débile à qui aura la tête la plus étonnée dessus (😱), mettra le plus de mystère, d’émotion ou autre. Indépendamment du contenu derrière.

On sait tous où on va en mettant les pieds sur YouTube. Ce n’était pas une surprise de devoir batailler pour l’intérêt du spectateur, pour son clic. C’est une contrainte, je m’y plie parce que quitte à y être, autant jouer le jeu jusqu’au bout. Et parfois, d’un point de vue créatif, c’est marrant de chercher à composer une miniature attrayante. Mais qu’est-ce que ça me gonfle d’y passer autant de temps (en raison de l’importance que ça a). Soyons honnêtes : ce n’est pas pour ça que je suis venu, ce n’est pas sur ça que je vais pouvoir apporter de la valeur au spectateur. Il s’agit juste d’un numéro imposé de claquettes où de temps en temps la musique est bonne. 🕺🏻

PS9 : Au passage, si vous voulez me rendre service, cliquez sur mes miniatures à chaque fois que vous les voyez, et laissez tourner la vidéo dans un onglet (quitte à couper le son). Ça ne fera sûrement pas de mal à la perception qu'a l'algo de mon contenu. 😂

** Cf. Cette étude publiée par YouTube.

YouTube : éditeur ou hébergeur ?

PS10 : Je ne suis pas juriste, donc, généralement, ce que je présente dans cet article relève de ma compréhension de mes lectures sur ces sujets. C'est à prendre avec des pincettes.

Dernier point à aborder : le statut de YouTube. Juridiquement, ils se présentent comme un hébergeur. Comme un O2switch de la vidéo, si vous voulez. Ils hébergent du contenu, fournissent l’infrastructure, mais ne sont pas responsables de ce qui est dessus. Ce qui leur permet surtout deux choses :

  1. Si une décision de justice leur tombe sur le coin de la figure ou qu’un contenu illégal est signalé, ils se doivent de l’enlever, mais ils n’en sont pas responsables.
  2. Ils peuvent botter en touche sur le droit d’auteur. Ils ne sont qu’un intermédiaire et ne prennent aucune décision (peu importe que la loi soit en votre faveur ou non). Si vous faites une vidéo et qu’un ayant droit ouvre une réclamation en disant que vous utilisez abusivement son contenu, vous pouvez bien sûr faire une réclamation. Mais… c’est l’ayant droit qui tranche. Il est juge et partie, c’est magnifique.

Ce qu’ils veulent éviter à tout prix, comme la plupart des réseaux sociaux d’ailleurs, c’est d’être perçus comme des éditeurs. Un éditeur est responsable du contenu présent sur sa plateforme, vu que c’est lui qui le sélectionne, le trie, le choisit.

Sauf que, bah… ça ressemble quand même beaucoup à ce que fait YouTube, non ?

Par exemple, sur la page d’accueil, on a un onglet « tendances » qui affiche un « Créateur à découvrir ». Cela ressemblerait à s’y méprendre à du travail éditorial. Quelqu’un l’a bien choisi, non ? Il n’est pas arrivé là par magie ? 🧙🏻‍♂️

Image 14 - Youtubeur, c'est bien comme situation ? - Thomas Hammoudi - Internet
L’onglet « Tendances »

De même, on a pu observer :

  • Des chaînes démonétisées arbitrairement, sans décision de justice préalable ni infraction en lien avec la plateforme. Imaginons que demain je roule ivre et que j’écrase une chèvre 🐐💀. YouTube prend la décision de démonétiser ma chaîne, parce qu’ils ne veulent pas être associés à mon image. Cette décision serait-elle acceptable juridiquement ? (J’en doute, je n’ai rien vu à ce sujet dans les conditions d’utilisation.) Est-ce que c’est un travail éditorial quand la plateforme choisit qui elle rémunère et à qui elle permet de prospérer ? Oui, on dirait bien.
  • Des chaînes mises en avant par la plateforme et qui ont vu leur nombre d’abonnés exploser. Je n’ai pas réussi à retrouver les chiffres, mais de mémoire c’est ce qui est arrivé à Florent Garcia un été. Je me souviens d’avoir vu son audience bondir, mais Social Blade ne remonte pas jusque-là.

Pour être honnête, je ne suis pas tellement touché par ces sujets. Mais je dois avouer que cela contribue au climat assez délétère sur la plateforme. C’est un excellent outil qui m’a apporté beaucoup, mais j’ai bien conscience d’y être pour alimenter une machine dont la faim ne cesse jamais, et qui ne se mouille pas trop pour ses créateurs.

Pourtant, qu’est-ce que YouTube sans eux ?


Si vous voulez creuser ce sujet, j’ai trouvé cette vidéo excellente :

Conclusion

OUI, J’AI DÉCONNÉ. JE LE SAIS. 😂

Je ne sais plus dans quel article (ou vidéo ?) j’avais dit que ça me manquait d’écrire ici, et qu’il fallait que je fasse plus d’articles, mais plus courts. Bon, quasiment 9 000 mots plus tard, force est de constater que ça sera un échec pour cette fois.

J’me suis fait auto-avoir comme un bleu. J’étais énervé par un énième bug d’Adobe Première et je suis parti pleurer sur l’épaule du montagneux Pierre. Et j’me suis dit « Mais pourquoi je fais tout ça, en vrai, c’est une bonne situation ça, Youtubeur ? » et une réflexion en ayant entraîné une autre…

Au final, ça m’aura permis de vous faire un retour complet sur ce que je retiens de mon expérience sur YouTube, comme je l’avais fait il y a quelques années pour le Blog avec cet article :

D’ailleurs, « expérience », c’est le mot important à retenir ici. C’est ce que j’ai voulu mettre dans cet article : un retour empirique sur les quelques années passées sur la plateforme. Ce que j’y avais découvert, ce que j’en retenais, comment je voyais les choses, etc. J’ai un poil été dépassé par le volume et, oui, je n’ai pas tout sourcé. De toute façon, est-ce que c’est vraiment nécessaire ? Comme je l’ai dit, personne ne sait concrètement comment tout ce bazar fonctionne. On trouve surtout en ligne des communiqués bien édulcorés, des tests, des suppositions, des essais ; pour le reste, c’est le festival de l’empirisme (contraint par le manque de transparence de YouTube).

Quoi qu’il en soit : rassurez-vous. À aucun moment je ne vais vous dire que je compte arrêter YouTube. Je trouverais ça dommage après m’y être autant investi, y avoir construit quelque chose (mon petit biais des coûts irrécupérables, sans doute) pour tout mettre à la poubelle maintenant. Simplement, je vous fais un retour juste et honnête et je pensais que ça méritait d’être mentionné, raconté. Et je n’écarte pas la possibilité de changer le rythme de publication (pour un chaos total ?) un jour.

J’ai quelques idées pour la suite (dont certaines ont été évoquées ici). Je ne pense plus refaire d’année thématique, comme celle sur la photographie française. C’était trop contraignant et un poil démotivant au final.

Et pour répondre à la question qui titre cet article : oui, ça valait le coup. Mais grâce à l’audience, pas à YouTube.

À la prochaine.

✌🏻


Pendant l’écriture de cet article, j’ai poncé cette playlist morose :


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Commentaires

17 réponses

  1. Avatar de Dietrich

    Bonjour Thomas,

    Merci de montrer l’envers du décor. Je le savais pas rose, mais ton retour d’expérience informe et confirme sur la réalité.

    Pas évident de produire du contenu quali, chapeau à toi.

    Je n’avais pas l’intention de me lancer dans cette aventure, malgré des encouragements par ci par là, mais avec ton article, je suis rassuré. C’est pas pour moi 🙂

    Une fois de plus, un bel outil qui devient un grand n’importe quoi. Continuelle déception. Je n’ai pas hâte de voir le même processus avec l’IA.

    Force à toi pour la suite, ce serait en effet dommage que tu arrêtes étant donné que, pour moi, tu produis l’un des meilleurs contenus autour de la photo.

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      L’IA c’est différent. C’est vraiment un outil, comme internet ou l’ordinateur l’ont été. Ça ouvre des usages intéressants et d’autres moins.
      Pour YouTube, je ne pense pas que j’arrêterai complètement. C’est plus le rythme qui me saoule, l’impression sans fin de nourrir une bête.
      Si un jour j’en ai marre, je passerai (comme sur le Blog) à un rythme libre : je poste quand j’ai envie et fuck l’algo.

  2. Avatar de Matthieu

    Bonjour Thomas,

    Un article dense et très intéressant, qui rejoint d’ailleurs les observations d’autres créateurs que je suis, partagés entre volonté de proposer un contenu qualitatif, nécessité de générer un revenu, et obligation de composer avec les règles obscures de la plateforme. J’avais moi-même songé à ouvrir une chaîne fut un temps, pour soutenir les articles de vulgarisation de théorie musicale que j’écrivais sur feu mon site internet.

    Il y aurait beaucoup de points sur lesquels réagir. Il y a cependant un élément qui m’interpelle avec Youtube (en tant que simple utilisateur, je ne suis pas créateur) : la publicité. Je n’ai pas de problème à ce qu’il y ait de la publicité, c’est le revers de la gratuité. Mais je suis souvent surpris, dans le plus mauvais sens du terme, par la nature de ces publicités : payer pour accéder au contenus de manuscrits cachés depuis 2000 ans et qui révèlent les secrets du succès financier, plante miraculeuse qui guérit les problèmes de prostate et de « virilité » cachée par les lobbys pharmaceutiques, méthodes d’investissements miracles dans les crypto pour ne plus travailler qu’une demi-heure par jours et prendre sa retraite à 25 ans, et j’en passe… Bref, c’est de la m**de.

    Autant la publicité d’un Serge Ramelli m’amuse par son côté absurde et agressif (m’amuse car pour ma part je suis immunisé, mais j’ai conscience que d’autres ne le sont pas), autant les exemples que j’ai cités plus haut m’inquiètent autant qu’ils me révulsent. Et il ne me semble pas n’avoir jamais entendu un créateur réagir à ce sujet.

    Bref, c’était ma réaction, pas forcément si pertinente par rapport au contenu de ton article. Merci de compter parmi les créateurs qui persistent à proposer de la qualité !

  3. Avatar de BC
    BC

    Intéressante analyse. Merci du partage (et du temps passé).

  4. Avatar de Denis Beaudin
    Denis Beaudin

    Bonjour Thomas,
    Je te suis depuis près de 4 ans ce qui coïncidait avec le début de la pandémie. Je fais de la photo depuis plus de 50 ans par plaisir d’enregistrer des moments personnels et depuis les 4 dernières années … par passion . Après la maîtrise de la technique photographique un passionné passe à l’étape suivante … enrichir sa culture photo, et c’est là que tu arrives Thomas. Je te suis depuis toutes ces années sans manquer aucune de tes vidéos et écrits et je donnerai ce conseil à tes abonnés: aller voir les anciennes vidéos si vous ne les avez pas visionnés , elles sont toujours intéressantes et particulièrement intelligentes.
    Pour ce qui est de ce dernier article, j’y ai appris les dessous du travail qu’exige la tenue d’un site comme YouTube . Félicitations 🙌 pour ton travail.
    Salutation à tous du Québec
    Denis

    à l’élaboration sur le long terme

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Merci beaucoup pour ta fidélité 😊

  5. Avatar de ARGUEL Oliver

    Bonjour Thomas,
    Très bel article, qui montre bien les difficultés, le temps passé et les bons côtés que tu y trouves , de pubier sur ces sites, aux règlent définis et ambiguës aussi. Ton récit doit refléter l’expérience des autres créateurs de publication de tout genre,sur ce type de format « YouTube ».
    Encore merci, pour cet article très intéressant

    PS: moi, j’ai adoré la thématique  » photographe Français ». On connaît plus de nom, du côté Amérique du Nord, en autre, et pas assez de chez nous, bien « franchouillard » 😉😉😉,
    Dommage.

  6. Avatar de Luc B

    Bonjour Thomas,
    Je débarque de Mars… Je lis le blog depuis des années et je viens seulement de découvrir qu’on pouvait laisser un commentaire sous les articles ! C’est une bonne idée le substack je trouve, çà doit être très chronophage par contre. Il y a sans doute de l’audience pour du contenu payant (si pas trop cher). Je me souviens de Focus Numérique avant qu’ils ne soient mangés par Les Numériques et j’adorais leur proposition. Ils faisaient le portrait d’artistes, proposaient des articles de fond, une revue des abonnés…
    Micro remarque : je ne sais pas si c’était un bug de mon navigateur (possible, je suis sur Safari…) mais la fenêtre d’abonnement à la newsletter est apparue une bonne dizaine de fois pendant la lecture. Cela n’avait jamais fait çà avant.

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Hello !
      Comme quoi on fait des découvertes touts les jours haha.
      Tu as un truc particulier pour enlever les cookies ?
      Normalement il en mets un dans le navigateur et si ça saute il peut pas savoir que ça a déjà été montré.

      1. Avatar de Luc B
        Luc B

        Au cas où j’ai compris pourquoi : j’ai purgé mon historique hier et le blog n’était plus référencé. Donc c’est bien une histoire de gâteaux au petites de chocolat (je le dis au cas où cela pourrait servir à d’autres).
        Bonne semaine

  7. Avatar de Georges Mélon
    Georges Mélon

    Très intéressant, merci. Il y a pourtant un truc que je ne comprends pas : dans le chapitre sur la maîtrise par YT et son algorithme de ce qui est mis en avant, je ne retrouve pas mon comportement perso d’utilisateur. Je n’ai pas de stats et je peux me tromper mais, après quelques années passées sur Youtube, je pense que 80 % (voire plus) des vidéos que je regarde viennent des chaines auxquelles je suis abonné et pour lesquelles j’ai activé les notifications. Je ne les découvre pas via la page d’accueil (et ses vignettes) mais via l’onglet notifications. Pourquoi je fais comme ça ? parce qu’il y a beaucoup de chaines redondantes et que je ne veux pas être pollué par des suggestions qui ne vont probablement pas m’intéresser. Exemple: les multiples chaines matos, je suis abonné à l’une ou l’autre que j’ai trouvées fiables et intéressantes. Si un nouveau boitier sort et que je veux lire un test, je n’ai que faire des multiples suggestions de la page d’accueil, je vais simplement cliquer sur la notification de mon testeur préféré. Ce comportement je ne le vois pas vraiment dans les les stats d’accès à tes vidéos. Suis-je donc le seul à procéder de la sorte ou ai-je loupé quelque chose ? PS si ça t’arrange pour quelque raison que ce soit, je peux faire le petit effort de cliquer sur la vignette après avoir repéré la vidéo dans les notifs. De manière générale, tu pourrais d’ailleurs nous dire le mode d’accès qui te convient le mieux, je ne clique par exemple jamais sur le lien de la newsletter.

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Hello,

      Comme je le dis dans l’article, le mieux pour « booster » des vidéos c’est de cliquer sur la miniature.
      Pour le reste, je pense que peu de gens font comme ça. Tout simplement parce que la page d’accueil est tentante et qu’il faut sûrement beaucoup de rigueur pour se tenir à cette pratique.
      Du reste, ça doit être compté dans une des bannettes je pense, mais là comme ça je ne saurais pas dire laquelle.

  8. Avatar de Lionel Modolo

    c’est pas le sujet qui me passionne le plus, mais j’ai pu lire que tu connaissais Aqme, d’habitude je ne suis pas trop de tes musiques …mais les premiers albums avec le même chanteur, j’ai adoré, je les ai vu sur scène top !
    Sinon oui youtube c’est bien en complément du blog, tout le monde veut du court etc. pas facile !

  9. Avatar de Antonine

    Merci pour cette lecture captivante agrémentée de ces pointes d’humour.
    Je préfère tellement les articles qui vont au bout de leurs pensées (enfin quand il y en a …) que les « courts ».
    Aujourd’hui petit stress pour moi car je vais être « vue » sur YouTube, même si je me sens à l’abri de la chaîne de Laurent 😅

    Je suis une grande consommatrice de YouTube, j’y trouve tellement de pépites (toutes de + 5 min, sauf les « vidéos gags » quoi) qui m’ont tellement aidée à plein de niveaux.
    Et j’ai toujours des suggestions extrêmement pertinentes -que je n’aurais jamais trouvé seule- et qui ne sont parasitées que lorsque j’ai un enfant malade qui vient de regarder 35 pat patrouille ou 43 tutos de scrapbooking.
    Par contre ces derniers temps, j’étais un peu agacée par l’interface qui affiche en gros les vidéos verticales sans intérêt et qui cache de + en + ce qui m’intéresse moi (mes playlists, vidéos collectées pour regarder +tard, mon historique, et toutes les « vraies » vidéos j’ai envie de dire).
    Mais bon j’imagine que ça doit représenter une attente des utilisateurs, puisque je lis aussi beaucoup de livres, et que j’ai parfois l’impression d’être un dinosaure qui a décongelé.
    Et je lis aussi des articles de blog, alors merci de continuer à en écrire stp 😀

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Haha, t’inquiètes c’est prévu ! 😊
      Et oui, YouTube pousse les shorts (même auprès de nous). J’trouve ça mal intégré sur la plateforme, c’est vraiment pas mon truc.
      Je recycle juste les vidéos en reels insta des fois, histoire de capitaliser dessus.
      J’te dis à ce soir du coup ! J’irai jeter un coup d’oeil à la vidéo.

  10. Avatar de Vincent

    C’était intéressant, surtout la seconde partie sur Youtube et la partie catalogue vs flux. J’avais essayé Youtube, mais je préfère être derrière la caméra que devant. J’avais une chaîne voyage quelques temps, et c’est clair que c’était beaucoup de travail.

    Concernant Substack, que j’ai utilisé pendant un an après un essai avec Ghost (une newsletter ciné, https://cinemailclub.substack.com, arrêté et tout gratuit aujourd’hui), je dirai que c’est clairement une bonne plateforme, y’a de bonnes choses (en gratuit et en payant), c’est facile à utiliser, mais par contre, en France personne ne connaît et si tu n’écris pas en anglais, ça risque d’être chaud de toucher d’autres personnes que celles qui te connaissent aujourd’hui. J’avais une trentaine d’abonnés quand j’ai arrêté, la majorité des abonnés gratuits, alors que je proposais quelque chose qui me semblait utile, surtout en questionnant avant autour de moi (de la curation de films et séries disponibles en streaming, plus des analyses de films).
    Le minimum d’un abonnement payant est de $5, mais tu peux proposer des réductions (à vie).

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Ha yes !
      Merci pour ce retour.
      Dans l’absolu, ce serait pour mon audience si je lançais ça. Pour des gens qui voudraient du contenu régulier.
      Mais c’est juste une idée pour le moment, j’ai rien commencé de concret. Je profitais juste de l’article pour poser la question.

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