Introduction
Il doit y avoir autant de façons d’apprendre et de découvrir que de personnes. Comme vous l’avez sans doute déjà compris, si cet article n’est pas le premier du blog que vous lisez, mon dada à moi c’est plutôt les livres.
N’empêche que j’aime aussi beaucoup le cinéma, particulièrement quand je peux y découvrir l’œuvre et la pensée de certains artistes, ou me plonger dans l’univers de la photographie.
J’avais déjà un peu parlé de vidéos consacrées à la photographie dans cet article sur YouTube :
Pour faire la part des choses, celui-ci est plus consacré aux longs métrages, avec de la narration (en cela, il est différent des reportages et chaînes YouTube présent dans l’autre article, bien que la démarcation puisse être sujette à débat).
J’ai aussi prévu une partie sur les films (ou séries) ayant une photographie qui m’a marquée (mais ne portant pas forcément sur la photographie), et l’inverse juste après. La liste pourrait en être sans fin, tant le cinéma regorge de pépites, mais je me suis concentré sur ceux que j’ai le plus appréciés.
Comme pour tous les articles de type « ressources« , celui-ci est amené à évoluer au fur et à mesure de mes découvertes, pensez à le garder dans un coin.
Films et documentaires sur la photographie
Finding Vivian Maier
C’est par hasard que John Maloof mit la main sur les photos de Vivian Maier en 2007, lors d’une vente aux enchères où il était venu acheter des images pour un livre. Il a ensuite cherché à reconstituer son histoire, et à mettre son travail en lumière son travail. S’en est suivi un grand nombre d’expositions partout dans le monde.
Le film retrace l’histoire de cette découverte. Vivian Maier, une mystérieuse inconnue, photographe reconnue aujourd’hui comme une Street Photographer majeure du XXème siècle. Elle est née à New York, d’une mère française, et d’un père ayant disparu assez tôt. Sa vie familiale semble avoir été assez chaotique, sans que le film ne s’étale trop sur cet aspect. Elle réside par la suite à Chicago. Vivian Maier était inséparable de son appareil Rolleiflex et prit tout au long de son existence plus de 100 000 photographies sans (quasiment) jamais les montrer. C’est principalement cela qui crée le mystère si fascinant autour de son personnage.
Pour être libre d’exercer son art quand elle le voulait, Vivian Maier fut une nanny toute sa vie, souvent excentrique, à en croire ce que racontent les enfants qu’elle a gardés. Elle pouvait être assez lunatique, voire méchante, ce qui s’explique sans doute par son passé. Lequel explique à son tour un peu son comportement de collectionneuse (d’instantanés photographiques tout comme d’autres objets) assez mystérieux.
Le film retrace donc la découverte de la vie et du regard hors du commun de cette femme sur le monde, un must-see très bien réalisé et documenté.
La bande annonce :
Ps: Je parle aussi de Vivian Maier dans cette vidéo (ne vous fiez pas au titre).
Everybody street
« Everybody Street »nous éclaire sur la vie et le travail des photographes de rue les plus iconiques de New York, ainsi que sur cette ville qui les a inspirés pendant des décennies. Le documentaire rend hommage à leur esprit via une exploration cinématographique de la ville, et nous présente la course, singulière, pleine de persévérance, et parfois d’un danger immédiat, qu’ils ont effectuée. La réalisation est très léchée (entre témoignages de photographes et d’historiens, images d’époques et photographies). Au programme on retrouve (ceux que j’ai préférés en gras) :
Bruce Davidson, Elliott Erwitt, Jill Freedman, Bruce Gilden, Joel Meyerowitz, Rebecca Lepkoff, Mary Ellen Mark, Jeff Mermelstein, Clayton Patterson, Ricky Powell, Jamel Shabazz, Martha Cooper, et Boogie, avec les historiens Max Kozloff et Luc Sante.
La bande annonce :
D’ailleurs, si ce genre de reportage c’est votre came, il y en a un autre du même acabit ici :
Le sel de la Terre
Sebastião Salgado est le dernier représentant d’une espèce en voie de disparition : les grands reporters du XXe siècle. Cela fait plus de 40 ans qu’il parcourt le monde, et photographie une humanité troublée, en pleine mutation, en plein combat. Il a témoigné de tout, et surtout du pire : conflits armés, famines, exodes, génocides, à en perdre sa santé. Après une petite pause « Je plante des arbres, je me refais une santé », il se lance à la découverte de territoires vierges aux paysages grandioses, à la rencontre d’une faune et d’une flore sauvages dans un gigantesque projet photographique, hommage à la beauté de la planète. Cela a donné lieu à l’ouvrage Genesis, qui est raconté dans sa biographie aussi (tout est dans la bibliographie).
Sa vie et son travail nous sont révélés par les regards croisés de son fils, Juliano, qui l’a accompagné dans ses derniers périples et de Wim Wenders, lui-même photographe. Son amour des hommes et de la vie sont assez touchants, et portent le film, même dans les passages les plus difficiles.
N’hésitez pas à mettre les sous-titres, car il parle français, mais avec un accent brésilien à couper au couteau.
La bande annonce :
Annie Leibovitz: Life through a lens
Ce film fait partie de la série American Masters, mais j’avoue ne pas en avoir vu d’autres. Il détaille la vie de la photographe de renom Annie Leibovitz qui a décidé de dévoiler, devant la caméra attentive de sa jeune sœur, son processus artistique, son parcours personnel et sa méthode pour allier avec intelligence travail et vie de famille. Un grand nombre de célébrités témoignent de leurs collaborations avec elle, telles que Demi Moore, George Clooney, Patti Smith ou Chris Rock. Elle donne également sa vision sur le monde dans lequel nous vivons en dénonçant par exemple les massacres du Rwanda ou du Sarajevo.A voir si vous aimez le portrait ! La bande annonce ici :
Guest of Cindy Sherman
« Guest of Cindy Sherman » est un documentaire réalisé par Paul Hasegawa-Overacker et Tom Donahue, sorti en 2008. Ce film porte sur la vie et l’œuvre de Cindy Sherman, l’une des photographes contemporaines les plus influentes et énigmatiques.
Contrairement aux autres films de cette liste, « Guest of Cindy Sherman » n’est pas tant remarquable pour sa photographie que pour son sujet. Le documentaire explore le monde de la photographie artistique à travers le prisme de la relation personnelle entre Paul H-O et Cindy Sherman. La caméra capture des moments rares dans l’atelier de Sherman, offrant un aperçu de son processus créatif et de ses célèbres autoportraits transformateurs. Le film mêle habilement des séquences d’archives, des entretiens avec des figures importantes du monde de l’art, et des images des œuvres de Sherman. Bien que la qualité photographique du documentaire lui-même soit plus fonctionnelle qu’esthétique, il parvient à mettre en valeur le travail de Sherman. Le film soulève des questions intéressantes sur la célébrité dans le monde de l’art, l’identité et la représentation de soi, thèmes centraux dans l’œuvre de Sherman.
Mapplethorpe: Look at the Pictures
« Mapplethorpe: Look at the Pictures » est un documentaire réalisé par Fenton Bailey et Randy Barbato, sorti en 2016. Ce film offre un portrait approfondi et sans compromis de Robert Mapplethorpe, l’un des photographes les plus controversés et influents du XXe siècle.
Le documentaire se distingue par son approche directe et sa volonté de montrer l’œuvre de Mapplethorpe dans toute son audace et sa complexité. Les réalisateurs ont eu accès à une vaste archive de photographies, y compris des œuvres rarement vues, ainsi qu’à des entretiens inédits avec Mapplethorpe lui-même. La photographie est au cœur du film, qui présente de nombreuses images emblématiques de l’artiste, des portraits élégants aux œuvres érotiques provocantes qui ont fait sa renommée et suscité la controverse. Le documentaire explore également le processus créatif de Mapplethorpe, sa technique photographique méticuleuse et son approche de l’éclairage et de la composition. À travers des entretiens avec des amis, des amants, des membres de la famille et des figures du monde de l’art, le film dresse un portrait nuancé de l’artiste et de son époque. « Mapplethorpe: Look at the Pictures » ne se contente pas de célébrer le talent du photographe, mais examine aussi les questions de censure, de sexualité et de représentation dans l’art qu’a soulevées son œuvre.
Henri Cartier-Bresson : Biographie d’un regard
« Henri Cartier-Bresson : Biographie d’un regard » est un documentaire réalisé par Heinz Bütler, sorti en 2003. Ce film offre un portrait intime et révélateur de Henri Cartier-Bresson, considéré comme l’un des pères fondateurs du photojournalisme moderne et un maître de la photographie du XXe siècle.
Le documentaire se distingue par son approche respectueuse et contemplative, reflétant le style même de Cartier-Bresson. Il présente une riche sélection des photographies les plus emblématiques de l’artiste, illustrant son concept célèbre de « l’instant décisif ». La caméra de Bütler capture Cartier-Bresson, alors âgé de 93 ans, dans des moments de réflexion sur sa vie et son œuvre. Le film explore en profondeur la philosophie photographique de Cartier-Bresson, sa technique de prise de vue discrète et son approche humaniste du photojournalisme. À travers des entretiens avec l’artiste lui-même, ainsi qu’avec des collègues et des experts, le documentaire offre un aperçu précieux de la méthode de travail de Cartier-Bresson et de son impact sur le monde de la photographie. « Biographie d’un regard » met également en lumière les expériences de Cartier-Bresson en tant que prisonnier de guerre, son rôle dans la fondation de l’agence Magnum Photos, et son passage ultérieur au dessin.
In No Great Hurry: 13 Lessons in Life With Saul Leiter
« In No Great Hurry: 13 Lessons in Life With Saul Leiter » est un documentaire réalisé par Tomas Leach, sorti en 2013. Ce film offre un portrait intime et contemplatif de Saul Leiter, photographe pionnier de la photographie couleur et figure discrète mais influente de la scène artistique new-yorkaise des années 1950.
Le documentaire se démarque par son rythme posé et sa structure en 13 « leçons », reflétant l’approche tranquille et réfléchie de Leiter envers la vie et l’art. La caméra de Leach suit le photographe, alors octogénaire, dans son appartement encombré de l’East Village, rempli de négatifs, de peintures et de souvenirs. Le film met en valeur les photographies emblématiques de Leiter, connues pour leur utilisation subtile de la couleur et leur composition poétique des scènes de rue new-yorkaises. À travers des conversations intimes et des moments de création, le documentaire explore la philosophie de Leiter sur la photographie, son approche de la couleur bien avant qu’elle ne devienne populaire, et sa vision unique de la beauté dans le quotidien. « In No Great Hurry » offre également un aperçu de la modestie de Leiter et de son détachement face à la célébrité, malgré son influence significative sur la photographie contemporaine. C’est une exploration touchante et révélatrice de la vie et de l’œuvre d’un artiste qui a transformé la photographie de rue en une forme d’expression poétique et colorée.
Et si vous voulez en apprendre plus sur son parcours, c’est par ici :
Trilogie documentaire sur William Eggleston
William Eggleston, pionnier de la photographie couleur et figure majeure de l’art contemporain, a fait l’objet de plusieurs documentaires explorant sa vie et son œuvre. Et comme, vous le savez sans doute, c’est mon photographe préféré, on ne va pas bouder notre plaisir. Voici trois films notables qui offrent un aperçu approfondi de son travail :
- « William Eggleston in the Real World » (2005) – Réalisé par Michael Almereyda, ce documentaire suit Eggleston dans son quotidien, offrant un portrait intime du photographe. Le film explore la méthode de travail d’Eggleston, sa vision artistique unique et son impact sur la photographie contemporaine.
- « By the Ways: A Journey with William Eggleston » (2006) – Dirigé par Vincent Gérard et Cédric Laty, ce documentaire offre une perspective plus large sur la vie et l’œuvre d’Eggleston. À travers un voyage entre l’Amérique et l’Europe, le film explore l’influence d’Eggleston sur l’art et la culture visuelle.
- « The Colourful Mr. Eggleston » (2009) – Partie de la série « Imagine » de la BBC, ce documentaire se concentre sur l’utilisation révolutionnaire de la couleur par Eggleston. Il examine comment son approche a transformé la perception de la photographie couleur dans le monde de l’art.
Ces trois documentaires, chacun avec sa propre approche, offrent ensemble un portrait complet de William Eggleston. Ils explorent son processus créatif, son influence sur l’art contemporain, et la façon dont il a révolutionné l’utilisation de la couleur en photographie. Pour les amateurs de photographie et d’art contemporain, cette trilogie documentaire constitue une ressource précieuse pour comprendre l’œuvre et l’héritage de cet artiste majeur.
Ps : oui, le 3e documentaire n'a pas de jaquette 😅. Par contre il est en entier sur YouTube 😀
Fictions sur la photographie
La photographie est un domaine artistique qui a inspiré de nombreux réalisateurs. Entre photographes de guerre, histoires d’amour et meurtres en noir et blanc, la photo se glisse dans de nombreux films ; ça sera la partie la plus légère de cette article. Celle devant lequel on peut se poser et dire « boarf, ça parle photo, on y va ». Exception faite du premier, qui est un petit chef d’oeuvre.
Blow-up
Le film se passe dans un parc de Londres, où un jeune photographe surprend ce qu’il croit être un couple d’amoureux. Il découvre sur la pellicule une main tenant un revolver et un corps allongé dans les buissons, ainsi débutera l’intrigue. J’ai bien aimé le travail sur les couleurs dans le film, je vous laisse consulter cette source, si vous voulez une analyse cinématographique détaillée du film de Michelangelo Antonioni.
La bande annonce :
Rear Window
Chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, « Fenêtre sur cour » (Rear Window) met en scène James Stewart dans le rôle de L.B. Jefferies, un photographe cloué chez lui avec une jambe dans le plâtre. Armé de son appareil photo et d’un téléobjectif, il passe son temps à observer ses voisins à travers la fenêtre de son appartement, jusqu’à ce qu’il soupçonne l’un d’eux de meurtre. Hitchcock utilise magistralement le point de vue du photographe pour construire son intrigue, transformant l’appareil photo en outil de voyeurisme et d’investigation. Le film est une réflexion sur le regard, l’éthique du photographe et les limites entre observation et intrusion. La mise en scène ingénieuse et le suspense hitchcockien en font un classique incontournable pour tout amateur de photographie et de cinéma. « Fenêtre sur cour » reste un exemple parfait de l’utilisation de la photographie comme élément central dans le cinéma.
One Hour Photo
Dans ce thriller psychologique, Robin Williams livre une performance glaçante dans le rôle de Sy Parrish, un technicien photo solitaire travaillant dans un laboratoire d’une heure. Obsédé par une famille dont il développe les photos depuis des années, Sy s’immisce progressivement dans leur vie. Le film explore les thèmes de la solitude, de la vie privée et de l’obsession à travers le prisme de la photographie. La réalisation de Mark Romanek utilise brillamment les couleurs et les cadrages pour créer une atmosphère oppressante, reflétant l’état mental du protagoniste. « One Hour Photo » offre une réflexion fascinante sur le pouvoir des images et notre relation avec elles à l’ère pré-numérique.
L’homme qui voulait vivre sa vie
Paul Exben a tout pour être heureux : une belle situation professionnelle, une femme et deux enfants magnifiques. Sauf que cette vie n’est pas celle dont il rêvait. Un coup de folie va faire basculer son existence, l’amenant à endosser une nouvelle identité qui va lui permettre de vivre sa vie. Nouvelle vie, qui, vous vous en doutez, inclut pas mal de photographie. En plus il y a Romain Duris, que demande le peuple ?
La bande annonce :
La Vie rêvée de Walter Mitty
Walter Mitty travaille pour le magazine Life au service négatifs, ce qui est (et je pense que nous partagerons ce point de vue) un job pas dégueulasse. Pour fuir son quotidien, il s’invente des aventures dont il est le héros (dans sa tête). Tout change le jour de son anniversaire où il reçoit une pellicule de Sean O’Connell, un photographe à la renommée mondiale (dans la vraie vie). Dans un message, Sean lui recommande d’utiliser la photo du négatif n°25 pour la prochaine couverture de Life, mais celle-ci est introuvable. S’en suit un voyage à travers le monde pour retrouver la trace du photographe et du mystérieux négatif. C’est bien réalisé, relativement drôle, et le personnage joué par Sean Penn est une caricature de photographe animalier (que j’ai adorée). Une partie du film se passe en Islande, ce qui est quand même un coin bien cool à photographier.
La bande annonce :
Films à la photographie marquante
There Will Be Blood
« There Will Be Blood », réalisé par Paul Thomas Anderson, est un chef-d’œuvre cinématographique dont la photographie joue, sans surprise, un rôle crucial dans la narration. Le film, sorti en 2007, a eu comme directeur de la photographie Robert Elswit, qui a remporté l’Oscar de la meilleure photographie pour ce travail. Je profite pour glisser, au passage, que c’est sans doute mon film préféré, pour toutes ses qualités. 😊
La photographie d’Elswit se caractérise par une utilisation magistrale de la lumière naturelle, capturant avec précision l’atmosphère aride et oppressante des champs pétrolifères du début du XXe siècle. Les vastes paysages désertiques contrastent avec les scènes intérieures sombres et claustrophobiques, reflétant visuellement la dualité du personnage principal, Daniel Plainview. Elswit emploie des compositions soigneusement élaborées et des mouvements de caméra fluides qui accentuent la tension dramatique du récit. L’utilisation de plans larges pour les scènes extérieures et de gros plans intenses pour les moments plus intimes contribue à créer une expérience visuelle immersive. La palette de couleurs, dominée par les tons terreux et les ombres profondes, renforce l’atmosphère menaçante et l’âpreté du monde dépeint. Cette approche visuelle, combinée à des performances d’acteurs exceptionnelles, notamment celle de Daniel Day-Lewis dans le rôle principal, a été largement saluée par la critique comme étant essentielle à la puissance narrative et émotionnelle du film.
Dune (Partie 1 et 2)
L’adaptation par Denis Villeneuve du roman de science-fiction de Frank Herbert se démarque par son approche visuelle distinctive. En collaboration avec le directeur de la photographie Greig Fraser, Villeneuve propose une interprétation cinématographique qui met l’accent sur l’aspect photographique de l’œuvre.
La photographie de « Dune » se caractérise par l’utilisation prédominante de la lumière naturelle et une palette de couleurs qui oscille entre les tons chauds des déserts d’Arrakis et les nuances plus froides des environnements technologiques. Les compositions, souvent géométriques, exploitent pleinement le format IMAX pour capturer l’immensité des paysages désertiques. Cette approche visuelle sert non seulement à illustrer l’univers de Herbert, mais aussi à souligner les thèmes du récit, notamment le contraste entre nature et technologie. Bien que certains critiques aient noté une certaine froideur dans le traitement visuel, la majorité s’accorde à reconnaître la qualité technique et l’ambition esthétique de ces deux films.
Grand Budapest Hotel
Le film retrace les aventures de Gustave H, l’homme aux clés d’or d’un célèbre hôtel européen de l’entre-deux-guerres et du garçon d’étage Zéro Moustafa, son allié le plus fidèle. La recherche d’un tableau volé, oeuvre inestimable datant de la Renaissance et un conflit autour d’un important héritage familial forment la trame de cette histoire au cœur de la vieille Europe en pleine mutation. Le film est réalisé par Wes Anderson et présente un casting des plus alléchants : Ralph Fiennes, Willem Dafoe, Edward Norton, Jeff Goldblum, Tilda Swinton, Owen Wilson, Bill Murray, Léa Seydoux… (et j’en ai oublié la moitié).
Je l’ai retenu dans cette liste pour sa composition exemplaire : symétries, cadre dans le cadre, jeu sur les ratios, choix des couleurs pour séparer les époques. Une petite pépite à dévorer sans hésiter.
La bande annonce :
Koyaanisqatsi
« Koyaanisqatsi », réalisé par Godfrey Reggio en 1982, est un film expérimental qui se démarque par son approche unique de la photographie et du montage. Ce documentaire sans dialogue, dont le titre signifie « vie déséquilibrée » en langue hopi, offre une réflexion visuelle sur la relation entre l’humanité, la technologie et la nature. Il est le premier volet d’une trilogie, suivi par « Powaqqatsi » (1988) et « Naqoyqatsi » (2002), formant ensemble la trilogie des Qatsi.
La photographie de Ron Fricke est au cœur de l’expérience « Koyaanisqatsi ». Utilisant des techniques innovantes pour l’époque, comme les time-lapses et les prises de vue aériennes spectaculaires, Fricke capture des images saisissantes de paysages naturels et urbains. Le film alterne entre des vues grandioses de la nature vierge et des scènes frénétiques de la vie urbaine moderne, créant un contraste visuel intéressant. Les mouvements de caméra lents et fluides, combinés à des accélérations soudaines, donnent au film un rythme hypnotique qui accompagne parfaitement la musique minimaliste de Philip Glass. La qualité photographique de « Koyaanisqatsi » ne se limite pas à son esthétique ; elle est aussi le vecteur principal du message du film sur le déséquilibre entre la nature et la civilisation moderne. Cette approche visuelle novatrice a eu une influence considérable sur le cinéma documentaire et expérimental, faisant de « Koyaanisqatsi » une œuvre pionnière dans l’art de raconter une histoire uniquement par l’image et la musique.
Ripley
La série « Ripley », adaptée des romans de Patricia Highsmith et diffusée sur Netflix, se distingue par son approche visuelle singulière. Sous la direction du créateur Steven Zaillian, également réalisateur de tous les épisodes, la série bénéficie de la photographie remarquable de Robert Elswit, oscarisé pour son travail sur « There Will Be Blood ».
Le choix du noir et blanc pour « Ripley » n’est pas qu’un simple effet esthétique, mais contribue à créer l’atmosphère sombre et ambiguë propre à l’univers du personnage de Tom Ripley. Elswit utilise magistralement les contrastes et les jeux d’ombres pour accentuer la tension psychologique du récit. La photographie capture avec précision les paysages italiens des années 1960, tout en leur conférant une qualité intemporelle et mystérieuse. Les compositions soignées et l’utilisation judicieuse de la profondeur de champ servent à la fois la narration et l’exploration psychologique des personnages. Bien que le choix du noir et blanc puisse diviser, je trouve que c’est une décision audacieuse qui renforce l’identité visuelle unique de la série.
The Revenant
Je ne sais pas si je dois présenter le film tant il a fait un boucan hors norme à sa sortie, boucan sans doute lié à la mise en ligne du film plusieurs mois avant sa sortie cinéma. Le film raconte l’histoire vraie d’Hugh Glass, trappeur de son métier, qui, dans une Amérique profondément sauvage, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass, étant Américain, refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils (mais qui sont déjà morts…), il entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Animé par sa soif de vengeance, il fait un voyage qui se transforme en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, et revenir chez lui et trouver la rédemption.
Tout le monde, ou presque, s’accorde pour dire que la réalisation de The Revenant par Alejandro González Iñárritu est impressionnante. Pour le dire clairement, le film, est une sublime photographie de paysages qui dure 2h30.
Les paysages sont grandioses, plus vrais que nature. La caméra du réalisateur est toujours en mouvement et navigue entre les personnages, jamais statique, enchaînant les contre-plongées. Elle offre une véritable expérience cinématographique faite de plans coupés en deux (que ce soit par les longs fusils, les arbres, les brides des chevaux….), d’objectif qui s’embue lorsque Leonardo souffle dessus (révélant la présence de la caméra). A cela s’ajoute une gestion des couleurs extrêmement maîtrisée, nous plongeant avec le personnage dans le froid de l’hiver.
La bande annonce :
Ida
Dans la Pologne des années 60, avant de prononcer ses vœux, Anna, jeune orpheline élevée au couvent, part à la rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en vie, histoire de voir si oui ou non, la vie de bonne sœur, ça la branche vraiment. Ce qui sera l’occasion de découvrir un sombre secret de famille datant de l’occupation nazie. Le réalisateur, Paweł Pawlikowski, utilise le cadrage, les costumes, et les couleurs, pour révéler, d’une façon peu conventionnelle, la bataille interne qui fait rage dans Ida pour trouver son identité, une expérience à la fois puissante et délicate. Le fait que le film soit en noir et blanc n’est clairement pas pour me déplaire.
La bande annonce :
Human
Human est un ovni inclassable. Il s’agit d’un film réalisé par Yann Arthus-Bertrand, qui est – mine de rien – le premier photographe membre de l’académie des Beaux-Arts. On pourrait presque qualifier son film de photographie tant la frontière avec le médium est mince au regard de la perfection de sa composition.
Le film est un diptyque de récits et d’images de notre monde dont l’objectif est une immersion au plus profond de l’être humain, et ça marche parfaitement. À travers les témoignages remplis d’amour, de bonheur, mais aussi de haine et de violence, le film nous confronte à l’Autre et nous renvoie à nos propres vies. De la plus petite histoire du quotidien jusqu’aux récits de vie les plus incroyables, ces rencontres poignantes et d’une sincérité rare, mettent en lumière ce que nous sommes, notre part la plus sombre mais aussi ce que nous avons de plus beau et de plus universel. La Terre est sublimée au travers d’images aériennes inédites accompagnées de musique relevant de l’opéra. A voir absolument. D’autant plus que, de mémoire, il est gratuit ou disponible à tout petit prix en Blu-ray.
La bande annonce :
Qu’Allah bénisse la France
Adapté du livre autobiographique de Abd Al Malik, « Qu’Allah bénisse la France » le film raconte le parcours de Régis, enfant d’immigrés, noir, surdoué, élevé par sa mère catholique avec ses deux frères, dans une cité de Strasbourg. Entre délinquance, rap et islam, il va découvrir l’amour et trouver sa voie. La photographie y est très riche, j’ai beaucoup apprécié le travail sur les noirs et blancs. Les cadrages sont toujours justes, et portent l’intrigue. J’avoue aussi avoir été touché l’histoire, très touchante, d’Abd Al Malik. A voir !
La bande annonce :
Conclusion
Si après la lecture de l’article vous êtes toujours en manque d’idées, je vous conseille d’aller faire un tour par ici, c’est là que je me fournis (en partie) ou ici. Bonne séance 😊
Et n’hésitez pas à recommander vos meilleures découvertes de films dans les commentaires ✌🏻
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