Après avoir vu pourquoi photographier en noir et blanc, comment voir en noir et blanc, et comment composer une image en noir et blanc il était temps de se faire un peu plaisir. Cet article présentera donc, en guise de conclusion, des artistes contemporains utilisant la photographie en noir et blanc pour s’exprimer. Et oui, celle-ci n’est définitivement pas morte.
Nick Brandt
Nick Brandt est un photographe anglais qui photographie exclusivement la vie sauvage en Afrique. Il n’utilise pas de téléobjectif comme il est d’usage dans la photographie animalière (s’approcher est parfois risqué), mais des focales standards (type 50mm) et de la pellicule. Maîtrisant la composition, la gestion des tonalités, et des textures, il réussit un travail vraiment magnifique.

Plus d’informations sur son travail ici :
Irving penn
Irving Penn est un photographe américain. Il a contribué à la reconnaissance de la valeur artistique de la photographie de mode. Il a un sens de la composition vraiment hors normes, qu’il a employé à photographier des natures mortes à la fin de sa vie.

Plus d’informations sur son travail ici :
Andy Spyra
Andy Spyra est un photojournaliste allemand. Son travail, centré sur les Balkans et le Moyen-Orient, a reçu de nombreux prix et a été publié dans de prestigieux magazines (dont le TIME, Géo, Stern, et le New Yorker). Il perpétue une désormais longue tradition de photographie et noir et blanc dans la discipline.

Damon Winter
Damon Winter est un photographe américain spécialisé en reportage et portrait. Il photographie notamment régulièrement pour le New York Times. En 2009, il a obtenu le prix Pulitzer avec une photographie de Barack Obama prise pendant la campagne électorale de 2008, alors qu’il n’avait jamais couvert de campagne électorale jusqu’alors. Ci-dessous, quelque clichés issus de cette série, auquel le noir et blanc apporte une certaine intensité.



Anuar Patjane Floriuk
Anuar Patjane Floriuk est un photographe né au Mexique. Il se définit lui même comme un anthropologiste social et photographe. Il est intéressé par la création pure et sans limites, sans considération pour les stéréotypes.
Je l’ai découvert pour sa série Underwater Realm (comprenez “Royaume sous-marin”), dans laquelle il photographie la vie sous-marine en noir et blanc. C’est assez inattendu, celle-ci étant pleine de couleurs chatoyantes, elle est usuellement photographiée en couleurs. C’est une série que j’apprécie beaucoup, car elle souligne l’infinie noblesse et la magie du monde sous-marin.



Chuck Kimmerle
Chuck Kimmerle est un photographe américain, de Casper dans le Wyoming. Il travaille principalement sur les paysages, avec un sens de la composition très épuré, qui donne à ses clichés (surtout sa série sur l’hiver) un côté presque irréel, magique. Ce travail (personnel) a été diffusé dans de nombreux magazines spécialisés.


Hiroshi Sugimoto
Hiroshi Sugimoto (杉本博司 pour les japonais) est un photographe japonais partageant actuellement son temps entre Tokyo et New York. Il est réputé pour son excellente technique photographique, centrée sur l’utilisation du format 8×10 pouces et des expositions extrêmement longues. Les aspects conceptuels et philosophiques de son travail sont tout aussi appréciés. Il est connu principalement pour ses séries sur les cinémas (Theaters, où le temps d’exposition est le temps du film, tel des “portraits de film”) ou celle de poses longues de l’océan au format carré, les Seascapes.


Nobuyoshi Araki
Prenez la personne la plus étrange que vous connaissez, et dites vous que vous êtes encore loin, très loin d’Araki. Inclassable, dérangeant et surement dérangé, il photographie sa vie, comme une œuvre biographique, depuis près de 40 ans. Il s’amusait à envoyer ses premiers livres à des inconnus tirés au sort dans l’annuaire. Son travail porte principalement sur Tokyo, ses aspects délurés et ses bas-fonds (ainsi qu’un peu de bondage et sado-masochisme pour la forme).

Kosuke Okahara
Kosuke Okahara est un photographe japonais, travaillant principalement sur des sujets sociaux. Sa photographie est très ancrée dans la tradition du photojournalisme humaniste. Son dernier ouvrage porte Fukushima, photographié quand la ville a été abandonnée suite à la catastrophe nucléaire.

Conclusion
Au final, photographier en noir et blanc est un choix qui se justifie, mais qui ne s’oppose pas à la photographie en couleur. Ce choix dépend principalement de votre approche et de votre sujet. D’ailleurs, certains photographes très connus pour leurs clichés en noir et blanc (tel Ansel Adams), ont été titiller la photographie couleur à un moment ou l’autre de leur carrière.

Notes :
- Cet article fait partie d’une série sur la photographie en noir et blanc. Retrouvez les autres articles ici : Pourquoi photographier en noir et blanc ? [N&B 1/4] ; Comment voir en noir et blanc ? [N&B 2/4] ; Composer une image en noir et blanc [N&B 3/4].
- Ces articles se basent en partie sur la conférence d’Eileen Rafferty pour B&H : Seeing in Black and White with Eileen Rafferty ainsi que sur le livre de Mante, H. & Gilbert, V. (2012). Composition et couleur en photographie. Paris: Eyrolles. (cf. la bibliographie)
10 Comments
Frédéric MARTIN
Bonjour,
Encore un bon article. Pourtant à mon sens il manque quand même tout un pan de la photo nb actuelle. J’ai bien conscience que les articles sont le reflet de ce que tu aimes (et que cet article date de 2016) et qu’ils ne peuvent (et ne doivent) être exhaustifs.
Il y a donc aussi la photo “qui tremble” de gens comme Klein, Robert Frank et dans leurs sillages: D’Agata, Martin Bogren, Anders Petersen (et l’inestimable Araki que tu cites). Et plus récente les photos de Gabrielle Duplantier, Marie Sordat, Michael Ackerman.
En tous cas longue vie à ton blog.
Thomas Hammoudi
Merci !
Comme tu le dis, ça date un peu. J’en connaissais moins aussi.
J’en ai réécris d’autres depuis aussi, sur Parke, Gibson & Mallaghem.
Frédéric MARTIN
Oui je viens de voir, c’est top!
J’aime vraiment ton blog, c’est si rare la diffusion de la culture photo sur le net…
Thomas Hammoudi
Ha ça, c’est mon plus grand regret.
Francine
Très bel article, comme d’habitude, sur le N&B. Je serai plus attentive aux couleurs quand je ferai du N&B. Cela m’aurait paru paradoxal avant de lire votre article, mais maintenant j’ai tout compris! Merci 🙂
Thomas Hammoudi
Hello 🙂
Content que ça vous soit utile !
Ps : la plupart des appareils possèdent des filtres de couleur (l’équivalent de ceux qu’on mettait devant l’objectif), pensez à les essayer c’est intéressant.
Bonne journée & à bientôt.
Francine
Ce serait le cas du Fuji X-T2 ? Je viens de me l’offrir et j’ai pas fini le mode d’emploi ! Je croyais avoir tout compris, mais non ! Ces filtres de couleur sont utiles pour le N&B ?
Thomas Hammoudi
Aucune idée, je n’ai jamais utilisé de Fuji.
C’est dans les réglages du N&B normalement, c’est utile dans le sens où ça modifie le rendu des couleurs quand on passe en N&B. Par exemple, le filtre vert atténue les rougeurs, ce qui est cool pour les portraits.
Mais tout ça peut être refait sur Lightroom, c’est juste que j’aime bien avoir un rendu proche du résultat final dans le boitier.
Laurent Mayeux
Merci pour ce panorama de la photographie en n&b dont vous faites très bien l’éloge.
Thomas Hammoudi
Merci ! Super si ça vous a plu 🙂