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John schnobrich flpc9 vocj4 unsplash - Peut-on encore critiquer la photographie ? - Thomas Hammoudi

Peut-on encore critiquer la photographie ?

Le travail de critique, dans une discipline artistique, a toujours souffert d’une image un peu ambiguë, étrange. D’un côté, il est absolument nécessaire, pour comprendre, appréhender, découvrir, une discipline où l’on n’est pas expert (je suis le premier à me référer à plus expert que moi pour le cinéma, la musique, le jeu vidéo ou la littérature).

Mais ça, c’est uniquement quand on est d’accord avec lui. Sinon, le critique n’est qu’un jaloux, raté et est assez mal vu. Comme si l’on était ce qu’on aime, et qu’y toucher, plutôt que de susciter la réflexion, revenait à nous critiquer nous, d’aimer ça (alors qu’on peut aimer des choses foireuses, j’ai eu une grosse période MCU d’ailleurs !). Un critique ciné qui déglingue un film est un réalisateur raté. Un critique qui déglingue un album est un musicien raté, et ainsi de suite. Ce qui d’ailleurs implique un corollaire assez étonnant : il faudrait savoir faire, et mieux, pour dire qu’une œuvre est bancale. À ce tarif, seul Christopher Nolan pourrait critiquer Les Tuche 4, c’est un peu ridicule. Pour m’intéresser à plusieurs disciplines, j’ai l’impression que c’est encore plus vrai en photographie. Que sur les réseaux, la moindre critique (qu’elle soit de qualité, amusante, amusée ou rapide) suscite des réactions épidermiques.

C’est d’autant plus étonnant que… ce sont souvent les plus vues. On déteste aimer la critique. Je suis Durendal depuis dix piges, et il n’a jamais fait autant de vues qu’en déglinguant les derniers Aliens de Ridley Scott et le très foireux Star Wars 8.

Image - Peut-on encore critiquer la photographie ? - Thomas Hammoudi

Notez qu’il le fait à juste titre, chacune de ces analyses étant sourcée, documentée, construite et pertinente. Les critiques sont populaires et pourtant parfois mal vues, paradoxe.

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de traiter un cas concret sur lequel je suis tombé il y a peu (et qui sera le prétexte de cet article), je voulais rappeler deux choses (parce que j’ai déjà traité ces sujets et qu’ils sont proches de celui-ci) :

  1. Il y a une forme d’anti-intellectualisme que l’on retrouve assez régulièrement en photographie. Regarder un YouTubeur déblatérer une kyrielle de spécifications pour savoir quel appareil est le plus qualifié pour photographier l’anus d’un ours en pleine nuit, c’est oui. Par contre, s’il faut détailler la pensée de Roland Barthes et son impact (encore très actuel) sur la discipline, là c’est « chiant ». Je vous renvoie à l’article pour plus de détails. Il a 5 ans, j’ai l’impression d’être Don Quichotte qui aurait trouvé son moulin.
  2. La culture est essentielle en photographie. Cela découle du point précédent. Elle est utile justement pour se forger un avis, être moins dépendant des experts et aussi plus à même d’en construire sa propre vision des choses. Sans surprise, la connaissance est émancipatrice.

Pour plus de détails, je vous invite à (re) lire ces deux articles :

P.S. : Je constate aussi, en relisant ces billets, que cela fait 4 ans que je dis que je devrais écrire davantage ici. Je crois qu'il faut que j'accepte que YouTube aura grignoté un peu du temps que je consacrais au Blog 😂

Un cas d’école

Thierry Magnan, alias « lepetitgarsnoir » sur Twitter (je ne dirai jamais « X », désolé 🤷🏻‍♂️) a posté ce message :

Image 1 - Peut-on encore critiquer la photographie ? - Thomas Hammoudi
Source

Pour vous donner un peu de contexte et qu’on comprenne bien les choses :

  • Thierry a un peu moins de 800 abonnés sur Twitter. Son tweet a fait 22 100 vues à l’heure où j’écris ces lignes. Il a donc touché une audience 27 fois plus large que la sienne à la base (c’est important, on y reviendra).
  • Kyler Steele a une audience d’environ 200 000 personnes (sur Twitter et sur Instagram, où il poste son travail). Son post d’origine a fait 1 million de vues, soit 50 fois plus que la réponse de Thierry. On peut déjà se dire qu’il s’agit d’une goutte d’eau, sans grande conséquence, dans un océan d’approbation (c’est important, on y reviendra).
  • Image 3 - Peut-on encore critiquer la photographie ? - Thomas Hammoudi
  • Image 2 - Peut-on encore critiquer la photographie ? - Thomas Hammoudi

Avant de détailler les réponses qui ont été faites à Thierry et de débunker un peu tout ça, posons-nous la bonne question : Est-ce que ce post est vraiment si vilain ? Nécessitait-il autant de larmes ?

À mon humble avis : non, il est juste potache. La référence aux extraterrestres est assez drôle : en effet, avec un ciel vert fluo, la question est légitime. Quoi qu’il en soit : évidemment que chaque photographe peut créer et exprimer sa vision dans son travail, qu’il soit photoréaliste ou pas. Le monde n’est pas en noir et blanc, et ça n’empêche pas cette technique de perdurer, et si vous voulez faire un ciel vert, allez-y.

Mais ici, on s’amuse un peu de ce qui est devenu un lieu commun en photographie :

  • Des « edits » comme on en voit passer des dizaines chaque jour sur Twitter. Un empilement de recettes que personne n’a demandé, nourrissant la bête affamée d’astuces, de recettes et de raccourcis.
  • Des couleurs pastels, nostalgiques, toujours à la recherche de cette petite vibe argentique, parce que ça va faire cliquer.
  • Une photographie tournée sur les US et le passé, nostalgique là encore des vieux cinés, des drive-ins et des stations-service.

Car si on est libre de créer comme bon nous semble, on est aussi libre de s’amuser un peu des formules qui se répètent. Qui semblent plus jouer sur l’habitude du spectateur à cliquer sur le bouton « like » en voyant ce genre d’images que d’émaner d’une véritable démarche d’auteur. Rigolons un coup, et passons à autre chose.

Sauf que ça n’a pas été le cas, qu’on a à peu près coché toutes les cases de la réaction à la critique, et que je trouve ça assez intéressant de décortiquer tout ça. Here we go.

Analyse des réactions classiques face à la critique

Dans cette partie, j’ai classé les réactions par types, car elles sont caractéristiques de ce qu’on peut voir passer dans ce genre de situation.

Comme je l’ai dit, le post de Thierry est un prétexte pour écrire cet article, parce qu’il est un exemple classique de réactions face à la critique. J’ai pris des captures d’écran des différents propos (et vous donne la source) pour illustrer cette partie et lui donner du corps. Mais notez bien qu’on s’en fout un peu de qui dit quoi. Et que si aujourd’hui c’est untel qui a eu ce type de réponse, demain ce sera une autre personne tant elles sont communes et usuelles.

Maintenant, on va démarrer par la première, qui a eu le mérite de me faire marrer (sans doute plus que le tweet de base !).

L’ironique effet Barbara Streisand

On va faire un peu de digression, mais promis, vous allez voir où je veux en venir.

On va faire ça en 3 temps :

  1. L’effet Streisand est un phénomène médiatique où la tentative de censurer ou de cacher une information aboutit paradoxalement à une plus grande publicité de celle-ci. Le nom vient de la célèbre chanteuse Barbara Streisand, qui avait tenté en 2003 de faire retirer des photos de sa propriété d’un site web, provoquant involontairement un intérêt massif pour ces images. Dans notre ère numérique, essayer d’étouffer une information peut rapidement se transformer en boomerang médiatique, attirant l’attention sur ce qu’on cherchait justement à dissimuler. C’est un peu comme si, en voulant cacher un petit feu de camp, on finissait par déclencher un feu d’artifice visible à des kilomètres à la ronde. Ironie du sort ou justice poétique du web, l’effet Streisand nous rappelle que parfois, le silence est d’or, surtout quand on veut passer inaperçu sur internet.
  2. Autre point, une des remarques que j’ai sans doute le plus eues (venant de nos amis les boomers) c’est le fameux « ma grand-mère m’a toujours appris qu’on ne dit pas ‘c’est nul’ mais ‘je n’aime pas’ », souvent assorti d’une espèce d’injonction à rester dans le rang. À ne pas dire quand on n’aime pas et à simplement passer son chemin. Se concentrer que sur le positif, l’exprimer, et ignorer le reste, avec des phrases du type « Pourquoi autant d’énergie pour dire que tu n’aimes pas ceci alors que tu pourrais la consacrer à parler de ce que tu aimes ? » que j’ai dû entendre ça 2 494 fois environ.
  3. Et pour terminer, parmi les premières réponses au tweet on retrouve deux personnes avec une grosse audience sur Twitter (d’environ 40 000 abonnés chacun) j’ai nommé : Louis Dazy et Jonathan Bertin.

Est-ce que vous saisissez à quel point la combinaison de ces 3 points est ironique ? 🤔

Plutôt que de ne rien dire et de laisser le tweet tomber aux oubliettes, ces 2 comptes lui ont donné une visibilité énorme et permis d’atteindre une audience bien plus large que ce que l’auteur fait d’habitude (on parle de centaines ou milliers de vues, pas des dizaines de milliers comme ici).

En voulant répondre à un tweet pour envoyer des tartines d’injonction à la positivité, ils ont donné une visibilité énorme à cette « négativité ». Bien joué la team 👍🏻

Le relativisme

C’est un classique, le saint des saints, et il aurait été dommage qu’il ne pointe pas le bout de son nez dans cette séquence de haute volée. Je parle bien sûr de notre ami le relativisme :

Image 6 - Peut-on encore critiquer la photographie ? - Thomas Hammoudi - Internet
Source

Le relativisme, c’est un peu le joker des débats, la carte « sortie de prison » des discussions houleuses. C’est cette idée ô combien pratique que toutes les opinions se valent, que tout est subjectif, et qu’au final, personne n’a vraiment tort ou raison. C’est le copain qui vous sort « Oui, mais c’est ton avis » quand vous dites que mettre de l’ananas sur une pizza devrait être un crime contre l’humanité. En gros, c’est l’équivalent intellectuel d’un match nul où tout le monde repart avec une médaille de participation. Comme à la FIAP, mais en gratuit.

Dans la photographie, le relativisme, c’est ce bon vieux « tous les goûts sont dans la nature » qu’on vous sort quand vous osez dire que peut-être, juste peut-être, transformer chaque cliché en arc-en-ciel saturé n’est pas le summum de la pratique artistique. C’est pratique, ça évite les conflits, ça fait plaisir à tout le monde… mais ça tue aussi un peu le débat, la critique constructive, et l’évolution de l’art. Après tout, si tout se vaut, pourquoi chercher à s’améliorer ?

Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet, s’il vous intéresse, j’y ai consacré une grosse partie ici :

L’injonction à la positivité

Ci-après, un petit florilège des réponses que j’ai dégotés au tweet initial (et encore une fois, caractéristiques de ce qu’on retrouve généralement) :

Comme je l’ai dit, on part d’une blague assez potache (qui pourrait être une vanne de stand-up, rien de vilain). Et on retrouve de belles quantités d’Ad personam :

  • L’auteur devient un idiot. Il n’est plus capable de faire des phrases raisonnables, de l’humour subtile, mais juste du « gneu gneu j’aime pas », comme s’il avait 3 ans. Sérieusement ?
  • C’est toujours « dommage » cette « négativité permanente » (on y revient dans la partie suivante). Parce que s’il était uniquement positif, là ça serait parfait. Mais ici, c’est trop (spoiler : non).
  • Il est désormais « condescendant » (qui est un synonyme de « hautain » et « supérieur »), « méprisant » et « à deux doigts de l’insulte », il faudrait « doser ». Que le message soit moqueur, c’est une évidence. Mais là on est dans l’exagération ridicule.

Oser critiquer une photographie (et sans être un bourrin, vous me l’accorderez) c’est s’exposer à ça. Une injonction forte à se calmer, rentrer dans le rang, redevenir positif.

D’ailleurs, si le but c’est d’appeler à la positivité, vous m’accorderez que c’est foiré. Où est la positivité dans chacun de ces messages ? Ces réactions exagérées sont-elles positives ?

Bref, j’ai du mal à saisir le but de la manœuvre ici. Je me demande si cette pression pour ne pas faire de vagues, ce n’est pas une façon indirecte de s’assurer que la prochaine balle perdue ne sera pas pour soi. Si tout le monde est gentil, si tout est subjectif, peu importe ce que je poste ça sera toujours positif et je peux rester confortablement avec mes œillères. Mais peut-être que je me trompe 🤷🏻‍♂️

Critiquer c’est subir l’essentialisation

Cette partie découle de la précédente, si bien que certains exemples de l’un pourraient aller dans l’autre et inversement. Ce que l’on lit entre les lignes, c’est une essentialisation, c’est l’acte de réduire un individu à une seule de ses dimensions. Ce n’est plus un avis qui pose problème, mais la personne dans son ensemble, par son comportement.

Ce phénomène est amplifié par une autre tendance de notre cerveau : le biais de négativité. Le biais de négativité est le phénomène selon lequel les individus sont plus profondément affectés par les expériences négatives que par les positives, accordent plus d’importance aux informations négatives, en retirent davantage d’enseignements et les utilisent plus fréquemment.

J’avoue que l’addition des deux m’arrive assez régulièrement. Je peux produire +100 articles sur la photographie, +150 vidéos et 20h de formation sur la créativité, on va retenir la vidéo sur la macro et celle où je dis de ne pas acheter un appareil.

Et clairement, dans le cas présent, on en est en plein dedans. Thierry râle régulièrement sur son compte, partage ses coûts de cœur, son travail. Mais s’il critique une photographie, désormais :

  • Il a toujours « des avis de merde ». Ce n’est pas une fois, ponctuel, c’est permanent.
  • Il a « très souvent » des avis « agressifs et mauvais ».
  • Il est « intolérant » et semble « mépriser » tout ce qui ne lui plaît pas,
  • Il pense « détenir l’unique vérité sur l’art » (ça c’est un de mes arguments préférés, je l’ai à chaque fois que la personne ne sait pas trop quoi dire en face et est juste pas contente d’avoir eu un avis contraire au sien à lire).

Si ça n’est pas une essentialisation sauce biais de négativité, qu’est-ce que c’est ? À partir de quand émettre une critique (respectueuse, on y reviendra) justifie ce genre de positions ? À part faire taire tout le monde, et transformer les réseaux sociaux où sont les photographes en une usine à bullshit positif de type LinkedIn, c’est quoi le but ?

Ps² : Etonnement, entre la publication des messages et l'écriture de cet article, le compte @Wilhurtjaws a disparu des internets. C'est quand même pratique les captures d'écran 😊.

Le jugement par les chiffres

Un autre de mes arguments préférés et qui revient souvent quand quelqu’un émet une critique : le jugement par les chiffres.

Image 7 - Peut-on encore critiquer la photographie ? - Thomas Hammoudi - Internet
Source

Je comprends parfaitement l’intérêt pour cet argument et l’appétence pour les chiffres, surtout quand on bénéficie soi-même de leur aura. Cependant, est-ce vraiment raisonnable comme approche ?

Pour ma part, j’y vois plusieurs problèmes :

  • Est-ce qu’en répondant ça à une personne qui ne comprend pas un travail photographique, elle le comprend mieux ? J’en doute personnellement.
  • Est-ce qu’on doit regarder les statistiques d’une image avant de pouvoir émettre un avis ? Au final, ne devrions-nous pas tous porter un badge avec notre nombre d’abonnés et cie, histoire de savoir qui a le droit de l’ouvrir dans une conversation ?

J’aurais tendance à répondre non et non.

Je n’ai jamais compris en quoi les chiffres étaient pertinents pour analyser la qualité des images. Sinon il suffirait de toutes les classer par likes pour savoir quoi mettre dans les musées.

Les deux ne sont pas corrélés : il y a des photographes avec une grosse audience (et donc beaucoup de likes) mais des travaux médiocres, ou une petite audience et des travaux excellents, parfois les deux sont équilibrés dans un sens ou dans l’autre… bref. Rien de très nouveau. Il y aura toujours des œuvres de niche et plus confidentielles, des trucs mainstream, populaires et pas forcément qualitatifs, avec toutes les nuances entre les deux. C’est le cas pour tous les arts et la photographie n’y échappe sûrement pas.

Sortir le joker des chiffres n’impressionne pas forcément les bonnes personnes, et le fait qu’un travail trouve une audience n’est pas un gage de qualité.

L’usage de la difficulté d’être photographe et la « bienveillance »

Et on terminera par ce tweet de Jonathan pour cette dernière partie de l’article :

Image 5 - Peut-on encore critiquer la photographie ? - Thomas Hammoudi - Internet
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Ps² : N'y voyez pas un quelconque acharnement. Je l'ai déjà entendu dans d'autres bouches avant la sienne et je l'entendrai sans doute passer encore plein de fois. Rien de neuf sous les tropiques 🌴.

Bon déjà, je ne cache pas que l’appel à la bienveillance me fait sourire. Où était la bienveillance dans tous les échanges que je vous ai montrés ? 🤔

J’ai plutôt l’impression que le discours général combinant l’injonction à la positivité + l’essentialisation + le biais de négativité aboutit à un ensemble plutôt paternaliste, où l’on explique à Thierry comment être et se comporter, comment soigner son image pour conserver ses abonnés (une personne dit avoir arrêté de le suivre à cause de ça). Sans que cela ne soit bien évidemment sollicité, ni sans non plus porter sur le vrai sujet : l’image dont il est question. Attend-on les aliens bordel ? 👽🛸

De même, les difficultés inhérentes au métier de photographe et que nul n’ignore (tant les lettres ouvertes et appels d’une profession en crise sont récurrents) sont toujours évoquées dans ce contexte. Il faut être sympa et positif, parce que le métier est dur, okay. Mais pourquoi n’en parle-t-on que là ? Où sont les articles, critiques et autres évocations de ce sujet ? Je ne parle pas spécialement de Jonathan, hein, je constate juste que cet argument semble employé uniquement dans ce contexte et jamais quand il faut vraiment traiter le sujet.

Et puis bon, on ne va pas se mentir, ce ne sont pas forcément les plus à plaindre qui évoquent le sujet. La carte est sans doute (trop) facile à jouer. Range-moi donc ce Dragon blanc aux yeux bleus.

The big picture

Bon, je pense qu’on a fait le tour du sujet. Après la lecture de la partie précédente, je pense que vous avez une bonne idée de ce à quoi on peut s’exposer en râlant un peu sur la photographie sur internet, de quels sont les lieux communs qui pourraient vous tomber dessus, et surtout, quelles sont leurs limites. J’ai pris un exemple (qui m’arrangeait bien car très complet) issu de ce tombeau de caca qu’est Twitter, mais, pour l’avoir vécu, vous pourriez tomber sur exactement le même genre de discours sur Facebook ou YouTube (Instagram étant structurellement moins propice à ce genre de choses).

Maintenant, j’aimerais qu’on prenne un peu de recul sur le fond et que les têtes échaudées par ce genre de propos refroidissent un peu.

Critiquer, c’est utiliser sa liberté d’expression, qui est une liberté fondamentale, constitutionnelle. Elle a évidemment des limites, mais elle existe. C’est d’ailleurs assez paradoxal pour les photographes de s’en targuer quand ça aide à faire de la photographie de rue, mais de rechigner à l’accepter quand on s’en sert pour s’exprimer sur des travaux photographiques. Hum, hum.

Plus largement, et au-delà de cette approche très légale : une discipline qui ne s’autorise pas l’humour et l’auto-critique est vouée à se scléroser, mourir et disparaître. La photographie sera vivante, évoluera et progressera tant qu’on aura justement cette démarche, de s’amuser de certaines pratiques, d’en apprécier d’autres et de confronter tout ça. C’est comme ça qu’elle respire, qu’elle trouve parfois un nouvel air frais.

Plus spécifiquement, imaginez un monde où l’injonction à la positivité l’aurait emporté et pensez aux débutants. Comment savoir ce qui est bien ? Ce qui est convenu, déjà vu ? Ce qui doit être amélioré ? Ce qui est inspirant et nouveau ? Comment faire tout ça, si le seul mot à la bouche des photographes, c’est « bravo » ?

Enfin : redescendez. Je suis assez choqué de la disproportion entre le message de base, les réponses qui en découlent et le portrait de l’auteur qui en est fait. On ne parle pas d’insulte. On ne parle pas de harcèlement en ligne. On ne parle pas d’humiliation ou de ridiculiser des débutants. Simplement d’un photographe qui râle un peu, s’amuse d’une pratique qui commence à être éculée, sans impacter personne ni changer la vie de personne. Et si ça vous ennuie, faites comme Barbara aurait dû le faire : passez votre chemin.

Conclusion

Pour conclure : osez critiquer, vous exprimer, confronter vos idées, et gardez cet article dans un coin de votre tête pour repérer les lieux communs des gens que ça rendra épileptiques. Pour finir sur une note plus positive : allez voir le travail de Thierry. Il râle un peu, mais il est chouette 🦉 et jusqu’à présent, il n’a pas vu d’extraterrestres.


Je ne savais pas trop quoi vous partager. Vous aurez donc droit au melting pot de ce que j’écoute le plus en ce moment (et pour l’éternité, la playlist se met à jour quotidiennement).


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Commentaires

4 réponses

  1. Avatar de Christophe Dalem
    Christophe Dalem

    En lisant ton article, je me rends compte à quel point tu peux parfois être aggressif. Ça ne m’étonne pas que tu suives des gens qui le sont également.
    Mais je ne vous en veux pas.

    Seuls ceux qui les ont vus sachent !

    David Vincent

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Je réponds à David Vincent ou Christophe Dalem ?
      Les deux noms s’affichent.

      « à quel point tu peux parfois être aggressif »

      Dixit la personne qui commence son message par un commentaire sur ma personne directement et non sur l’article 😅

      Du reste, je ne considère pas que Thierry le soit. Je le suis sur YouTube, Insta et Twitter. Il râle un peu sur ce dernier compte, mais ça me semblerait exagéré de dire qu’il « agresse » des gens dessus.

  2. Avatar de Vincent

    Excellent article encore une fois, franchement tu devrais penser à mettre tout ça dans un livre. Par contre : Durendal ? Non, non 😂. Sur Youtube, Le Fossoyeur de films fait de bonnes choses (2 excellentes analyses récentes sur l’état du cinéma grand public). Mais LA meilleure chaîne cinéma c’est Of Stories of Old. C’est de l’analyse philosophique, pas de la critique par contre.

    1. Avatar de Thomas Hammoudi

      Merci 😊. J’pense que si je mets tout ça bout à bout dans un bouquin il va faire 5 594 pages 😂.
      Et j’aime bien la souplesse d’écrire en ligne.

      Par contre, je reste sur Dudu. C’est ma petite madeleine de Proust des internets, ça me rappelle le YouTube des débuts. J’aimais bien le Fossoyeur aussi (bien que je ne le suive plus trop), l’autre chaîne je ne connais pas. Je regarderai ✌🏻

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