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Les NFT sont une immense arnaque

Introduction

Cela fait un petit moment que le sujet des NFT me titille. Si j’en crois ma fiche dans Notion.so, je pense que j’ai dû commencer à m’intéresser au sujet au début de l’année 2021. J’ai commencé par être sceptique (l’enthousiasme était total, ça m’étonne toujours un peu), puis, plus j’ai creusé, plus j’ai trouvé une réserve infinie de caca. Des quantités astronomiques, de quoi faire pâlir les organisateurs de concours d’engloutissement de burritos.

En vérité, je ne pensais pas en parler sur le Blog. Je trouvais que le sujet était trop marginal par rapport au monde de la photographie d’art (qui est principalement mon dada). Trop technique aussi. Bref, suffisamment anecdotique pour qu’on puisse faire l’impasse dessus.

J’avais aussi publié une vidéo humoristique sur le sujet :

Une autre où je listais les nouveautés qui sont des pertes de temps, ici :

Enfin, dans l’article traitant du prix des tirages, j’avais fait une partie pour traiter l’aspect « prix » des NFT et démontré pourquoi ils étaient odieusement exagérés. C’était ici :

Lisez-le vraiment, ça sera utile pour la suite.
Je ne retraiterai pas des aspects économiques, évoqués dans cet article, ici (sauf pour rajouter une toute petite nuance, mais c’est un détail).

Donc, j’en ai parlé, mais de façon ponctuelle, pour traiter des points précis. Je n’ai jamais fait un tour complet et exhaustif du sujet.

Eh bien, c’est ce qu’on va faire ici.

Parce que pour être honnête : j’en ai ma claque de voir éternellement la même histoire se répéter. Chaque mois, il y a un nouveau lot de photographes célèbres se lançant dedans. Lancement accompagné des applaudissements de tous les crypto-bros décérébrés de service, félicitant l’arrivée du photographe dans le « space » des NFT et cachant à peine leur mi-molle.

Ensuite, peu importe les arguments, tout est mis sous le tapis afin de laisser les gens aller à la caisse. Ce fut le cas de Gregory Halpern par exemple, qui semble penser que parce qu’il comprend les limitations de la technologie, il a une licence magique pour s’en servir.

PS : Je vais employer le terme crypto-bro tout au long de l'article. C'est un terme péjoratif. Selon l'Urban Dictionnary, un crypto-bro c'est :

"Une personne ayant une faible connaissance des applications de crypto-monnaies/blockchain, mais qui a des opinions très tranchées sur les "meilleures" applications. Souvent observée en train de parader son implication dans la crypto et de se disputer avec d'autres crypto-bros."

Bref, c'est Johan Lolos depuis qu'il a complètement vrillé. 

Vous me fatiguez, donc ça va être l’heure des tartes.

Putain, de bordel, de merde.

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Devinez qui est de retour.

Un NFT, c’est quoi ?

Les NFT sont des « non-fungible token ». Ce qui se traduit dans la langue de Molière (et de ma mamie) par « Jetons non fongibles ». C’est un terme lourd et pseudo technique pour dire qu’ils sont uniques. Fongible « se dit des choses qui se consomment par l’usage et peuvent être remplacées par une chose analogue (denrée, argent comptant ». Un euro est fongible. Vous pouvez le consommer pour acheter une baguette de pain. Tout euro est égal à un autre euro et se consomme de la même façon. Bah, pas pour les NFT.

C’est hyper clair, hein ?

Je ne sais pas pourquoi on y accorde tant d’intérêt, dès la première étape (savoir ce que c’est), c’est inutilement fatigant. Mais bon, NFT ça sonne mieux que « machine de Ponzi ». Je le concède.

Bon, reprenons.

Les NFT ont été inventés en 2014 en se basant sur une technologie de 2008, la blockchain. Oui, c’est vieux, cela veut dire qu’ils ont été inventés sous le quinquennat de François Hollande, Obama était encore président et on s’étonnait de voir des hoverboards arriver.

Donc les NFT sont basés sur une blockchain. Il y en a des centaines, mais peu de très importantes. Les principales sont le Bitcoin (dont vous avez sans doute déjà entendu parler) et l’Ethereum (appelé ETH dans la suite de l’article).

Elles fonctionnent toutes selon le même principe, qui pour le coup est dans le nom : c’est une chaîne de blocs. Mais pour plus de facilité, imaginez plutôt un collier de perles en cours d’élaboration. Cette chaîne de blocs possède principalement 2 propriétés :

  1. Un bloc contient une certaine quantité de données,
  2. Tout le monde a une copie du collier. Enfin, c’est un réseau, organisé en nœuds et chaque nœud est une copie de la chaîne (le collier de perles). C’est ce qui la rend, en théorie, infalsifiable. Il faudrait posséder tous les nœuds pour la changer (enfin 51 %).

Quand on dit qu’un NFT est « basé » sur la blockchain ETH, c’est qu’il l’utilise, pour créer et échanger ses NFT. Chaque action devient une perle du collier (un bloc dans la chaîne) et est répliquée sur tous les nœuds. Il y a 2 façons de créer de nouvelles perles (blocs) :

  1. La preuve de travail (proof of work, PoW en anglais). C’est la méthode la plus répandue. En gros, il faut être le premier à résoudre un calcul très complexe pour avoir le droit d’écrire le prochain bloc. Et là, c’est la course : tout le monde tente de réussir ce calcul en premier, celui y arrivant ayant une récompense (des frais, appelés « gas ») pour le dédommager. C’est une méthode sûre, parce que pour pouvoir falsifier la chaîne, il faut posséder 50% de la puissance de calcul de la blockchain concernée : c’est titanesque. Mais c’est aussi extrêmement coûteux en énergie comme on le verra.
  2. La preuve de possession (proof of stake, PoS en anglais). Là, c’est la preuve de possession : c’est celui qui possède le plus de blocs qui a la possibilité d’écrire le suivant. Il n’y a plus de calculs, c’est beaucoup moins énergivore, mais aussi beaucoup moins sécurisé. Parce que, comme le montre le graphique ci-dessous, la possession des blocs est très mal répartie (certains acteurs possèdent énormément, on les appelle les whales, baleines en anglais). En passant au PoS, on leur confie les clés de la blockchain.
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Donc à ce stade, vous avez compris que les NFT sont des blocs dans une chaîne de blocs répliquée dans plusieurs nœuds (tout le monde a une copie identique du collier de perles). Chacun de ces blocs contient des données.

Un bloc dans une chaîne est trop petit pour contenir une photographie directement, il contient donc un lien vers un site, ou un réseau, qui l’héberge (cela s’appelle un réseau IPFS). Ce sont ces données et ce bloc que les gens achètent.

La blockchain est publique, tout le monde peut voir ces données. Cependant, cela demande un peu de code et n’est pas très pratique. C’est pourquoi, pour afficher des NFT, tout le monde s’appuie sur ce que l’on appelle des API. Elles sont fournies par les plus grandes plateformes, comme Opensea. Une API, c’est tout simplement une façon de communiquer avec un service en ligne. Au lieu de chercher un NFT dans la blockchain, puis de retrouver son image pour l’afficher en ligne, vous dites « Hé, Opensea, trouve-moi ça stp », et il vous fournit l’image. Bon, ce n’est pas hyper fiable : le fondateur de Signal s’est amusé à bricoler son NFT pour qu’il change d’apparence selon qui envoie une requête (pose la question à l’API), mais c’est ce qu’on a trouvé de mieux pour faire marcher cette usine à gaz.

Donc pour résumer, quand vous achetez un NFT, vous achetez un petit bloc de code, qui pointe vers une image. Votre transaction est officiellement enregistrée dans la blockchain et vous payez quelques frais au passage.

Un NFT c’est ça, ni plus, ni moins. Un NFT d’une photo, c’est un bloc d’une blockchain dont le lien renvoie à une photo. Si c’est le NFT d’une chanson, il renvoie à une musique. Et ainsi de suite.

Globalement, pour suivre la suite de l’article, vous n’avez pas besoin d’en connaître plus.

J’en profite pour vous vous signaler que Richie a écrit 2 articles, sarcastiques mais informatifs, sur le sujet. Ils sont complémentaires de ce que je viens de vous raconter.

Et au passage, si vous parlez anglais, cette vidéo résume aussi très bien le sujet :

Maintenant que vous savez de quoi on parle, regardons pourquoi rien ne va.

PS² : Je vous préviens, ça va être long, on va essayer de faire le tour du sujet. N'hésitez pas à lire l'article en plusieurs fois, il y a une table des matières pour ça.

Les infinis problèmes des NFT

PS3 : Dans cet article, je vais parler des NFT employés dans le cadre de la photographie, parce que c'est mon domaine. Ce que je vais dire s'applique sans doute à d'autres usages, mais évidemment pas à tous. Mais bon, vous n'aurez pas besoin de moi pour trouver ridicules certains d'entre eux.

Je vais aussi parler ponctuellement des blockchains, parce que les NFT reposent dessus. Ils sont comme cul et chemise et il n'est pas possible de séparer totalement les deux sujets.

Dans cette partie nous allons voir, classé par thèmes, tout ce qui coince avec les NFT. Comme vous vous en rendrez compte, on ne va pas manquer de matière première.

Mais avant de démarrer, je vous invite fortement à lire l’article que Seb Sauvage a consacré au sujet, en cliquant sur le bouton ci-dessous. C’est en français, très bien écrit et en plus c’est plutôt drôle. Il traite des points (relatifs à l’usage des NFT et aux limitations concrètes qui sont liées) que je ne reprendrai pas ici, la lecture est donc complémentaire.

Maintenant, on envoie la purée.

Ils ne servent à rien

Le problème des NFT, et des cryptos en général, c’est que depuis le premier jour, c’est une solution qui cherche des problèmes à régler et non l’inverse.

PS4 : Les anglophones pourront consulter cette source très détaillée à ce sujet.

Il n’existe pas de cas d’usage, véritablement adopté en masse, fonctionnel et qui ne fasse pas juste moins bien que l’existant (la blockchain est connue pour sa « sécurité », pas pour sa performance). Et encore, ça, c’est quand ils ne se font pas tout simplement rejeter en masse par le public ciblé (comme avec Ubisoft).

Et c’est encore plus vrai pour la photographie. Toutes les « avancées » des NFT sont déjà existantes ou répondent à un besoin qui n’existe pas. Je vous renvoie à l’article sur le sujet des tirages, ci-dessus.

En photo, l’expérience utilisateur est même clairement moins bien que l’achat d’un tirage, qui reste un objet travaillé et pensé par l’artiste. L’achat d’un n’est ni complémentaire (les certificats d’authenticité fonctionnent très bien), ni une alternative (si ce n’est au rabais). En achetant un NFT, fonctionnellement, rien ne différencie votre expérience de la mienne qui regarde l’image sur mon ordinateur. Vous pouvez la regarder sur votre smartphone, téléviseur, cadre numérique (ça existe encore ? Ah, oui ), l’imprimer et… c’est tout.

L’unique différence, c’est qu’un bloc d’une cryptochain dit « Lucas Crypto500 possède ce lien renvoyant à un truc ». Voilà, bel achat.

Dans son rapport, publié en juillet 2022, le CSPLA (Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique) tend vers cet avis. Il y est notamment dit que les NFT ne peuvent s’apparenter, sauf exception, ni « à une œuvre d’art au sens du code de la propriété intellectuelle, son smart contract ne pouvant, en l’état des capacités techniques observables, contenir le fichier sous-jacent dans la blockchain (…), ni à un certificat d’authenticité, en l’absence de tout tiers vérificateur de l’authenticité du fichier associé ou de sa paternité ».

Au passage, ce rapport étant très complet et exhaustif (sur la plupart des problématiques que j’évoque ici), je vous invite fortement à le lire. Il se trouve ici :

Au mieux, et comme le dit Toma Pueyo dans son premier article sur les NFT (ne lisez pas le deuxième, il est absolument catastrophique), les NFT sont à comparer à des produits de luxe, pour leur aspect social. Je m’explique :

  • Bien souvent, les produits de luxe sont d’une meilleure qualité que les produits courants (augmentation de qualité qui n’est pas mécaniquement liée au prix). Personne ne doute qu’une Ferrari est mieux finie que ma Clio de la décennie passée. Idem, un appareil Leica a une finition exceptionnelle. Cela ne s’applique pas aux NFT, il s’agit d’une expérience assez médiocre, comme on l’a vu.
  • Les produits de luxe sont fonctionnellement les mêmes (ou quasiment). Dans un sac à main Hermès, je peux mettre les mêmes produits que dans un sac Ikea à 1 €. La Ferrari et la Clio permettent d’aller exactement aux mêmes endroits et à la même vitesse (la vitesse maximum étant limitée). Fonctionnellement, les NFT ne sont pas équivalents aux tirages, mais une version dégradée.
  • Les produits de luxe permettent de se différencier. Oui, les Leica c’est joli et les photos sont au niveau de la concurrence, mais ça fait tout de suite sérieux de l’avoir autour du cou (alors qu’un appareil Mickey suffit, mais bon). C’est un peu à ça que servent les NFT, se différencier socialement. Dire « moi j’en ai un, j’ai acheté un singe qui s’ennuie dessiné par un enfant de 8 ans, regarde ». Ce qui peut se comprendre, étant donné qu’on ne peut pas acheter grand-chose d’autre avec des cryptos et qu’à part attendre que le prix remonte pour les revendre ou se coller des expositions avec un design digne de la première version de Minecraft, on s’emmerde un peu.

Aspects environnementaux

PS5 : Toujours si vous parlez anglais, vous pouvez lire cet article qui va beaucoup plus détailler ce sujet que je ne vais le faire ici.

La pollution engendrée par les NFT est mon problème n°1 avec eux.

Si ça n’était pas le cas, je verrais ça comme des gens s’échangeant des cartes Pokémon : de la vente et revente d’actifs, sans aucune valeur en dehors d’une communauté donnée (pour moi, ce ne sont que des cartes en carton avec de jolies images) et qui ne ferait pas grand mal.

Ce qu’il faut comprendre, en premier lieu, concernant cette pollution, c’est qu’elle vous impacte vous. C’est une différence fondamentale. Pour tous les autres points, on peut se contenter de dire « je n’en achète pas ». Par exemple, si vous trouvez la communauté crypto toxique, il suffit de ne pas y mettre les pieds. Si vous trouvez les NFT sans intérêt, il suffit de ne pas en acheter (tout comme je n’achète pas de Leica). Mais là, la pollution titanesque qui découle des NFT vous impactera, tout comme le 4×4 de votre voisin, que vous ne conduisez pas, vous impactera.

C’est pour ça qu’il fait sens d’en parler, parce que le sujet est important et qu’il mérite d’être connu.

À chaque action de la vie d’un NFT, il faut écrire ce qu’il s’est passé dans la blockchain (on rajoute une perle au collier). C’est cette action qui mobilise beaucoup de calcul, comme je l’ai expliqué, donc beaucoup d’ordinateurs tournent, consommant des tétrachiées d’énergie. Il y a 4 types d’actions à noter :

  1. La création du NFT (le mint en anglais). Il s’agit tout simplement d’écrire dans la blockchain qu’il a été créé. C’est l’étape qui gâche le plus d’énergie : des centaines (milliers ?) de NFT sont créés mais ne sont jamais vendus. Le plus intelligent serait sans doute d’attendre que le NFT soit vendu pour le créer (on peut afficher un bouton « payer » et un JPG sur un site web en attendant, ça à l’air à portée des compétences techniques de l’humanité). Mais le fait est que les plateformes (Superrare, Opensea, Foundation…) gérant ces activités se rémunèrent en commissions (gas fee en anglais) et qu’en limitant la création de NFT à ceux vendus, c’est une belle part du gâteau qui partirait à la poubelle. Le profit d’abord, il ne s’agirait pas d’avoir une éthique.
  2. La vente d’un NFT, forcément.
  3. La revente d’un NFT à un tiers.
  4. La destruction d’un NFT (burn en anglais). Parce que oui, sinon il restera éternellement dans la blockchain. Il faut donc refaire tourner les ordinateurs, et vous faire passer à la caisse.

Notez que j’ai parlé des commissions pour la création, mais il y en a à chaque étape. Celles-ci variant selon le taux d’usage de la blockchain.

Avant de se pencher sur la consommation réelle des NFT en termes de CO2, il faut que je vous donne un abaque, histoire que l’on ait une idée de l’échelle dont il va être question. Donc gardez en tête que :

Bref, les diviser par 5, et ça ne va pas être du gâteau.

La méthode

La méthode que j’emploie pour analyser cette empreinte carbone est toujours la même. Vous pouvez en voir de nombreux exemples dans mes tweets.

  • Premièrement, il faut trouver l’adresse du contrat sur la plateforme. Si vous voulez, c’est comme l’identifiant unique d’un compte (il y en a donc un par utilisateur et par plateforme, si vous avez des comptes pour vendre des NFT sur plusieurs sites, il y en aura plusieurs). Cela ressemble à une longue chaîne de caractères comme 0xD8D005F66296068A2EFC240F7e5910Af52A86EE1.
  • Ensuite on va sur Carbon.FYI et on rentre l’identifiant. Il faut bien préciser qu’il s’agit d’un contrat (comme ça le site analyse toutes les transactions, et les gas fees associés pour calculer l’impact carbone). Il va vous rendre un chiffre en kg : c’est ce qu’on cherchait !
  • Vous pouvez le mettre dans Mon convertisseur CO2, c’est pratique pour avoir des équivalents dans des choses plus concrètes. 2 tonnes de CO2 émises, c’est comme 1 156 069 km en TGV, par exemple. Cela permet aussi, en tant que société, de se poser les bonnes questions sur nos usages : vaut-il mieux vendre des NFT pour 2 tonnes ou permettre à beaucoup de gens de voyager énormément en train ?
  • Enfin, vous pouvez utiliser Etherscan.io, un site qui analyse les données publiques des blockchains. C’est de là que sont issues les analyses financières ci-dessous.

Vous noterez que cette méthode permet de donner une valeur « plancher », mais elle est toujours sous-estimée. C’est le minimum qui a été émis, le maximum reste inconnu pour les raisons suivantes :

  • On analyse au contrat. Ainsi, si un NFT est créé et vendu par un contrat A à un contrat B, on aura toutes les informations dans l’analyse du contrat A. Mais si B le revend à C et ainsi de suite, toute cette partie-là ne sera pas prise en compte. Idéalement, il faudrait suivre le NFT créé par A et cumuler toutes les transactions effectuées ensuite, mais je ne vous cache pas que ça sera fastidieux.
  • On ne prend pas non plus en compte l’impact du militantisme et de ses conséquences. Quand Johan Lolos, photographe ayant plusieurs centaines de milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux, fait activement la promotion des NFT et ouvre un site dédié (une sorte de 500px Web3.0), on se doute bien que cela a un impact. Ce sont des centaines de photographes qui s’y mettent, mintent à leur tour leurs NFT et continuent à faire tourner la machine. On reparlera d’ailleurs des communautés plus tard.
  • Enfin, et sur le même principe, ces chiffres ne prennent pas en compte les photographes faisant aussi des formations à ce sujet (comme ici). Là aussi, si l’analyse de leurs ventes peut être réduite, l’impact, lui, peut être démultiplié par ces pratiques.

Regardons quelques chiffres maintenant.

Exemples concrets

Johan Lolos, dit le Backpacker, est un photographe avec lequel j’échangeais ponctuellement sur les réseaux sociaux sur divers sujets, avant de le voir vriller complètement, plonger dans l’univers des NFT et redéfinir intégralement son identité autour de ça.

Influenceur, et travaillant déjà pour des compagnies aériennes, des marques automobiles, du tourisme à l’autre bout de la planète (Tourism New Zealand, Visit Dubaï), j’imagine qu’il a vu dans les NFT une occasion immanquable de compléter sa grille du grand loto de l’empreinte carbone.

Il est aussi l’auteur de Peaks of Europe, un livre vendu à plus de 10 000 exemplaires (les livres de Martin Parr, quand, il y a 15 ans, le nombre d’éditeurs sur le marché était encore limité, étaient tirés à 5 000 exemplaires, soit la moitié). Un livre qui laisse apparemment sans voix, vu qu’il ne compte qu’une vingtaine de revues sur Amazon. On l’en félicite, bien évidemment.

Donc, si on applique la méthodologie décrite ci-dessus à l’adresse du contrat de Johan utilisée sur différentes plateformes (Superrare, Foundation et Opensea), on trouve ceci :

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Ce qui équivaut à ces consommations :

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Du coup, on peut se poser la question : est-il plus souhaitable d’utiliser nos ressources pour nourrir une personne végétarienne pendant quasiment 7 ans ou permettre à Johan de vendre des blocs contenant des liens vers des JPG ?

Sachant que, bon, vous pouvez retrouver les fichiers originaux de ses 3 images vendues en 3 clics (ici, ici et ici).

Quand on regarde sur Etherscan les montants liés à ses ventes de NFT, on comprend toute de suite mieux son enthousiasme à refourguer du crypto-vide.

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Le portefeuille comptait à son maximum 37 000 $ au moment où il a décaissé (soit récupéré les ETH pour les mettre dans un autre portefeuille, soit plus vraisemblablement les avoir vendus pour « du vrai argent que l’on peut utiliser dans la vraie vie »). Cela m’inspire 2 remarques :

  1. Pour quelqu’un clamant haut et fort être là pour la durée et non « pour se faire un billet rapidement », le changement est amusant.
  2. Johan, tu n’oublieras pas de payer la flat tax s’il te plaît. Si ton sens de la citoyenneté et du vivre ensemble s’arrête aux portes des enjeux climatiques, ait un peu de dignité ici.
PS6 : J'ai choisi de parler de Johan, parce que j'avais fait la même analyse il y a quelques mois sur Twitter. Je voulais savoir où le sujet en était, bilan : empreinte carbone x4 entretemps.

Il est temps de passer au gros morceau de cette sélection : l’agence Magnum Photos. On pourrait dire qu’ils se sont lancés dans les NFT en 2 phases : certains de leurs photographes s’y sont d’abord mis (comme Bruce Gilden ou Gregory Halpern), puis finalement, l’agence s’y est jetée en entier.

Pour vous la faire courte : j’ai soulevé les problématiques évoquées ici auprès d’eux sur Twitter, leur Discord ou encore par mail, ils n’ont jamais donné suite. Enfin si : ils invitent toujours à évoquer le sujet en privé (là, désolé, c’est raté ) et ne font que servir en boucle le même bullshit sauce greenwashing que l’on pourrait résumer par « on a regardé, on sait que ça pollue, mais t’inquiète, on compense ».

Bon, regardons les chiffres maintenant. Comme vous l’avez sûrement compris, je suis le sujet depuis quelques mois et j’ai eu une surprise quand je me suis lancé dans l’écriture de cet article : il semblerait que Magnum ait deux adresses de contrat différentes. Je ne sais pas pourquoi, si c’est pour mettre un peu sous le tapis leur empreinte carbone en changeant d’adresse régulièrement ou si c’est purement technique. Mais ils en ont deux. ‍♂️

Il y a donc cette adresse, MPA75 :

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Et celle ci, Magnumphotos75.ETH (que j’avais trouvée lors d’une première recherche) :

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Là aussi, même exercice, on regarde ce à quoi l’empreinte combinée des deux comptes correspond :

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Bon, on ne va pas rentrer dans le détail, vous avez compris la logique : ça fait beaucoup.

Il semblerait que les pépètes arrivent sur le 2e compte (le scan ne donne rien sur le premier). Ils ont décaissé peu à peu depuis la fin juillet 2022. Au maximum, il y avait l’équivalent de 100 000 $ sur le compte. Notez que c’est un flux (ils décaissent mais font des ventes) et cela ne donne qu’une idée, je pense assez proche, du chiffre d’affaires qu’ils ont réalisé.

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Bon, la somme paraît impressionnante, mais en vérité elle ne l’est pas tant que ça. De ce que j’ai compris, il y a 3 personnes chez eux sur le projet : 2 community managers (on y reviendra) et 1 chef de projets. Il faut bien payer tout ce monde-là, et si vous avez déjà géré des budgets, vous savez que ça n’est pas donné. Si on prend les salaires et les différentes charges patronales, le restant ne doit pas être mirobolant.

Surtout si on compare à la vente de tirages, où certains grands noms arrivent facilement à plusieurs dizaines de milliers de dollars. La différence étant que les œuvres physiques sont limitées, et qu’il ne suffit pas de cliquer partout en vendant du vent pour faire tomber les billets. Si on n’avait pas un peu d’éthique, on serait à deux doigts de comprendre leur choix.

Alternatives

Avant de conclure cette partie, je voudrais juste mettre une alternative dans la balance. Cela va peut-être vous choquer, mais en 2022 (et sans doute pour pas mal d’années encore) il existe une alternative parfaitement fonctionnelle à un coût moindre : vous pouvez toujours envoyer un tirage. La plupart des ventes de NFT sont sous les 100 $ (comme je l’explique dans l’article sur les tirages), donc a priori ce n’est pas un grand risque d’envoyer un tirage d’une valeur équivalente par la poste. Et si le prix augmente, pas de panique, des assurances existent.

Tirer une photographie et l’envoyer par le courrier ne produit que… 2,3 kg de CO². Voilà.

Précision – Migration vers le PoS

J’ai mis plusieurs semaines à écrire cet article, durant ce laps de temps, la crypto-monnaie Ethereum a migré vers le PoS (proof of stake). Cela veut dire qu’a priori, la surconsommation énergétique va s’arrêter. Les machines n’ayant plus besoin de faire des calculs très complexes pour pouvoir écrire des blocs. Cependant, c’est le seul point de cet article que ça règle, tous les autres restent valables. J’attire quand même votre attention sur les points suivants :

  • Cela ne change absolument rien à ce qui a déjà été émis, ni au comportement plus que douteux de ceux ayant choisi d’ignorer le problème. Je veux dire : si on passe un an et demi à vous répéter que ce que vous faites est une catastrophe écologique, mais que vous ignorez le problème, ce n’est pas parce que la technologie change que vous avez eu raison. C’est d’autant plus vrai pour Magnum Photos, qui aurait pu faire son travail de recherche correctement et attendre la rentrée au lieu de se lancer en plein été. Cela aurait sans doute limité la casse en termes d’image publique. Ce qui ne les empêche évidemment pas de célébrer la migration auprès de leur communauté. Quand l’hypocrisie devient un sport.
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Capture d’écran du Discord de Magnum
  • On vient de troquer un problème pour un autre. Comme je l’ai expliqué ci-dessus, la répartition des crypto-monnaies est très inéquitable. Désormais, c’est ceux qui mettent le plus en jeux (en « bloquant » une somme, avec un minimum de 32 ETH soit 50 000 $ environ) qui pourront écrire les nouveaux blocs. À l’heure actuelle, nous n’avons aucune expérience de cette ampleur de l’usage de ce protocole, il est possible qu’on vienne de filer les clés de la blockchain (et des NFT allant avec) à une poignée d’utilisateurs. Surprise dans quelques années.
  • Le système perd en indépendance. Précédemment, n’importe qui pouvait ouvrir son nœud dans la chaîne et y participer. Il faut désormais mettre en jeu une partie de sa monnaie. Si on n’en a pas ? Eh bien, il faudra passer à la caisse (avec des vrais euros cette fois) pour les acquérir et pouvoir jouer. Une dépendance à l’économie réelle, qui me semble assez loin des premiers idéaux.

Aspects économiques et inégalité…

… ou quand les rêves du Web 3.0 se heurtent à ce bon vieux mur qu’on appelle la réalité.

Je m’explique : la promesse du Web 3.0 (dont les NFT, les cryptos et le métavers sont issus), c’est d’avoir un web décentralisé et libre. Basé sur la blockchain (entre autres et sans autorité centrale). Bon, déjà, comme on l’a vu, la dépendance aux API et aux plateformes de ventes limite énormément ces rêves.

Mais qu’en est-il de l’accès au marché de vente d’art ?

Un des arguments qu’on entend beaucoup dans la bouche des pro-NFT, c’est qu’ils permettent à tout le monde de vendre son travail. Il n’y a plus ces vilains gatekeepers que sont les galeries.

Sauf que là encore, la réalité est bien loin des faits. Le marché des NFT est plus inégalitaire que le marché de l’art. 5 % des ventes de NFT sont faites par des femmes contre 25 % des artistes représentées dans les galeries.

C’est donc une très belle performance, réussir à faire moins bien tout en clamant faire mieux.

Si le marché n’est pas très égalitaire dans les résultats qu’il produit, il ne l’est pas plus dans sa façon de recruter de potentiels acheteurs, notamment en jouant sur le FOMO.

Aux États-Unis, cela a particulièrement été le cas de la communauté noire américaine, comme le révèle un article du Financial Times (disponible ici librement). En effet :

Historiquement, les investisseurs noirs ont eu tendance à être conservateurs, plaçant une plus grande partie de leur argent dans des actifs à faible risque tels que les assurances et les obligations d’épargne. Selon l’enquête Ariel-Schwab, les Noirs américains font moins confiance au marché boursier et aux institutions financières que les Américains blancs. D’autres recherches ont lié leur appréhension à des décennies de discrimination dans le système financier.

Article du Financial Times

Sauf qu’ils ont eu droit à des campagnes ciblées. Des personnalités éminentes comme les musiciens Jay-Z et Snoop Dogg, le boxeur Floyd Mayweather, l’acteur Jamie Foxx et le cinéaste Spike Lee ont fait la promotion de la crypto-monnaie auprès de leurs communautés. Certes, les crypto-monnaies ne sont pas des NFT, mais comme l’un ne permet quasiment que d’acheter l’autre, bon. Nous n’avons pas encore d’études plus exhaustives à ce sujet, mais je ne serais pas surpris qu’on découvre que certaines communautés ont été plus poussées à se lancer là-dedans.

J’ai aussi remarqué (et il ne s’agit que d’un constat empirique basé sur des mois d’échanges avec les différents membres de ces communautés) que beaucoup de gens y étant actifs étaient assez jeunes avec une faible culture économique. Ils professent des conneries du type « Nan mais si le prix du bitcoin chute (ou de l’ETH) c’est les soldes ! ». Ils n’ont souvent que peu de recul sur les enjeux autour de ces sujets, répètent les mêmes arguments en boucle (je vous en garde une sélection pour la fin de l’article), le tout avec la quasi-absence de capacités à débattre d’un sujet sans tomber sur un déballage massif d’arguments fallacieux, de sophismes et de poncifs.

Qu’est-ce qu’ils foutent là, du coup ?

Bah, souvent, c’est juste pour se faire un peu d’argent en revendant (on dit to flip en anglais) des NFT en se basant sur la théorie du plus grand fou, dont je parlais, là aussi, dans l’article sur les tirages.

La bonne nouvelle, c’est que certains l’assument parfaitement. Tout le monde n’a pas le luxe d’avoir le même niveau d’hypocrisie que Magnum Photos.

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« Je suis là pour faire de l’argent uniquement » – Discord de Magnum Photos

Donc, pour résumer cette partie : tant dans ses résultats que dans sa façon de faire grandir sa communauté, ce marché semble foireux et basé sur tout sauf l’intérêt pour l’art.

Parce que, oui, le fort intérêt pour l’art, je l’ai, hein. Et pour info, vous pouvez acheter 2 fois le contenu de ma bibliothèque pour le prix d’un NFT de Lolos. Donc bon, faut arrêter de se foutre du monde au bout d’un moment.

Communautés

Au début de la vague, quand l’enthousiasme était au taquet et tous les chapiteaux levés, on nous bassinait tout le temps avec « la communauté » qui était censée être trop bien, utile, offrant du soutien et tout le tintouin. C’était chouette de la rejoindre, une véritable source de bonheur à en croire ceux en sortant.

Déjà, on a toujours eu un peu de mal à savoir ce que c’est que « la communauté », au final c’est plus ou moins une somme de bots sur Twitter, de comptes qui disent « GM ! » le matin et « WAGMI«  2x par jour, et d’espaces Discord disparates.

Mais surtout : elle est principalement toxique (on y revient), orientée sur la vente et passablement inutile.

Je veux dire, si Jonathan Bertin qui, en dehors de ses autres qualités, était sans doute le plus béat des adeptes du moment finit par voir le truc, c’est que ça devait vraiment être visible.

Ça lui aura valu le tweet suivant, un peu moqueur. Sans rancune

J’identifie principalement deux problèmes dans ces communautés (que j’ai principalement explorées sur des Discord). Voyons ça.

Le premier problème, c’est la culture qui y règne. On y dénote une absence totale d’esprit critique sur les enjeux liés aux NFT. Tout est toujours positif, top, incroyable, légendaire.

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Sur le Discord de Magnum, chaque action semble légendaire.

Ceci est la conséquence d’un concept culturel propre aux aficionados du Web 3.0 : le FUD. Comme vous le verrez ci-dessous, le « fudding », ce n’est pas bien.

Donc, qu’est-ce que le FUD ?

Il s’agit tout simplement de l’acronyme de Fear, Uncertainty, Doubt en anglais, soit « Crainte, incertitude, doute ». Donc oui, vous avez bien lu, émettre des craintes face aux NFT, ça n’est pas très poli. Donc, dit autrement, pour se faire accepter de ces communautés, il faut un peu mettre son cerveau de côté et applaudir des deux mains tout ce qui s’y passe, en attendant, peut-être un jour, de vous aussi faire votre première vente (ce qui rend généralement les gens très enthousiastes, étonnement, sur l’intérêt des NFT).

Le deuxième problème, c’est la gestion de ces communautés. Comme l’a révélé The Guardian dans un article.

« Beaucoup de ces projets ont clairement besoin d’un afflux constant de nouveaux crétins pour soutenir les prix de ces jetons ou de ces NFT ou de tout autre élément autour duquel le projet est centré. (…) Ils l’expliquent par des choses comme la communauté, la vibe et la culture. Mais il est difficile de le séparer du fait que sans nouveaux adhérents, il n’y a pas de projet. Insidieusement, l’idée de communauté devient une arme. »

Molly White, un ingénieur en logiciel autrice du site « web3 is going great »

Chez Magnum Photos par exemple, cela se traduit par une modération mettant sous le tapis toute critique, invitant à répondre en privé, dans un autre fil de discussion, mais jamais sous les yeux des potentiels acheteurs. Ils sont aussi très forts pour poser des questions de fond sur le travail photographique comme « Quelle est votre image préférée ? » et rappeler à leur communauté les véritables urgences de la vie telles que « L’enchère se termine bientôt ! » (sous-entendu « achetez bordel »).

Quand j’ai lu l’article, je l’ai posté sur Twitter et ai mentionné Magnum Photos :

S’ils se contentent généralement de ne répondre que vaguement aux sollicitations et de renvoyer vers leur greenwashing, cette fois, j’ai reçu un mail dans l’heure. A priori, ils ne semblent pas très à l’aise avec ce sujet.

Au final, la communauté, comme l’a constaté Jonathan Bertin, n’est qu’une usine à vendre et à laver des cerveaux. À fuir.

La propriété intellectuelle

Et là, vous vous dites : « Nan, y a encore d’autres problèmes avec les NFT ? »

Oh boy ! On n’est qu’à la moitié des montagnes russes et mon conseil est de bien continuer à s’accrocher à la rambarde.

Poursuivons.

Concernant la propriété intellectuelle et les NFT, il y a principalement deux problèmes :

  1. Ce qui est vendu est foireux,
  2. Ce que vous pouvez vraiment faire avec est mal compris.

Ce qui est vendu est foireux pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, parce qu’une grande partie des œuvres sont volées. Cela avait notamment fait scandale sur Opensea, où à une période 80 % des œuvres étaient volées. Niveau respect de la propriété intellectuelle, on a vu mieux.

C’est lié à une immense incompréhension liée aux blockchains et aux NFT : ce qui est écrit dans la chaîne est inaltérable. Mais « inaltérable », ça ne veut pas dire « vrai ». Par exemple :

  • Si demain je fais des NFT avec les œuvres d’Henri Cartier-Bresson, vous aurez bien des blocs dans la chaîne vous garantissant que vous avez bien acheté ces NFT… que je n’avais pas le droit de vous vendre.
  • Vous pourriez vous retrouver à voir quelqu’un d’autre vendre vos images à votre place, sans votre autorisation.
  • Un NFT peut être « unique », mais il peut être créé sur 15 chaînes différentes et être 15 fois « unique ». Lequel est le vrai ? S’ils ont des valeurs différentes, pourquoi ?
    Personne ne vérifie cela avant d’acheter, et aucune plateforme de vente en ligne ne met à disposition de ses usagers les moyens de vérifier ces points.

Dans toutes ces situations, bon courage pour vous retourner contre qui que ce soit : les blockchains étant décentralisées, aucune autorité ne peut intervenir sur le contenu et faire valoir vos droits (c’est le revers de la médaille de ce super « Web 3.0 »). C’est bien le sens du rapport du CSPLA que je citais plus tôt : vous n’achetez ni une œuvre (car elle n’est pas contenue dans le NFT), ni un certificat d’authenticité (car personne ne certifie que l’œuvre que vous « achetez » est bien acquise légalement). L’Union européenne tend d’ailleurs dans cette direction, en considérant, dans sa réglementation MiCA, les NFT comme des « crypto-actifs » et rien de plus.

Autre point (qui concerne moins la photographie cette fois) : il y a des chances pour que ce que vous achetiez ne soit même pas une œuvre d’art. En effet, bon nombre de NFT (comme les Bored Apes) ne sont que la répétition sans fin de la même image avec une légère variation :

Pourquoi c’est emmerdant ? Parce que pour qu’une œuvre soit une œuvre d’art, il y a un critère d’originalité important (j’en parle plus en détail dans cet article, je ne développerai pas plus ici). C’est ça qui fait qu’une photographie de rue peut-être protégée par le droit d’auteur, alors qu’un pack-shot répondant a un strict cahier des charges sera plus de l’ordre de l’exécution technique.

Si vous voulez spéculer, on s’approche de l’outil parfait. En revanche, pour acquérir et diffuser de l’art, je commence à rigoler.

Passons maintenant au deuxième problème : beaucoup de gens n’ont aucune idée de ce qu’ils acquièrent vraiment en achetant un NFT. Je veux dire : même Magnum est parfois obligé d’expliquer à ses potentiels clients qu’en achetant un NFT, ils n’achètent rien d’autre que la possibilité de l’afficher sur un écran (ce qu’on peut d’ailleurs très bien faire sans l’acheter).

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Discord de Magnum Phots

Alors qu’en face, la personne pensait obtenir les droits complets de l’image : donc que Magnum arrête complètement de l’exploiter commercialement de son côté et de la diffuser. Il y a quand même un monde entre les deux. En achetant un NFT, vous n’obtenez la propriété intellectuelle de rien du tout (en ça, ils sont identiques à un tirage, d’ailleurs, c’est juste que personne ne se poserait la question en achetant un tirage).

Et ce n’est pas un problème « anecdotique », hein. On peut véritablement observer des équipes de débiles s’unir dans leur incompréhension pour acheter une œuvre en pensant en acquérir les droits. L’exemple le plus fameux (et mon préféré) est quand Spice DAO a acquis un NFT de Storyboard d’un projet de film Dune pour 3 millions de dollars. Ils pensaient pouvoir l’adapter pour en faire des séries, film ou que sais-je. Sauf que… l’auteur n’a jamais cédé les droits, qu’il est toujours en vie et donc que l’œuvre ne sera dans le domaine public que 70 ans après sa mort. Un très bel achat, on les félicite.

Donc retenez bien ça : en achetant un NFT, vous achetez un actif, qui est un bloc pointant vers une œuvre « peut-être » authentique, sur laquelle vous ne possédez strictement aucun droit à part l’afficher chez vous ou la revendre.

Le futur qu’ils disent.

Sécurité et arnaques

Initialement, je pensais traiter les problèmes de sécurité et les arnaques séparément, mais ils sont tellement liés que j’ai préféré les regrouper.

Là aussi, on va retrouver un écart abyssal entre le discours tenu et la réalité des faits. Oui, la blockchain est ultra sécurisée et personne ne peut s’amuser à la modifier seul dans son coin. En revanche, pour tous les sites ou applicatifs travaillant dessus, c’est totalement la fête.

Ce qu’il faut bien comprendre en matière de sécurité, c’est qu’un système est aussi sûr que le plus faible de ses points. Autrement dit : si vous avez un coffre-fort en béton armé, mais que la clé est rangée sous le paillasson, il n’y a aucune sécurité.

Il y a tellement de hacks, arnaques et cie, que personnellement j’ai abandonné l’idée de les suivre. Un site spécialisé Web 3 is going great le fait en revanche très bien, avec un petit compteur suivant le montant total des vols.

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Oui, j’ai dit que ça faisait beaucoup.

Voici quelques morceaux choisis :

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Le site BeinCrypto décrit 7 types d’arnaques les plus courantes, mais je ne vais vous parler ici que de mes 4 préférées.

  1. Le phishing.
  2. Le pump and dump.
  3. Le wash trading.
  4. Le Ponzi.

Le phishing

Le phishing, ou le hameçonnage en français de l’Académie française, est une technique ultra classique. Elle n’est absolument pas propre à l’univers des NFT.

Il s’agit tout simplement de ruser, pour récupérer des données confidentielles, permettant d’avoir accès à un service à votre place. Il peut s’agir de trouver votre mot de passe pour se connecter à votre banque, votre boîte mail, ou dans le cas qui nous intéresse : votre portefeuille de cryptos et cie, contenant vos NFT.

C’est une arnaque classique, certes, mais qui souligne un des problèmes majeurs des NFT & cie : même si la blockchain est « inviolable », votre portefeuille ne l’est pas. Si quelqu’un accède à votre compte et se transfère tous vos NFT, c’est la fin de la partie.

C’est le revers de la médaille de l’absence de centralité : aucune autorité ne pourra rien pour vous ni intervenir sur le sujet. Sorry not sorry. La liberté tant recherchée par les aficionados du web 3.0, c’est aussi celle de se faire voler.

Si on vous vole un tirage d’un prestigieux photographe, vous pouvez porter plainte. Si le voleur est retrouvé, il sera traduit en justice. Vous pourrez obtenir une réparation, utiliser votre assurance. Avec un NFT : bon courage.

Le pump and dump

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Source du graphique

C’est aussi un classique de l’arnaque financière. Selon Wikipédia, il s’agit :

Le pump and dump est une technique de manipulation de marché qui consiste à faire monter artificiellement le prix d’une action par des déclarations mensongères, dans le but de revendre ces actions, achetées à bas prix, avec une forte plus-value. 

Wikipédia

Autrement dit : on crée une hype autour d’un produit, pour que sa valeur monte bien au-delà de sa valeur réelle. Dans le cas des NFT c’est facile : elle est de base toujours de quasiment zéro (vous achetez un bloc, qui pointe vers un fichier hébergé quelque part… bref, vous connaissez la musique).

Il s’agit donc de faire croire à une audience, une communauté, que ces NFT ont une grande valeur. Qu’ils sont l’avenir et que leur prix va augmenter de façon exponentielle comme leurs illustres prédécesseurs.

Donc tout le monde se précipite pour en acheter. Comme la demande augmente fortement, le prix aussi. Puis, une fois qu’ils ont atteint un certain plafond, ceux étant dans la combine revendent tout aux nouveaux entrants à un prix très élevé, empochent la mise et disparaissent.

Je pense que de façon générale, l’écosystème des NFT est touché par cette pratique. C’est la seule raison rationnelle que je vois d’expliquer la hype absolue sur des JPG dégueulasses d’animaux mal dessinés. Mais il ne faut pas sous-estimer la créativité des crypto-bros, apparemment un serait en cours suite à la mort de la reine Elizabeth II, ou des NFT bidons ont été générés pour lui rendre hommage.

Le wash trading

Le wash trading est aussi un grand classique que l’on retrouve avec les NFT.

Vous savez, la blockchain c’est « trop bien parce que tout est public et librement accessible ». Eh bien, des gens se servent de ça pour en flouer d’autres.

Je m’explique.

Le wash trading consiste à créer de faux échanges financiers pour faire augmenter, de façon factice et contrôlée, le prix d’un bien. Imaginez qu’il existe un NFT de cette image :

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Un beau NFT dans un beau faux cadre
  • La personne A, qui est l’auteur de l’image, crée le NFT et le met en vente pour 1 000 $ (on va rester en $, c’est plus simple à suivre).
  • La personne B arrive, apprécie l’image et trouve là une belle opportunité. Elle l’achète donc pour 1 000 $ et la remet quasi immédiatement en vente pour 10 000 $, parce qu’elle est convaincue que c’est une belle œuvre d’art.
  • La personne C la voit, et l’achète pour 10 000 $. Mais, étonnamment, elle n’arrive pas à la vendre et la remet en vente à 5 000 $.
  • C’est là que la personne D arrive. Elle y voit une belle opportunité : le prix a été multiplié par 10, puis il a baissé. Elle se dit qu’elle peut largement l’acheter pour 5 000 $ et la revendre 10 000 $ (ou un peu moins, mais comme l’œuvre s’est déjà vendue à ce prix, elle a bon espoir que ça remonte). Et hop, elle achète.

Sauf que les personnes A, B et C sont une seule et même personne se revendant l’œuvre à elle-même avec différents comptes pour faire artificiellement monter le prix. C’est une technique qui, selon Chainalysis, aurait engrangé 9 millions d’euros de bénéfices pour les arnaqueurs en 2021. Mais au-delà de ça, c’est surtout une méthode qui met à mal la confiance que l’on peut avoir dans la transparence de la chaîne.

Comment acheter en toute sérénité quand tout peut être manipulé ? Et si, à l’inverse, tout est contrôlé par une autorité centrale pour éviter les écureuils, quel est l’intérêt d’acheter un NFT plutôt qu’une œuvre directement à l’artiste (avec un certificat d’authenticité fait par lui) ?

Une belle impasse.

Le Ponzi

Le Ponzi j’adore, parce qu’à chaque fois qu’on en parle à un crypto-bro, ça le fait sauter au plafond. De ce que j’ai compris, ils en ont tellement marre de se faire taper dessus avec ça que c’est devenu un poncif chez eux (sans pour autant se poser la question de la légitimité du sujet).

Selon Wikipédia, un Ponzi est :

Un système de Ponzi ou Pyramide de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Si l’escroquerie n’est pas découverte, elle apparaît au grand jour au moment où elle s’écroule, c’est-à-dire quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients.

Wikipédia

Il ne faut pas le confondre avec le MLM (multi level marketing), un système basé sur le parrainage des vendeurs qui est lui légal (tant que l’essentiel des revenus provient des ventes et non des parrainages).

En quoi la vente des NFT est-elle un immense Ponzi ?

Eh bien, parce que toute la valeur contenue dans le système provient de l’extérieur. Que vous l’achetiez ou non, un tirage de Cartier-Bresson vaut 35 000 €. Si par exemple vous en héritez (petit veinard !), vous paierez des frais de succession sur cette somme.

Pour les NFT, toute la valeur contenue ne vient que des gens qui y mettent leur argent, et c’est ça qui rémunère les gens dans cet écosystème : l’arrivée de nouveaux achetant des NFT, comme un Ponzi. Si tout le monde décide de sortir de ses positions et de vendre en même temps (à l’occasion d’un effondrement de l’ETH à tout hasard), le système s’effondre, comme un Ponzi. Vu qu’il n’y aura pas assez d’acheteurs pour compenser, la demande s’effondre, les NFT ne valent plus rien.

On aurait pu continuer un long moment, mais vous avez l’idée : l’écosystème est pourri de multiples arnaques, et si l’envie vous prend de creuser, ça ne sera pas les sources et les exemples qui manqueront.

Du véritable argent ?

Avant de conclure cette partie, sans doute déjà bien trop longue, il faut que l’on mentionne un dernier point.

La plupart des acteurs n’y jouent pas avec leur propre argent.

C’est comme un casino, où les premiers arrivés auraient eu un gros paquet de jetons, qui prend de la valeur au fur et à mesure que la facture avance (ce sont les whales dont je vous parlais tout à l’heure, les early adopters des cryptos).

Par exemple, en juillet 2010 un bitcoin valait  0.08 $. Vous pouviez avoir 1 000 bitcoins, le seuil pour être considéré comme une whale aujourd’hui, pour 8 $. Aujourd’hui, cela vaut plus de 19 millions d’euros. C’est un exemple (que je prends car il est simple à documenter), mais qu’on retrouve pour toutes les cryptos qui ont marché.

Donc bon, il faut se méfier énormément des prix que l’on voit affichés sur les ventes de NFT et voir qui a acheté quoi à quel prix. Quand un artiste vend une œuvre pour des sommes astronomiques aux cours actuels, il y a de fortes chances que la personne l’ayant achetée n’ait mis dans la machine, au final, que quelques euros/dollars il y a plusieurs années.

Par contre, ils ont tout intérêt à acheter, développer l’écosystème et le voir tourner. C’est ça qui fait augmenter la valeur de leur capital au moment de sa sortie. C’est une des raisons pour lesquelles les enthousiastes des NFT, et du monde des cryptos de façon plus générale, ont toujours un pied dedans.

Aussi : méfiez-vous des gens en faisant activement la promotion (sur YouTube, les réseaux sociaux ou autre). J’ai discuté avec beaucoup d’entre eux, et je constate qu’un certain nombre attendent de vendre leurs NFT avant de se lancer dans cet écosystème. Un lancement qui se fait donc sur le dos des acheteurs et non sur leurs fonds propres.

Ci-dessous, l’exemple d’un échange que j’ai pu avoir avec une personne ayant fait une promotion active du sujet, et dont je tairai le nom :

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Je n’ai d’ailleurs pas pensé à vérifier que la personne l’avait fait.
À garder pour l’épisode 2, sans doute.

Quelle confiance peut-on avoir dans des lobbyistes des NFT, quand eux-mêmes attendent d’en vendre pour y investir le moindre euro ?

La question mérite d’être mise sur la table.

Les profils qui achètent des NFT

Maintenant que vous avez lu tout ça, une question se pose : qui peut bien acheter ça ?

On va donc faire un tour des profils types que l’on retrouve chez les acheteurs de NFT. Cette liste est garantie non exhaustive et sûrement pas consensuelle.

Catégorie 1 : les énormes teubés.

Hop, hop, hop. Je vois déjà venir les commentaires du type « Nan mais Thomas, tu ne peux pas dire ça, ça n’est pas sérieux ». Faites pause deux minutes, vous allez être surpris.

PS7 : Dans la suite de cette partie, on va parler d'investissements financiers. Rien de ce que vous lirez ne doit être pris comme un conseil. Il ne s'agit que de propos reflétant ma propre compréhension du sujet.

Quand on décide d’investir son argent, l’une des règles de base est de ne pas investir de l’argent que l’on ne peut pas perdre. En gros, vous commencez par vous faire des économies de secours (en cas de pépin) et quand vous avez de quoi voir venir, vous commencez à investir. Vous le faites en fonction de votre âge (jeune, on peut encaisser une perte, on a le temps de regagner la somme ensuite) et de vos revenus. On commence par des placements pas trop risqués (pour faire fructifier un capital), puis, plus la somme augmente, plus on peut tenter d’aller vers des choses risquées et volatiles comme… les NFT.

En effet, les volumes de ventes se sont effondrés de 92 % entre septembre 2021 et mai 2022 et le prix de l’ETH (la crypto-monnaie avec laquelle sont achetés les NFT) s’est aussi pété la tronche.

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Source

Donc, par exemple, une photographie que vous auriez achetée en novembre 2021 pour 1 ETH (5 000 $) ne valait plus que 1 000 $ il y a un mois (mais toujours 1 ETH).

PS8 : Cette volatilité reste assez gênante. Un tirage de Cartier-Bresson vaut 35 000€ en général, et le prix ne varie pas du simple au triple en 6 mois. Je vous renvoie à mon article sur le sujet.

Le problème c’est que… des gens ont fait des crédits pour se lancer dans les NFT (ou des cryptos), sans avoir les bases que je viens de vous présenter en tête (cf. ici et ici). Faire un crédit pour un placement intéressant (où la rentabilité est supérieure au coût du crédit), pourquoi pas. Mais faire un crédit pour se lancer dans quelque chose d’aussi volatil, on frise les Jeux olympiques de la stupidité.

Je vous laisse apprécier le sel de leurs larmes une fois la chute arrivée :

C’est un phénomène qui est assez peu documenté. Je le mentionne parce que j’ai vu passer régulièrement des témoignages sur Twitter et que j’en ai gardé quelques-uns à l’occasion. Que certains aient investi une partie de leurs économies, par appât du gain, dans les NFT ne m’étonne pas trop, même si on n’a pas encore d’idée précise de l’étendue de la chose.

Ce qui m’embête surtout, ce sont les vies gâchées à cause de ça. Mais en France, on doit encore en être assez loin. Nous n’avons pas subi le même matraquage publicitaire qu’aux USA, où les célébrités se suivent à la télévision pour pousser à l’achat.

Catégorie 2 : les riches / investisseurs

C’est le corollaire du point précédent : plus vous avez de liquidités à disposition, moins vous êtes sujet aux risques. Autrement dit, si vous avez 5 millions d’euros à placer, mettre 1 % de la somme (50 000 €) dans des NFT est un risque mineur. On peut normalement tolérer de perdre 1 % de ses fonds placés sans finir à la rue. Donc, bon, dans ce genre de cas, il n’y a pas tellement de problèmes (mis à part, toujours, les aspects écologiques).

Il y a aussi simplement des investisseurs qui tentent de mettre un peu d’argent dedans pour « flip » des NFT (c’est-à-dire les acheter pour les revendre tout de suite). On est encore dans la spéculation pure sur un produit très volatil. Mais tant que vous ne jouez pas avec les économies d’une vie ou ne vous endettez pas, hein, faites ce que vous voulez.

Catégorie 3 : les followers

On en avait un peu parlé, mais vous vous en doutez : si certaines personnes font une promotion active de l’achat de NFT sur les réseaux sociaux, ils le font bien à une audience. Pour le dire sauce 2020’s, les influenceurs vendent à leurs followers (c’est quasiment leur métier d’ailleurs).

Étonnamment, quand on aborde le sujet avec eux : ils sont un peu mal à l’aise et mettent le sujet sous le tapis.

Mon exemple préféré vient sans doute de (plus d’une fois sera coutume) Johan Lolos qui a calmement tenté de m’expliquer que non, il n’y avait pas de lien entre ses centaines de milliers d’abonnés et ses ventes de NFT.

Mais bon, face à ce genre de foutaises, personne n’est dupe. On se doute bien que :

  • N’importe quelle figure publique sur les réseaux sociaux jouit d’une certaine sympathie de la part de son audience. Il est rare de suivre quelqu’un parce qu’on le déteste (si c’est le cas, soignez-vous en vrai). Donc forcément, si quelqu’un que vous appréciez pour son travail photo, que vous suivez depuis des années, se lance dans « l’aventure des NFT », vous êtes plus enclin à le suivre que l’internaute lambda qui passerait par là en cherchant son pain.
  • Penser ça, c’est omettre tous les enjeux financiers que j’ai détaillés. Il ne faut pas se voiler la face : il est beaucoup plus sûr d’acheter un NFT à une figure éminente d’un domaine, qui jouit d’une large audience à qui on pourra le revendre une fois qu’il aura pris de la valeur.

Si le nombre d’abonnés et la propension à vendre des NFT ne sont pas toujours corrélés, il me semble illusoire de penser qu’ils n’ont aucun lien.

Catégorie 4 : les collectionneurs

Enfin, dernière catégorie, elle existe, je l’ai vue : il s’agit des collectionneurs.

Que ça soit en écumant des serveurs Discord, Twitter ou que sais-je, ils sont rares mais présents. Les collectionneurs sincères, qui connaissent toutes les problématiques que j’ai évoquées ici, mais croient sincèrement à la technologie et choisissent d’y investir. Non pas pour spéculer, mais pour collectionner des œuvres parce que, malgré tous les balbutiements techniques et les limitations actuelles, ils croient en cette nouvelle façon de collectionner des œuvres.

Ceux avec qui j’ai pu échanger y mettaient des petites sommes (très loin des montants astronomiques demandés par certains photographes) sur des artistes qu’ils suivaient vraiment. Ils le font pour les soutenir, avoir un bout de leur travail et participer à ce changement.

Même si nos avis divergent profondément, comme vous avez pu le lire dans tous les sens, je dois reconnaître qu’ils sont là.

Peut-être qu’une fois que toutes les arnaques se seront effondrées, tous les projets rentrés dans tous les murs et que la poussière sera retombée, ce seront eux qui continueront de faire vivre le secteur de façon confidentielle.

On en reparle dans 10 ans.

Les arguments qu’on entend tout le temps

Bon, je l’ai dit : les crypto-bros ne sont pas des génies. Même si la plupart sont un peu convaincus du contraire et pensent à minima être des oracles. Comme une armée de boomerangs, les mêmes arguments finissent toujours par revenir dans leur bouche. Puis une fois qu’ils sont tous réfutés, le crypto-bro va se cacher sous un tapis, mais c’est une autre histoire.

Petit florilège de mes préférés, ceux que les précédentes parties de cet article n’ont pas traités.


Nan mais je sais que c’est mal pour la raison X. Mais regarde, Y est encore pire que les NFT sur le critère X, on ne devrait pas plutôt s’occuper de ça ?

Random Crypto-bro

Ça, c’est l’argument qui va arriver en premier dans n’importe quelle conversation sur les NFT. Et il est magique, parce qu’il permet de tout réfuter. Quelques exemples :

  • « Non, mais je sais que les NFT ça pollue, mais le marché de l’art aussi est très polluant. Donc bon, pourquoi ne pas s’attaquer à ça plutôt ? »
  • « Évidemment qu’il y a des arnaques avec les NFT, mais il y en a aussi sur le marché de l’art, pourquoi ne pas s’attaquer à ça plutôt ? »
  • « Oui, il y a de la spéculation autour des NFT, mais il y en a aussi sur le marché de l’art et en bourse par exemple, pourquoi ne pas s’attaquer à ça plutôt ? »

Cet argument, c’est ce que l’on appelle le whataboustim. Il m’agace beaucoup, parce que la personne l’employant pense pouvoir réfuter n’importe quoi avec et mettre sous le tapis tous les problèmes que l’on soulève. Alors que concrètement, on ne fait que du sur place. Entre les lignes ça dit « je n’ai pas d’autres arguments, donc au lieu de réfuter les points que tu soulèves, je t’invite à aller voir ailleurs et à traiter d’autres sujets ». C’est mi-pathétique, mi-risible.

Dans l’absolu, on peut défendre n’importe quoi en utilisant cette technique. Par exemple : « OK, une claque ça fait mal, mais moins qu’un coup de poing quand même. Donc je peux vous mettre une claque, non ? C’est moins pire, donc c’est bon ? »

Vous voyez bien que le problème de base (se prendre une claque), ne disparaît pas parce qu’on soulève que pire existe, ça n’a pas de sens. Le fait qu’une situation moins acceptable, sur un critère donné, puisse exister ailleurs ne justifie pas de se satisfaire de la première situation. C’est l’argument parfait pour ne jamais rien faire, vu qu’on peut toujours trouver plus grave pour ne pas traiter un problème ciblé.


Nan mais tu ne comprends rien aux NFT, lol

Random Crypto-bro

Celui-là aussi, je ne le porte pas dans mon cœur. En gros, dans la tête de beaucoup de crypto-bros, si on est critique envers les NFT, c’est que l’on ne connaît rien au sujet. L’eurodéputée Aurore Lalucq, qui travaille sur ces sujets au Parlement européen, s’en prend des tartines à longueur de temps.

Ce qu’on lit en creux, c’est que forcément, toute étude du sujet doit mener à une adhésion pleine et totale (vous vous souvenez du FUD de tout à l’heure ? Eh bien, la conséquence, c’est ça). Soit vous connaissez et vous aimez, soit c’est l’inverse. Il n’existe aucune alternative, ni pensée critique d’ailleurs.

Souvent, après cet argument, il y a une deuxième étape. Quand on peut répondre de façon sourcée et argumentée à tous les points des pro-NFT, ils se rendent bien compte que l’on a étudié le bouzin. Du coup, on arrive à la deuxième étape : l’ad personam. Cette fois, ce n’est plus vos arguments le problème, c’est vous personnellement. Si vous avez cette position, c’est que vous, personnellement, avez un quelconque problème.

Sur le Discord de Magnum Photos, on me les a à peu près tous faits :

  • J’aurais été refusé de Magnum Photos et cherche à les discréditer (alors que je n’ai jamais postulé de ma vie et ne le ferai sûrement jamais ‍♂️),
  • Je mènerais une guerre contre Magnum Photos pour une raison inconnue et chercherais à leur nuire. Alors que bon, que ça soit ici ou sur YouTube, j’ai régulièrement fait la promotion de travaux de leurs photographes (que j’apprécie beaucoup). Mais ce n’est pas pour autant qu’on doit tout applaudir, notamment leur lancement dans les NFT. Sorry not sorry.
  • Je serais contre les nouvelles technologies (pour on ne sait quelle raison).

Bref, si vous vous lancez là-dedans, vous y aurez droit aussi. Ils vont chercher à prouver que c’est vous le problème (et donc que ce que vous dites ne doit jamais être pris au sérieux). Il existe d’ailleurs une variante disant que l’on est contre les NFT et qu’on les critique pour « notre ego ». On me l’a déjà sorti dans une conversation privée, comme si ça pouvait m’apporter quoi que ce soit. ‍♂️

Au final, c’est un peu une technique digne de la cour de récré, qui encore une fois ne réfute pas les faits que l’on peut présenter. Si je te dis qu’il pleut et que tu es mouillé, aucun ad personam ne te fera sécher.

Vous noterez d’ailleurs l’ironie de l’usage de ce type d’arguments, quand la plupart des crypto-bros utilisent des comptes pseudonymes sur les réseaux sociaux (en .eth, .btc ou autre), se prémunissant de facto de ce genre de rhétorique. Noble.

Là aussi, la meilleure solution, c’est de ramener le débat sur son véritable sujet et d’éviter ces digressions.


Ce n’est que le début, c’est comme internet. Tout le monde est sceptique mais ça va s’améliorer

Random Crypto-bro

Cet argument-là m’a toujours laissé perplexe, comme si la personne en face ne savait ni lire des dates ni ouvrir une fiche Wikipédia. Mais ce sera l’occasion de faire un peu d’histoire, ça me rappellera mes études.

Internet, enfin plus particulièrement le protocole HTTP qui en est à la base, a été inventé en 1990. Et comme le rappelle Aristide Développement (suivez-le, il est marrant), dès le départ, l’engouement était là :

https://twitter.com/kwyxz/status/1478090970373627905

Et le grand public a suivi, petit à petit. On se souvient tous (pour ceux qui y étaient) des CD d’AOL mis dans la boîte aux lettres, pour avoir quelques heures d’internet gratuites. Dès 1998, j’ai souvenir, gamin, d’aller sur Tfou.fr télécharger des images de Pokémon pour les coller dans ma chambre. Bref, les premières années, l’invention a fait son chemin dans les foyers lambda (je n’ai pas grandi du tout dans un repère de geeks). Et cela va même plus loin : l’enthousiasme était tel, qu’on a eu une bulle spéculative, la fameuse « bulle internet ». Les gens achetaient des actions d’entreprises, simplement parce que le nom en « .com » leur semblait être la promesse de revenus faramineux. Et ça, ce n’était que la première décennie.

Comme je le disais, la blockchain a été inventée en 2008. On peut la comparer à une autre innovation de la même année : l’iPhone 3G (le premier n’avait pas d’internet mobile, donc bon). Immédiatement, vous percevez l’impact de cette révolution technologique qu’a été le smartphone. Les sous-traitants d’Apple se sont mis à les copier pour rejoindre le marché. Toute une nouvelle économie, d’applications, de jeux, d’usages, a été lancée avec les smartphones. Désormais, ce sont 77 % des Français qui possèdent un smartphone.

Qu’a fait la blockchain sur la même période (2008-2022) ? Rien.

Qu’ont fait les NFT sur la même période de 8 ans (1990-1998, 2014-2022) ? Rien.

À part un vague « boom » dans les médias quand le sujet était tendance, il ne s’est pas passé grand-chose.

Image - Les NFT sont une immense arnaque - Thomas Hammoudi - Internet
Source Google trends

Le grand public ne s’en est pas saisi, n’en voit pas spécialement l’intérêt et ne semble pas pousser la technologie. Il n’y a pas de « ça n’est que le début », le début était il y a bien longtemps, on a passé la ligne d’arrivée sans grande avancée.

Quant à la performance future des réseaux de blockchain (et donc des NTF qui travaillent dessus), bitch, please.

Actuellement, le réseau bitcoin traite en 1 journée autant de transactions que le réseau VISA en 4 secondes. Ce sont des réseaux très peu performants.

À titre d’exemple, la chaîne ETH s’est retrouvée bouchée par la vente de NFT. Cela veut dire que, si vous souhaitiez vous en servir pour quoi que ce soit à ce moment-là, elle n’était pas disponible. Entre ça et « un usage de masse dans le futur », il y a un monde.

La blockchain ETH pourrait devenir plus rapide dans le futur (en passant au PoS), mais cela se fera en troquant la sécurité contre la performance. Certes, elle sera capable de traiter 100 000 transactions à la seconde, mais ceux possédant le plus de cryptos auront la main dessus… vous le voyez venir le problème de sécurité ?

Donc bon, pour résumer : entre manque d’intérêt du public pour ces technologies ces dernières années, absence complète de cas d’usages réels, concrets et pratiques et le marasme structurel dans lequel elles baignent, le futur ne s’annonce pas mieux.

Au passage, sur les limitations PoW vs PoS, je vous conseille cet excellent article d’Antsstyle (en anglais) :


Nan mais moi, je ne veux pas débattre à cause de X.

Random crypto-bro en panique

Celui-là, en général, il arrive dans 2 cas :

  1. Soit la personne en face sent que le débat ne tourne pas en sa faveur et elle va chercher une porte de sortie. Forcément, à un moment, nier la réalité ça devient compliqué (quand on pose les chiffres de la consommation énergétique par exemple). Là, toutes les excuses sont les bonnes : plus de temps, un autre petit coup d’ad personam (vous devenez un troll, hater, inapte au débat), bref toutes les raisons sont bonnes pour arrêter. C’est une façon de ne pas perdre la face ni de devoir remettre en question ses positions. Le plus bel exemple que j’ai eu de ça était sur le Discord de Magnum Photos, avec un légendaire « je ne veux pas débattre si on parle de l’écologie » AKA « je ne veux pas débattre si on parle des sujets où on passe pour des gens irresponsables à vendre nos JPG ».
  2. Soit la personne en face cherche le consensus. C’est une façon de débattre qui m’étonnera toujours (personnellement j’y vais pour convaincre, affiner mon avis, découvrir d’autres idées ou faits, le consensus peut arriver, mais ça n’est pas le but). Sur certains sujets, moins factuels, cela peut marcher. On peut discuter duquel des Star Wars est le meilleur et de pourquoi ça ne sera jamais le 8. Mais cela n’est pas possible pour tous les sujets. Si je débats avec un platiste, on ne va pas arriver au consensus d’une Terre ovale. Idem pour les NFT, les limitations que j’ai pu soulever ne disparaissent pas si on est d’accord pour ne plus les regarder.
PS : Oui, Paul, ce deuxième point était pour toi. Mais je te porte dans mon cœur quand même. 

Généralement, cette fuite est énervante, parce qu’elle arrive à la fin de l’échange. Les gens commencent rarement par dire ça, c’est donc souvent le signe que beaucoup de temps a été perdu. Mais bon, c’est le jeu.

Conclusion

Bon, bon, bon.

On arrive à la fin.

C’est un article qui arrive assez tard finalement. Quand j’ai commencé à m’intéresser au sujet, j’ai envisagé de faire un article. Mais comme je le disais, je pensais que ça n’avait pas sa place ici. Je regrette un peu de ne pas l’avoir fait plus tôt : j’ai passé énormément de temps à débattre sur ce sujet partout (ce qui fait, certes, que je peux documenter précisément ce que j’avance), mais j’aurais gagné pas mal de temps à le faire directement et à renvoyer ici tout de suite.

Mais bon, il est là, il est fait, il aura eu le mérite de me vider la tête et de me faire passer à autre chose.

Avant d’écrire l’article, j’avais une position radicale, avec une ligne nette. Parmi les vendeurs de NFT, il y avait soit les ignorants (qui ne connaissaient pas tous les problèmes évoqués ici), soit les sombres merdes les connaissant mais préférant les mettre sous le tapis.

Entre-temps, la migration du PoW vers PoS a eu lieu. Comme je l’ai dit, elle n’est pas miraculeuse, et n’efface pas l’ardoise. Mais depuis, j’ai tendance à plus me foutre du sujet : je ne subirai plus les conséquences de ces échanges et j’aurais fait ma part pour informer et prévenir.

Je déconseille vivement à toutes les personnes qui me suivent et me lisent tant d’en vendre que d’en acheter. Mais une fois que c’est dit, vous faites ce que vous voulez.

Et puis, je ne peux m’empêcher d’avoir un peu d’espoir. Je vois le prix de l’ETH tomber depuis le passage du PoW au PoS, des Bored apes revendus une bouchée de pain, les volumes de ventes de la plateforme Opensea ont chuté de 99 % entre mai et août 2022 (ou 62 % si on se fie à ce correctif), j’ai l’impression que la fin de la fête arrive petit à petit.

Prenez des photos et faites des tirages. ✌


J’ai écrit cet article sur quasiment un mois, donc j’ai eu le temps d’écouter plein de trucs sur la durée. Mais disons que j’ai commencé par la première playlist et qu’à l’heure où mon clavier tape ces mots, c’est le deuxième album qui tourne.


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Vous en voulez encore ?

On discute de l’article ? 😀

Commentaires

36 réponses

  1. Avatar de Eric Itschert

    Une question m’angoisse particulièrement. Préambule. 1) Je suis littéralement harcelé sur Instagram pour vendre des œuvres en NFT à des « collectionneurs ». On m’en propose de 1.500,00 € à 15.000,00 par travail. J’ai toujours refusé jusqu’ici. 2) Cela fait des années que mon œuvre est pillée sur Internet, d’autres font du fric sur mon dos. Cela va d’une image payante postée sur Getty Images jusqu’à un dessin reproduit sur des T-shirts en Asie. QUESTION. Qui me dit que quelqu’un se faisant passer pour moi ne fabrique pas des NFT avec mon travail ? Car une fois le NFT réalisé tout est sécurisé, mais le profil et la signature en amont ? En dehors de la question de l’écologie, je trouve grotesque qu’on puisse vendre des clichés en format jpeg et en basse résolution : avec ce format le cliché se dégrade avec le temps… Piller mon travail là aussi, est-ce possible ?

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Hello,

      Comment ça un JPG se « dégrade » ? Je ne suis pas sûr de te suivre.
      Pour le reste, je te le confirme : en l’état aucune des plateformes ne dispose de vérifications sérieuses quant au droit d’auteur.
      N’importe qui peut vendre n’importe quoi tranquillement (et les cas où ça arrive sont déjà très nombreux). Après en ce moment, le château de cartes à tendance à s’effondrer, il ne reste plus grand monde pour surfer sur cette vague.

      1. Avatar de Eric Itschert

        Tout d’abord un grand merci, j’ai enfin fini ton article et il est bourré de renseignements. J’avais déjà acheté 3 livres sur le sujet, dont « les NFT pour les Nuls ». Aucun de ces livres n’est objectif. Le JPG: je suis loin d’avoir tes connaissances en photo numérique (je suis essentiellement peintre), mon truc c’était la photo nb argentique (années 60-70) que je développais moi-même. Du coup rattrapage dans une école photo numérique. Là on nous a dit que les pixels d’une photo en JPG se dégradaient à chaque copie? Qu’il valait mieux conserver ses fichiers en RAW (Canon), en PNG, en PSD (Photoshop) qu’en JPG? Exemple à l’appui, d’ailleurs. Ai-je mal compris? En tout cas félicitations pour ce billet!

        1. Avatar de Thomas Hammoudi

          Bah, il faudrait que je vérifie, mais je ne comprends pas trop la logique.
          Les « pixels » n’existent pas vraiment en tant que tels. Dans le fichier JPG, tu as une liste de coordonnées et de valeurs de couleurs associées (tel carré affiche telle valeur et ça, 24 millions de fois pour une image de 24 millions de pixels).
          Les erreurs de copie ça existe, mais je ne vois pas pourquoi les fichiers .JPG y seraient plus sujets que d’autres. Si les données sont endommagées, elles le sont pour tout.
          C’est bizarre comme idée.

          1. Avatar de Eric Itschert

            Peut-être que je m’exprime mal. Voici un lien pour une explication plus claire: https://www.lesnumeriques.com/appareil-photo-numerique/point-techno-format-jpeg-a2641.html

          2. Avatar de Thomas Hammoudi

            Yes, l’article est juste. C’est un format de diffusion, pas de travail en effet.

  2. Avatar de Jean-Luc
    Jean-Luc

    Il va falloir se dépêcher si tu veux produire un nouvel article sur le sujet, avec Meta, etc… Effectivement , « la fin arrive petit à petit », à grands pas.
    Vois Petapixel, puisqu’on ne peut apparemment pas coller de lien

    1. Avatar de Thomas Hammoudi
      1. Avatar de Jean-Luc
        Jean-Luc

        je n’y arrive pas, pour des raisons que j’ignore. Ce n’est pas grave.

  3. Avatar de Greg
    Greg

    Excellent article, merci Thomas
    Néanmoins, je suis déçu, tu aurais quand même pu aborder le metaverse hein ! lol
    Avec comme sujet, les expositions de NFTs dans le metaverse.
    Imaginer une bande de clampins avec leur casque de réalité augmenté !

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Haha, je garde ça pour une autre fois !

  4. Avatar de Matthieu
    Matthieu

    Bonjour et bravo pour l’article,

    Perso je vois encore un intérêt pour la chaine de block pour certaines authentifications (pas les notaires, mais éventuellement des validations de diplômes ou de pièces précises).
    Par ailleurs, je trouve un oubli dans ton argumentaire : la valeur des crypto et NFT a décru en fonction de la remontée des taux de la FED… la fin de l’argent gratuit.
    Un seul point me dérange. En quoi un HCB vaut 35K€ ? Il ne les vaut que parce qu’il y a un acheteur à ce prix là. Si demain il n’y a personne, ben le prix va baisser. Le marché de l’art, ce sont des NFT qui ont réussi (Cf Rhein II)

    Encore merci

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Hello,

      Merci
      Pour la FED et les NFT c’est juste… que je ne le savais pas haha.
      Concernant HCB, tout est expliqué dans l’article sur les tirages. Une cote ne se construit pas que sur la demande, même si celle-ci disparaît, le prix ne va pas s’effondrer.
      Mais je te laisse lire ça, plutôt que de mal le répéter ici ^^

  5. Avatar de Gilles aka Kleb‘s
    Gilles aka Kleb‘s

    Superbe article avec énormément de références ( il faudra que j’y revienne) qui vont servir à argumenter mon opinion qui était déjà faite !
    Pour le fun, il existe à Berlin un NFT MUSEUM!: https://goout.net/en/game-over/vzwlue/
    Il faut lire le descriptif! „… On an area of about 2,000 square meters, visitors are welcomed by a world of street art, 3D installations, classical art history combined with blockchain-based art aka NFT. “
    Ça jette non?
    Le Ramones Museum ayant, lui, malheureusement fermé c’est un signe des temps…

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Je l’ai vu ce musée à Berlin. Ça m’a bien fait marrer en tombant dessus par hasard.

  6. Avatar de bernard Van Parys
    bernard Van Parys

    Superbe travail merci de nous avoir si précisément éclairé …

  7. Avatar de chiarappa
    chiarappa

    Salut Thomas, je rejoins les avis pour l’exhaustivité et l’image du collier de perles très efficace!
    Chacun avec ses moyens, à sa mesure, se doit de prendre le « maquis » les combats sont légions et demain plus incertain que jamais, tout fout l’camp, la spéculation bat son plein à tous les niveaux, la tonne de pellets que j’ai payée en janvier 340 euros est passée à 700 et peut monter à 800.
    On nous vante la voiture électrique et demain on sera rationné/rançonné, NFT et tutti quanti ça me donne la nausée mais je ne baisse pas les bras, j’ai décidé de vider ma bibliothèque Lightroom quand j’ai vu mes 16Go dans le cloud, je travaillerai dossier par dossier, je ne donnerai pas un euro pour acheter de la mémoire tous les mois de ma vie.
    Il n’y a pas de lutte finale, c’est toujours la même, à chaque époque les mêmes combats se sont les outils et les armes qui changent.
    Bonne continuation et que la force soit avec toi Thomas san

  8. Avatar de lionel modolo

    effectivement complet, clair et argumenté à faire tourner absolument

    1. Avatar de Thomas Hammoudi
  9. Avatar de Delphine
    Delphine

    Très bel article. Je te conseille le DVD « Internet : La pollution cachée » . Tu le trouves sur Rakuten entre 4 et 6 euros.
    Une fois ce dvd visionné tu auras envie d’arrêter internet et de vivre dans une caverne. C’est là que l’on comprend que l’on participe tous à ce naufrage. Quand tu vois la quantité d’énergie déployée juste pour un mail envoyé, ça calme. Je ne te parle même pas du visionnage d’une vidéo sur internet, l’envoi de photos, etc.

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Ça date un peu non ?
      De ce que j’ai compris, même si les usages du numérique explosent, la conso des data centers reste stable.
      Cf. https://twitter.com/Signez/status/1485312869696692224?t=y8PgX8FumM_RLLmnUB6xOQ&s=09

      Et là encore, il faut comparer à un service équivalent. La VOD, ça a des serveurs et ça consomme. Mais c’est mieux ça ou prendre sa voiture pour aller au cinéma ?

      La réalité me semble un poil plus complexe.

      1. Avatar de Delphine
        Delphine

        Regarde juste la bande-annonce du dvd et tu comprendras : https://youtu.be/-mah0d_ftlg

      2. Avatar de Delphine
        Delphine

        Le documentaire est visible dans son intégralité ici : https://youtu.be/btlodPiQNlY

        1. Avatar de Thomas Hammoudi

          Je regarderai. Sauf qu’il date de 2015. Sept ans, ça me paraît long pour ce genre de sujets.

          1. Avatar de Delphine
            Delphine

            Peut-être, mais ça a empiré depuis, notamment avec le nombre de connectés qui augmentent dans le monde, et les NFT justement

          2. Avatar de Thomas Hammoudi

            C’est… justement le tweet que je t’ai envoyé .
            La conso des datacenters est stable. Les usages explosent, mais pas la conso.
            L’optimisation semble être là.

  10. Avatar de Jean-Luc
    Jean-Luc

    Merci pour cet article fouillé et très clair. La blockchain est un système très sécuritaire qui, un jour, nous fera faire des économies sur les trop gros frais bancaires, notariaux, etc…tout en augmentant la sécurité. L’idée de la monnaie électronique s’est logiquement greffée dessus, et c’est une bonne idée. Le problème est que les possibilités spéculatives sont apparues chez les plus avertis qui ont mis au point les cryptomonnaies, suivis de près par les vendeurs de NFT qui ne sont là que pour faire de l’argent, y compris les artistes. Il n’y a aucune raison d’imaginer autre chose. Mais comme tu l’as bien montré, le beau rôle aura appartenu aux baleines ( le futur antérieur, c’est quand même pratique en français). D’ici quelque temps, les banques centrales émettront leur propre monnaie électronique comprenant « stabilité » ET fiabilité. Au passage, elles détruiront les cryptomonnaies « privées » et la spéculation. Là, ça pourrait être la débandade « en chaîne ». À partir de la les NFTs perdront tout « intérêt » et disparaitront spontanément avec l’argent des contribuants. La lenteur d’installation du système « public » est liée à sa complexité, au fait que chaque banque centrale va émettre sa monnaie électronique, et que les banques, auprès desquelles nous avons tous un compte, ne pourront plus charger des frais exorbitants, pendant que les notaires retourneront à l’agriculture. En tout cas, bravo, je suis impressionné par l’effort lié à la masse des connaissances acquises pour écrire cet article.

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Merci ! Content que tu aies apprécié
      Pour les états c’est compliqué je trouve. Qui va gérer les nœuds ?
      Si ce sont uniquement des structures publiques, on en revient au même que le système actuel.
      Et je ne sais pas si des privés s’investiront dedans. Et il faudrait aussi que les états s’accordent entre eux sur une monnaie numérique, sinon tu vas remplacer les frais bancaires par des taux de changes. Bon.

      Pour les notaires, c’est plus subtile : l’essentiel de ce que tu paies lors d’une transaction, ce sont des impôts/taxes.
      Elles ne disparaitront pas. Je crois que pour mon achat immobilier, les frais de notaires représentaient que 10% de tout ce qu’on a dû leurs verser.
      Et là encore : on enlève les notaires, mais qui atteste que l’échange est légal et permis ?
      C’est le serpent qui se mort la queue.

      1. Avatar de Jean Luc
        Jean Luc

        C’est clair qu’il y aura des taux de change puisque chaque pays aura sa propre monnaie, ce qui est politiquement indispensable à mon humble avis, mais il n’y aura plus de frais: 1 euro électronique restera 1 euro . Pour le notaire, tu as raison, mais il y aura quand même des frais en moins. Mais il est certain qu’il y a des intérêts contradictoires qui freinent le processus .

        1. Avatar de Thomas Hammoudi

          Bah du coup, si on est d’accord sur le besoin d’un notaire… A quoi sert la blockchain là-dedans ?
          Les notaires ont déjà des registres centralisés où déposer les actes. Je ne perçois pas la plus value.

          Ni en quoi, ça transformerait un notaire lent en meilleur. Ils facturent souvent au forfait sur le prix de la vente, pas au temps passé. Donc ils n’ont pas d’intérêt à ce que ça traine.

  11. Avatar de Hervé
    Hervé

    C’est très certainement l’article le plus documenté que j’aie eu sous les yeux à propos des NFT (beurk).
    Bravo et merci pour ce travail de Titan !
    Hervé

    1. Avatar de Thomas Hammoudi
  12. Avatar de Bruno Savatte
    Bruno Savatte

    Encore un article de référence!
    Merci de confirmer une intuition et de donner des arguments pour envoyer paître les chantres d’un avenir tout numérique et écocide.
    Un peu d’espoir …

  13. Avatar de Vincent

    Incroyable article, complet et passionnant de bout en bout. Quel travail ! Merci. Et les liens envoient vers des trucs super intéressants (je suis en train de lire l’article sur Spice DAO, c’est trop drôle).

    Personnellement, je m’y suis aussi intéressé l’année dernière, histoire de voir tout le buzz derrière, et le seul intérêt que j’y ai trouvé, comme pour les cryptos, c’est l’argent facile et sans travail. Rien à voir avec l’art. J’aimerais d’ailleurs voir une expo de NFT, où, au-dessus des descriptions style « Nom du photographe, lieu, année », on trouverait la chaîne de lettres et de chiffres du NFT. Ça ouvrirait un peu les yeux de certains.

    Je n’ai jamais acheté d’NFT, parce que le moindre idiot fait quelques traits sur Photoshop, dépense une grosse somme pour créer son NFT, essaie de le vendre 500 $, et ne comprend pas ensuite pourquoi ça ne se vend pas (j’ai vu des cas semblables).
    Mais j’ai acheté quelques dizaines d’euros de cryptos « pour voir », j’ai perdu mon téléphone cet été et n’ai plus accès à mon compte Kraken depuis (à cause de Google Authentificator, une appli que je conseille de ne JAMAIS utiliser, comme à peu près tout ce que fait Google d’ailleurs), ce qui permet de se rappeler que les sites de cryptos ne sont pas des banques…
    Bref, assez déçu de tout ça personnellement, content de voir un article qui dise la vérité sur le sujet.

    PS : tout le monde sait bien que le meilleur Star Wars, c’est « L’empire contre-attaque ».

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Merci pour ton retour

      Pour la 2FA authy/Twilio c’est bien !

  14. Avatar de Gérard Barré

    Trop bien traité tout ça. Une de mes analyses boursières était intitulée « Portes de saloon » au plus haut du cours du bitcoin. Qu’ est-ce que j’ avais pas fait là ! Crime de lèze-majesté qui ma vaut nom d » oiseau quand ce ne sont pas insultes haineuses. Je suis sans arrêt sollicité par Magnum pour acheter des tirages, (heureusement pas des NFT… ) et je vais me désinscrire de leur news-letter à l’ instant.

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