In a throwaway society, it is almost impossible to throw away a book.
Martin Parr, MagnumPhotos.com
Introduction
Comme le dit Martin Parr ci-dessus, dans un billet où il défend l’intérêt du livre photographique, dans une société où tout se jette, il est pratiquement impossible de jeter un bouquin. Personne ne fait ça, jamais. Personne ne dit « Tiens je l’ai lu, poubelle« . Du coup, le bouquin, c’est toujours le pari gagnant, qu’on soit producteur de photographie ou consommateur, c’est un support pérenne, beaucoup plus que les autres. Et parfois aussi un bon investissement, les éditions originales des Images à la sauvette de Cartier-Bresson s’achètent aujourd’hui 2 000€ (autant dire que j’ai sauté sur la réédition…). Cela ne sera pas forcément le cas des ouvrages présentés ici, mais il faut y penser quand on hésite à sortir la carte bleue.
Et cela nous amène à l’article du jour, je vous parle toujours de bouquins, et renvoie très souvent à la bibliographie. Le fait est que j’y mets tout ce que j’ai lu et apprécié ou simplement jugé digne d’intérêt, du coup, ça commence à faire une tripotée de bouquins et je me suis dit qu’il serait intéressant d’en conseiller quelques uns.
Ainsi, voici donc une petite sélection de ce que vous devriez lire cette année. Je ferai peut-être un 2e billet dans l’année si j’ai des idées pertinentes. Sinon, on en reparle en 2018 🙂
Ps : je le dis juste parce que je suis chez moi ici, et que ça mérite d'être noté : l'année dernière je me suis rendu compte que j'en avais pour plus cher de bouquins que de matériel. Une véritable fierté personnelle.
Ps² : le prix des ouvrages présentés ici va de 10€ à 45€. C'est quand même assez raisonnable. Elle coûte combien la carte SD dans votre boitier ? Voilà...
Composition et couleur en photographie
A la base, je suis quelqu’un qui conchie les éditions Eyrolles. J’ai toujours eu l’impression qu’ils ne faisaient que des bouquins pour débiles du type « Apprendre à utiliser mon Canon 80D »1 ou une flopée d’ouvrages spécialisés sur toutes les techniques possibles et imaginables (La photographie culinaire, La photographie de Sushi, Photographier les morts, etc.). Bref, si c’est vulgarisateur et vendeur, vous le trouverez chez eux.
Mais dans tout ce fatras, je suis tombé sur Composition et couleur en photographie d’Harald Mante (qui est en réalité une traduction de son ouvrage paru à l’origine en Allemagne). Et s’il n’y a qu’un seul ouvrage sur la composition que je recommanderai, c’est celui-ci. C’est très clairement le plus pédagogique, le plus complet, et le mieux construit. Tout ce que vous avez besoin de connaître est dedans, ni plus, ni moins. On aborde tout, du point aux lignes, en passant par les textures, la théorie de la couleur, des contrastes, etc. Je le relis tous les ans (entre deux commandes d’autres livres, on ne se refait pas 😀 ). L’ouvrage est assez théorique, et n’est pas illustré par des grands maîtres. Et c’est ce que j’apprécie, ça donne un côté neutre au discours, et évite la présentation un peu autoritaire du type « Untel a fait ça dans ses compositions, faites pareil« . Bref, une véritable boite à outils à connaître.
Petite philosophie pratique de la prise de vue photographique
Petite Philosophie pratique de la prise de vue photographie, c’est le petit livre, tout petit, mais qui dit énormément de choses. C’est le premier bouquin réflexif sur la photographie que j’ai acheté. J’étais en pleine errance quotidienne dans la librairie de ma ville et je suis tombé dessus, petit prix, petit format, je me suis dit que ça serait parfait pour les vacances. Et diantre que c’était une bonne idée ! Le livre a changé ma vision de beaucoup de choses sur la photographie, a commencé à me faire réfléchir dessus, etc. J’avais contacté Pauline Kasprzak l’autrice, qui m’avait conseillé une bibliographie, et de fil en aiguille nous voilà ici :).
Alors du coup, ça parle de quoi ? Le livre est une discussion philosophique entre Jean-Christophe Béchet (le photographe) et Pauline Kasprzak (une philosophe) autour de la photographie, on y parle pratique, cadrage, retouche, réel, marché de l’art, éditing, etc. Bref, lisez-le, c’est seulement 10€, donc on zappe le prochain MacDo, et on s’offre un bouffée d’air frais entre les oreilles.
Influences : Un jeu photographique
Influences, un jeu photographique est un ouvrage qui est aussi rédigé (cette fois entièrement) par Jean-Christophe Béchet. C’est un peu l’inverse du premier livre présenté ici. La démarche est très intéressante : Béchet y présente les photographes qui l’ont influencé (il en retient une cinquantaine sur un siècle) et analyse leur impact sur sa photographie.
Chaque fiche est toujours présentée de la même façon : la biographie du photographe, une analyse de son style, des exemples de photos de Béchet qu’il analyse, et un ouvrage de l’auteur qui est conseillé. J’ai beaucoup aimé le format et l’idée de l’ouvrage, c’est intelligemment construit, on apprend énormément et sous un angle que l’on ne retrouve pas partout (les analyses de style, ça ne court pas les rues). C’est aussi une démarche que l’on peut s’appliquer à soi-même par la suite.
Cependant méfiance : c’est l’inverse du premier livre, dans le sens où vous pourriez être tenté de retenir les recettes présentées et de les appliquer (un peu comme s’il s’agissait d’un livre de conseils, tirant son autorités des noms célèbre dont il regorge). Mais ce n’est pas là qu’est son intérêt, c’est plus la démarche intellectuelle qu’il faut retenir (analyser et comprendre ses maîtres et l’influence qu’ils ont eue sur nous).
So Long, China
D’expérience, lire des ouvrages réflexifs, notamment ceux présentés précédemment est une excellente manière d’avancer dans sa photographie, d’apprendre à se connaître, à définir ses outils, et à savoir où l’on va. Cependant, cela a ses limites, et il y a un moment où il faut mettre un peu de carburant dans la machine, sinon on fait quand même du surplace. Plus métaphoriquement : imaginez les ouvrages réflexifs / théoriques comme le moyen de construire une voiture adaptée à votre besoin (2 ou 4 places, bleu ou verte, etc.) et les œuvres d’autres artistes comme l’essence qui fait rouler la bête. Pour la direction, c’est vous au volant…
Et c’est So Long, China que j’ai choisi comme le travail photographique à lire. C’est un ouvrage de Patrick Zachmann paru l’année dernière aux éditions Xavier Barral. Et l’édition est exemplaire, la couverture est une photographie en argenté sur fond noir. Toutes les photographies de l’ouvrage sont aussi imprimées avec une marge noire et non blanche (c’est assez original pour être souligné).
Le livre raconte plusieurs décennies de voyages en Chine de Patrick Zachmann, et il est composé de photographies et d’extraits de ses carnets de voyage. Il y raconte, de son point de vue, de grands événements (ce qui s’est passé place Tian’anmen) ou plus simplement sa découverte de la campagne. Bref, une vraie aventure en Chine, loin des clichés et lieux communs. La Chine, la vraie, dans votre salon, à portée de vos doigts, c’est fou non ?
La Philosophie de l’Art
Bon, je ne vais pas vous apprendre grand chose : la philosophie c’est parfois la plaie. Quand j’ai commencé à m’intéresser à la philosophie de l’art, c’était via la Critique de la faculté de juger de Kant, et de l’Esthétique d’Hegel, à la plage en vacances (ouais, je suis un type ultra marrant dans la vie). Et autant vous dire que j’ai bien galéré, j’avais un peu l’impression d’être un vélociraptor à une convention vegan. Du coup, j’étais à la recherche d’un ouvrage synthétique, abordable, qui me permettrait d’avoir une connaissance générale de la philosophie de l’art, de ses grands thèmes avant de me lancer dans du plus cossu.
Du coup, sous conseil de ma libraire (qu’il faut toujours écouter), j’ai acheté le bouquin d’Absensour, et comme diraient les Américains : It gets the job done. Il est chronologique, simple sans être simpliste, riche d’extraits de textes de philosophes classiques. Je vais devoir le relire 2-3 fois avant d’en maîtriser le contenu sur le bout des doigts, mais c’est clairement un must-have.
Conclusion
J’espère que ce billet vous aura convaincu-e (si c’est encore nécessaire !) qu’il est préférable et plus profitable d’investir dans des bouquins et dans votre propre formation que dans un énième objectif. Si jamais vous avez besoin d’un avis sur un autre livre de la bibliographie, n’hésitez pas à me contacter, j’aime bien discuter bouquins…
Bon, je retourne à mes lectures, si elles sont concluantes, vous aurez peut-être droit à un épisode 2. Bisous chez vous.
Ps : les liens de cet article sont des liens sponsorisés par Amazon. Cela veut dire que si vous achetez par là, ça n'est pas plus cher pour vous, mais j'ai droit à une commission. Je ne vais pas vous mentir, je fais ça clairement pour devenir millionnaire, surtout que la villa des Balkany au Maroc sera bientôt à vendre. Je compte me l'offrir grâce à ce billet et quand c'est fait je vous invite tous pour un méchoui. Deal ?
- Oui, il n’y a pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr pour lire le manuel qui est gracieusement livré avec l’appareil. ↩︎
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