Introduction
On fait tous des erreurs, tout le temps. Et c’est d’ailleurs très utile, c’est comme ça que l’on construit une partie de notre expérience et c’est aussi une bonne façon de savoir si l’on avance. Plutôt que de vous comparer aux autres, comparez vous à vous-même il y a 2 ans, si vous vous trouvez débile en regardant par dessus votre épaule, c’est sûrement que vous avez avancé depuis (ce qui est bon signe).
D’ailleurs, c’est sans doute un truc que j’ai appris avec le temps (et qui est aussi expliqué dans le livre de Manson que je vous conseille) : on ne sait rien. Rien de rien. Avec le temps on sait un peu moins rien, mais on reste globalement des billes. Quand j’ai démarré la photographie, après quelques mois et avoir écumé les forums techniques, j’pensais savoir tout ce qu’il y avait à savoir : GROSSIÈRE ERREUR. C’est aujourd’hui aussi le cas quand je pense à comment je faisais fonctionner techniquement le Blog à ses débuts. Et ça sera sans doute de nouveau le cas dans quelques années quand je relirai des articles.
Cet article va donc parler des erreurs que nous faisons et de pourquoi nous les faisons. Mais nous n’allons pas parler des bonnes erreurs, mais des mauvaises, celles qui nous persuadent de bien faire alors qu’on fonce dans le mur tête baissée, et qu’on prend plaisir à s’y cogner une fois qu’on y est. Celles qui font qu’on préfère s’enfermer dans un groupe Facebook à répéter les mêmes mantras éculés plutôt qu’à se questionner sur ce que l’on fait et ce que l’on sait.
J’avais déjà écrit un article sur le sujet d’ailleurs, sur ce qui nous bloque en photographie, mais disons que celui-ci portera plus sur les aspects psychologiques (notamment les biais cognitifs) qui nous poussent à arriver là, et que le titre sera aussi beaucoup plus poli. Ma maman me lit des fois donc bon, je polis mon image auprès d’elle.
Bon après, je ne vais pas tous les faire, les biais cognitifs, on en a énormément, comme le montre l’illustration ci-dessous. Notez juste dans un coin de votre tête que justement, votre tête ne fonctionne sûrement pas aussi bien que vous le pensez.
Ps : Dans cet article, je vais faire appel à beaucoup de ressources extérieures, simplement parce que le contenu est mieux présenté que ce que je pourrais faire et que je l'ai apprécié. Donc prenez le temps de tout voir c'est important, et vous apprendrez plein de trucs.
Habitude et expérience
Ce biais-là, enfin ce cocktail de biais comme nous allons le voir, c’est sans aucun doute celui qui vous bloque le plus en photographie. Il s’agit de confondre une habitude et une expérience, en prenant la première pour la deuxième. Je m’explique :
- Un habitude, c’est faire toujours la même chose parce que ça a toujours marché comme ça. Voici un exemple d’habitude : « quand je fais de la photographie de paysage, je suis toujours à F/16 pour tout avoir net, ça a toujours marché ». Et ensuite, prendre cette habitude, et la professer comme étant une connaissance. On passe de « j’ai toujours fait ça » à « il faut faire ça ». C’est quelque-chose que l’on voit beaucoup en photographie, je ne compte plus les commentaires que j’ai eus qui commencent par « photographe depuis XX ans » (ce qui a pour but de faire autorité, mais en vrai ne montre qu’une longue habitude). Et, sans vouloir viser personne, c’est aussi comme de cette erreur que vient une bonne partie de la « connaissance » sur la photographie qui est diffusée sur le web. De but en blanc, on aurait tendance à prendre cela pour un gage d’expérience, mais en fait, il n’en est rien. On peut pratiquer longtemps une discipline et mal la pratiquer, et on a même des forums et groupes Facebook plein de gourous pour entretenir ça.
- L’expérience, c’est faire quelque chose parce que l’on a essayé de faire autrement et que ça ne marchait pas. Et là, on a à faire à de la vraie connaissance, parce que la connaissance résiste à une démarche de validation. C’est comme cela que l’on teste l’efficacité des médicaments par exemple, on définit deux groupes de patients ayant un problème médical, on donne à l’un le médicament et à l’autre un placebo (sans leur dire bien évidemment). A la fin on regarde les résultats et on voit si le médicament a un véritable effet ou non, on cherche à invalider ce que l’on pense, et si l’on échoue suffisamment de fois on commence à penser qu’on a peut-être bon. C’est comme ça qu’on sait que le Doliprane soulage le mal de tête, et l’homéopathie soulage seulement le portefeuille.
Soit dit en passant, parler par expérience/connaissance et non ressortir des choses que j’ai l’habitude de faire c’est totalement ma démarche via ce Blog. Dans le cadre d’une autre pratique artistique (la musique) j’ai essayé de faire autrement, de mettre la technique et le matériel au centre de ma pratique et ça n’a pas marché, je n’étais pas épanoui, je n’ai pas pu m’exprimer, ça ne fonctionnait pas. Donc quand je place la culture et le fait d’avoir une démarche personnelle au cœur de mon propos, c’est mon expérience qui parle. C’est aussi pour ça (soumettre mes connaissances à une démarche critique) que j’écris et que je liste mes sources publiquement. Bref.
Le problème (et cela augmente avec l’âge), c’est que plus le temps passe, plus l’on est dans un sorte d’entonnoir : on devient aveugle à ce qui va contre ce que l’on croit que l’on sait. C’est d’autant plus aggravé quand on n’est justement pas dans cette démarche de vérification de sa propre démarche / connaissance, et que l’on est encensé dans ce que l’on fait. Autrement dit, on peut faire quelque chose mal très longtemps, et être de plus en plus persuadé du contraire avec le temps et l’approbation extérieure. Parce que si faire longtemps quelque-chose ne veut pas dire qu’on le fait bien, le faire en étant acclamé par des proches non plus.
Cet effet, c’est lié à ce que l’on appelle le biais de confirmation, c’est une tendance naturelle de notre cerveau à privilégier les informations qui confirment ce qu’il croit déjà, et non justement à chercher à les valider en faisant le contraire comme on vient de le voir. C’est pour cela que les gens de droite lisent Le Firago, et les gens de gauche L’Humanité, alors qu’intellectuellement la bonne démarche consisterait à faire l’inverse : lire ce qui va à l’encontre de ce que je crois que je sais, pour vérifier si ce que je crois que je sais est juste. Ça n’est bien évidemment jamais très agréable et ça peut piquer un peu des fois, mais travailler votre esprit critique est salvateur. A ce sujet, je vous laisse regarder les deux vidéos suivantes, justement sur l’aisance cognitive et le biais de confirmation, en plus vous verrez, c’est marrant (pour de vrai, juré).
Ainsi, la vraie question à avoir toujours à l’esprit est la suivante :
Comment est-ce que je sais ce que je sais ?
Si c’est parce que vous avez toujours fait comme cela, ce n’est probablement qu’une habitude (qui peut être juste, mais vous ne le savez pas) et n’a pas vraiment d’intérêt à être diffusée. Si c’est parce que vous avez essayé autre chose et que ça a été l’échec, c’est de la connaissance, et là, partagez-là avec votre voisin.
Cette confusion entre habitude & expérience, elle est au cœur de plein de comportements tout pourris que l’on retrouve dans le petit monde de la photographie (sur internet et en vrai) :
- Conseiller aux débutants, comme fait le nodocéphale aigri de forum, des objectifs à 2 000€, parce qu’il n’utilise que ça et que ça donne de bons résultats (pas de démarche de validation du type : essayer un autre matériel et comparer),
- Penser avoir réussi à atteindre une légitimité en photographie parce qu’on a 3 prix de la « fédé » ou 50 likes sur les réseaux sociaux (pas de démarche de validation du type : se confronter à un autre avis, plus « sérieux » et expérimenté que soit)
- Publier tous les jours sur les réseaux sociaux « parce que ça me pousse à être créatif » (pas de démarche de validation du type : essayer un autre rythme et sur une autre plateforme et voir comment évolue votre créativité),
- Conseiller de respecter des « règles » (on va y revenir), etc.
Donc soyez attentif à vos propres connaissances, à comment vous les avez acquises, et surtout : tentez régulièrement de faire autrement, pour être sûrs et certains que vous n’êtes pas en train de vous planter.
L’anti-intellectualisme primaire
Constat d’un rejet
Toute cette démarche de validation de ce que l’on pense savoir pourrait aussi être réglée en deux coups de cuillère à pots avec des bouquins bien sentis. Je dis toujours qu’en lisant 5 livres sur un sujet, vous en savez déjà plus que 99% des gens, mais ça n’est pas l’accumulation qui fait ça, mais le fait aussi d’avoir croisé les avis. Cependant, j’ai régulièrement à faire à ce qui sera notre deuxième erreur du jour : l’anti-intellectualisme primaire. En fait, c’est une sorte de paradoxe qui apparaît parfois dans un débat contradictoire :
- Soit vous affirmez des choses et vous ne donnez pas de sources (dans le langage courant, on appelle ça « donner son avis »). Auquel cas, le premier argument auquel vous allez faire face c’est « ça n’est que ton avis, ça ! ». Et c’est sans doute mérité.
- Soit vous affirmez des choses, et vous les faites reposer sur une analyse, des arguments ET des sources solides. Mais là cette fois vous aurez droit à des « lol, la vérité n’est pas dans tes bouquins », « sors de tes livres et va faire des photos ». La culture est rejetée de facto, elle est « nulle », « prise de tête », ou c’est de la « branlette ». Ma préféré étant « tu lis beaucoup mais tu ne comprends rien« , ce qui est un peu l’Eglise se moquant de la pédophilie quand ça vient de gens dramatiquement incultes. C’est sans doute aussi parce que c’est plus facile de balayer quelque chose que l’on ne connaît pas, d’autant plus quand on n’est pas à l’aise avec. Quand on vous cite des auteurs que vous n’avez pas lus, il est plus aisé de taper sur le fait de citer des auteur que sur l’auteur lui-même. Mais on reviendra sur la façon correcte d’argumenter un peu plus tard.
Bref, internet, c’est parfois le culte du nivellement par le bas et la facilité de prise de parole n’aide pas.
Cet anti-intellectualisme, le rejet des élites, c’est un peu le mal de notre époque. Je ne suis pas sociologue, donc je ne cherche pas à expliquer d’où ça vient, mais plutôt à en analyser les conséquences : c’est une catastrophe. On a tous besoin de gens plus intelligents que nous pour nous élever. On ne va pas chacun s’amuser à redécouvrir l’intégralité de la connaissance humaine seuls. Lire d’autres auteurs (je parle de livres mais ça peut être plein de choses, le sujet est plus de s’élever l’esprit que comment le faire), c’est s’enrichir et aussi aller là où l’on n’aurait pas pensé à aller seul. Lire Barthes et Flusser m’a énormément apporté par exemple. La lecture de ces livres m’a beaucoup plus apporté que n’importe quelle auto-congratulation tribale de groupe Facebook n’aurait pu le faire.
Seulement voilà, je sens régulièrement quelques crispations autour de ce sujet. Et vous me connaissez, j’ai une petite passion pour le fait de coller des étiquettes à certaines pratiques. Ainsi, après les papy-bokeh déjà évoqués, les physiciens de la photo qui ont suivi, nous avons désormais les gilets jaunes de la photographie. Yep, j’ai osé.
Ps² : Notez ici que je fonde cette analogie UNIQUEMENT avec l'aspect "anti-élites" du mouvement social et sur aucun autre aspect.
A lire entre les lignes à droite et à gauche, la culture photographique serait l’apanage d’une élite, de sachants, riant et se gaussant des pratiques et du mauvais goût du peuple n’ayant pas accès à ce savoir. Populace qui ne pratiquerait que pour son bon divertissement et qui, forcément, ne peut ni ne mérite d’accéder à mieux. D’ailleurs, paradoxe ultime, je suis déjà tombé sur des photographes revendiquant leur absence de culture, ne mettant que la pratique au cœur de leur apprentissage.
Il va de soi que ce genre de doctrine fondée sur le rejet absolu de la connaissance est d’une stupidité sans borne, qui rendrait jaloux même Trump. Vous imaginez, vous, acheter un violon, ne jamais écouter de musique, jouer plusieurs décennies dans votre coin et penser avoir appris un truc ? Ça n’aurait pas de sens. On parlait de la confusion entre habitude et expérience ci-dessus, on nage en plein dedans. Une vie gâchée pour un océan de vide.
Sur tout ça, sur cet anti-élitisme, je vous laisse regarder cette séquence d’Alexandre Astier, encore une fois brillant, traite le sujet bien mieux que ce que je pourrais faire :
Culture et pratique à l’oeuvre
Pour en revenir à la photographie, celle-ci est un art, c’est un fait établi et depuis un siècle plus aucun esprit éclairé ne tente de le contester. Elle peut certes être pratiquée de façon professionnelle, et donc très souvent dénuée de cet aspect (l’expression personnelle étant réduite au minimum), mais ça n’est pas le sujet.
La photographie est un art, et comme tous les autres, elle a une histoire, des courants, de grandes œuvres qui l’ont jalonnée, de belles idées qui l’ont définie, des réflexions qui l’ont secouée et tous ces éléments ouvrent autant de pistes pour son avenir.
Je suis intimement convaincu, d’abord par logique puis par expérience, qu’en connaître une partie nous aide à voir plus clair sur ce qu’il est possible de faire. Savoir comment elle s’est construite, c’est voir les trous dans le murs, et les autres endroits où apporter sa brique. Parce que c’est un outil de communication, il faut en parler la langue. Comprendre la photographie pour mieux la pratiquer en somme.
Rêvant que l’art devienne le bien de tous, tant dans sa compréhension que dans sa pratique, je vais donc m’atteler, une fois n’est pas coutume, à démonter ce joli lieu commun. Parce que non, la connaissance de la culture photographique n’est pas incompatible avec sa pratique, non, la culture n’est plus l’apanage d’une élite, plus à notre époque et oui, c’est aussi possible pour vous. Il n’y a rien qui vous fera obstacle sur ce chemin, si ce n’est vous-même.
D’ailleurs, on va commencer avec ce premier point : une connaissance profonde de la photographie n’est pas incompatible avec sa pratique. Certaines personnes l’ont sans pratiquer, mais pour pouvoir exercer leurs métiers : éditeurs, galeristes, conservateurs, historiens de l’art & cie, mais l’inverse est plus risqué comme on l’a vu. Passer du temps à étudier la photographie, ce n’est pas du temps perdu, c’est de l’investissement sur vous-même, qui paiera quand vous repasserez derrière la camera. D’ailleurs, nombreux sont les photographes historiques à être passés par là.
Prenons le plus fameux d’entre tous : Henri Cartier-Bresson. Il s’intéresse dès l’âge de 15 ans à la peinture et, après trois échecs au baccalauréat, étudie dans l’atelier d’André Lhote (de 1927 à 1928). Dans cet atelier situé dans le quartier du Montparnasse, lui et les autres élèves analysent les toiles des maîtres en y superposant des constructions géométriques selon la « divine proportion » (le nombre d’or). D’ailleurs, dès sa parution, l’ouvrage de Matila Ghyka sur le sujet devient un de ses livres de chevet. Pendant son service militaire, il rencontre aussi Max Ernst, André Breton et les surréalistes et découvre la photo. Ses photos montrent une très grande maîtrise de la composition, fruit de l’acquis chez Lhote, et aussi une grande influence des surréalistes. A ce sujet, je vous renvoie vers cet article que j’ai déjà écrit sur le sujet :
Ainsi, sans surprise aucune, celui que l’on nomme « L’œil du XXe siècle » a étudié l’art et particulièrement la peinture avant de se lancer. Et il n’est pas le seul, c’est aussi le cas de Joël Meyerowitz par exemple.
La photographie est entrée dans sa vie par chocs successifs, comme des rencontres et aussi… des lectures. Sa femme Vivian lui a offert Images à la sauvette de Cartier-Bresson (quand je dis que les grands artistes s’influencent entre eux…) et il est tout de suite séduit par la force de cette vision, qui lui montre tout ce qu’il est possible de faire avec un appareil. Le choc est d’autant plus grand qu’à l’époque, les livres de photographies étaient rares et principalement des livres récapitulant la production d’un magazine. Il n’y avait presque pas de livres d’art. Il a aussi été très influencé par American Photographes de Walker Evans, un photojournaliste Américain et Les Américains, de Robert Frank, qui l’a quasiment poussé à lui seul à se mettre à la photographie.
Mais bon, vous me direz, ces deux exemples de l’intérêt de se cultiver sont certes valides (deux photographes historiques s’étant cultivés sur la photographie), mais somme toute assez ordinaires. Un bluesman écoute du blues, un photographe lit sur la photographie. On va donc prendre un exemple un petit peu plus poussé pour conclure cette démonstration : Martin Parr, photographe documentaire britannique et membre de la coopérative photographique Magnum Photos depuis 1994.
C’est un des photographes vivants les plus actifs et reconnus, il a exposé partout dans le monde et a produit plus de livres que je ne serais capable de compter. Si la liste vous intéresse, elle est ici. Et vous savez quoi ? Il n’est pas possible de s’y connaître plus en photographie que Martin Parr, c’est genre le boss final du game. La Tate a acheté sa collection de livres en 2017 (cf. cet article) et elle comptait… 12 000 titres. Alors, un chiffre comme ça ça paraît un peu absurde, pour vous donner un ordre d’idée, la mienne en compte 220, et ça fait une bibliothèque Ikea Billy pleine. Donc il en faudrait 54 pour stocker la collection de Martin Parr.
Ma bibliothèque de livres sur la photographie représente 50 000 pages environ, et il m’a fallu quasiment 5 ans pour la lire. Je n’ose imaginer le volume de celle de Parr. Vous penserez sans doute que ce n’est qu’un collectionneur compulsif et qu’il ne les connaît pas vraiment. Eh bien, vous auriez aussi tort, il a écrit une série de 3 livres Photobook an History, qui sont une référence du domaine (si ça n’est la seule), qui retracent l’histoire complète du livre photo de ses débuts à nos jours, et quasiment sur tous les continents.
Donc non, définitivement, la culture n’est pas antinomique de la pratique, au contraire. Il n’y a aucune raison de penser cela si ce n’est qu’on veut cacher sa flemme de travailler et plonger la tête la première dans la facilité. Appuyer sur un bouton, ça reste l’approche la plus simple qui soit de l’art photographique, mais c’est aussi sans doute la plus pauvre.
Oh, et si vous avez peur d’être influencé par vos lectures et découvertes, de ne pas réussir à être « vous », n’ayez crainte, cela n’arrivera pas. Vous serez toujours la somme de toutes vos expériences et il n’y a pas de raison de devenir une simple copie unaire. Si ce sujet vous inquiète, je vous conseille la lecture d’Influences, un jeu photographique que je présente ici.
Comment on remédie à ça ?
Ha, que vaudrait ce Blog s’il se contentait de soulever des problèmes sans proposer des solutions ?
Il y a plein de raisons de ne pas avoir pu approfondir votre culture photographique (vous n’avez pas fait d’études « là-dedans », vous pensez que « ça n’est pas pour vous », vous n’avez « pas les moyens », internet ne vous parle que de matos tout le temps…), mais cela se rattrape, ça n’est pas une fatalité. En vous y mettant maintenant et avec les bonnes lectures, vous pouvez très bien être calé sur le sujet d’ici quelques mois et alimenter votre pratique de toutes les réflexions que ces découvertes auront suscitées chez vous. Déjà, juste en lisant un Photo Poche par mois (ce qui est assez peu, ça se lit en une heure à laquelle s’ajoute l’analyse des images), vous découvrez douze photographes par an. Sur cinq ans de pratique ça en fait soixante. Soixante photographes, avec toutes leurs expériences, choix, projets, compositions, idées, techniques, qui viendront enrichir ce que vous ferez avec votre appareil.
Gardez juste cela à l’esprit : acquérir une culture photographique c’est aussi possible pour vous, ça vous apportera beaucoup, ça n’est pas très difficile et c’est toujours mieux que de balayer ça d’un revers de la main en prétendant que ça n’a aucun intérêt. Vous aussi, devenez borgne au royaume des aveugles.
Voyons donc ensemble où vous pouvez la trouver.
Ps : Si jamais vous ne voulez pas vous y mettre maintenant, mais que vous avez quand même un peu de motivation, je vous invite à lire cet article que j'avais écrit pour apprendre-la-photo.fr. Il vous permettra de dégrossir le terrain et de vous donner les grosses bases pour démarrer.
Les ressources du Blog
Bon, l’air de rien, vous trouverez énormément de ressources sur ce Blog, sur plein de sujets (la pratique, la philosophie ou l’histoire), je vous ai un peu prémâché le travail et c’est toujours ça de pris. C’est gratuit, et seulement à quelques clics de vous. Je vous invite à garder ces 3 articles dans un coin, je les mets régulièrement à jour. Ils contiennent beaucoup de ressources sur la photographie et de pistes à explorer. C’est par ici :
Ps : tous les articles "ressources" sont référencés grâce à ce lien.
Les livres
Bon, il y a une bibliographie pour ça, mais je vais juste vous présenter 3 livres qui pour moi couvrent une bonne partie du boulot d’acquisition de la culture. Le premier est l’indétrônable Tout sur la photo : Panorama des chefs-d’oeuvre et des techniques de Flammarion. Il coûte le prix d’une carte SD et comme son nom l’indique, vous apprendra quasiment tout sur le sujet.
C’est un très bon investissement, et je consulte encore le mien régulièrement.
Le deuxième livre, j’en parle assez peu, mais il m’avait énormément plu quand je l’ai lu. Il s’agit de La Photographie: Entre document et art contemporain d’André Rouillé.
Le livre aborde toute l’histoire de la photographie mais aussi (et surtout) tous les débats qui l’ont agitée et qui ont aidé à la définir, et le rôle qu’elle a pris. Vous vous rendrez assez vite compte que l’on n’a pas eu besoin d’attendre internet pour avoir des débats dessus. La photographie est apparue avec l’industrialisation et fut d’abord productrice de l’image de la société marchande, qu’elle était la mieux à même de documenter. Elle répond aujourd’hui différemment aux besoins d’une société de l’information. Dans ce livre, Rouillé parle de la photographie dans tout ce qu’elle est : sa pluralité et ses devenirs, du document à l’art contemporain. Il y distingue d’ailleurs « l’art des photographes » de « la photographie des artistes ». Mais il faudra lire le livre pour comprendre cette notion 😉
Le dernier livre que je vous conseille (pour démarrer toujours) c’est celui-ci :
Si je vous parle souvent d’Henri Cartier-Bresson, c’est parce que c’est une icône intouchable de la photographie. Il a produit une oeuvre riche, à l’image de sa vie et a fait énormément pour la photographie. Tant pour la définir que pour affimer son rôle dans notre société. Le livre est bien écrit, juste, documenté et brillant, bref, essentiel pour comprendre cette icône et en tirer des leçons. Si je vous le conseille, c’est aussi parce que des fois, il est plus intéressant de se mettre dans la peau de quelqu’un qui a fait quelque chose de grand, que de lire un énième article débile sur « pourquoi le micro 4/3 est fini ».
Bref, utilisez correctement vos neurones, ils le méritent, et commencez par un de ces livres.
Ps : tous les articles parlant de livres sont référencés grâce à ce lien.
Suivre les « règles »
Les règles, j’en ai vraiment ma claque (sauf celles-ci). Ce pseudo-concept doit être dans le top 5 de ce qui me casse le plus les pieds en photographie. A chaque fois que j’entends une phrase qui commence par « non mais ça ne respecte pas la règle de » ou une variante du type « mais si tu vois bien qu’on retrouve la règle de… », c’est comme si la personne se baladait avec un panneau géant où il y aurait écrit « Méfie toi, débilité en approche ». Franchement, il est temps d’arrêter avec ça, l’humanité a assez perdu de temps à cause d’elles, il faudrait passer à autre chose et on va voir pourquoi.
C’est toujours pareil avec les « règles », on nage à 100% dans l’effet Dunning-Kruger donc je vous avais déjà parlé ici. Les débutants croient savoir plus que ce qu’ils ne savent vraiment et les plus âgés sont déjà tombés au fond de l’abîme du biais d’aisance dont on vient de parler.
Ces règles sont toujours arbitraires, castratrices d’un point de vue créatif et permettent simplement aux débutants de savoir s’ils sont meilleurs que leurs voisins ou pas. Montre moi ta composition, je te dirai quelle école tu suis. C’est un critère tangible, fiable et simple à aborder, ça pose des limites, permet de catégoriser, même si ça n’a absolument aucun sens. Je la suis et pas toi, je m’y connais donc mieux que toi et suis peut-être un peu meilleur. Watch my 70-200 you filthy bitch.
Ps : Désolé pour la vulgarité, j'écris ces lignes depuis l'aéroport d'Orlando ça me rend créatif.
Et la conséquence est là, même si ça permet de rassurer ceux qui les respectent, ça tord l’esprit de ceux qui pourraient faire autre chose et au final ça uniformise une bonne partie de la production photographique. Casser les « règles », c’est aussi et surtout ouvrir des portes. C’est pour ça qu’elles m’agacent, ces règles. Il y en a qui nous sont utiles (comme ne pas mordre les gens par exemple) et d’autres qui nous limitent inutilement. Celles concernant la photographie font partie de la 2e catégorie. Mais avant de s’atteler à démonter à coups de pelle le plus tenace de tous les clichés, on va définir un peu de quoi on parle.
La bonne vieille définition
Vous me connaissez, vous avez l’habitude maintenant. Avant de démarrer une analyse, j’aime bien définir les termes dont on va parler. La minute dictionnaire c’est mon petit pêché mignon, ma madeleine de Proust à moi.
Pour se faire, je vais prendre la définition du CNTRL. Le CNTRL c’est le dictionnaire édit par le CNRS, en gros quand les gars de chez Larousse se posent une question sur le sens d’un mot, c’est là qu’ils vont vérifier. Je vais prendre la définition C, parce que la A concerne l’objet qui permet de tracer des traits droits en CE1, et la B ne correspond pas à la façon dont est entendu le mot « règle » en général en photographie. Mais on en reparlera un peu plus tard de celle-là. Quand on demande au CNTRL ce que c’est une « règle », il nous répond ça :
Principe régissant un langage ou certains phénomènes naturels.
CNTRL, « règle » définition C.
Bon, la photographie est bien un langage (et non un phénomène naturel), donc cela pourrait fonctionner. Le problème c’est que pour régir, il faut un consensus. Il faut que l’on soit tous d’accord sur les règles à respecter et qu’on les respecte ensemble, sinon rien ne peut être régi. Un ensemble de règles, ça forme une régulation et ça permet de régir un domaine. On en a sur tout (sous la forme de normes ISO par exemple) pour le tabac, les portes, ou la hauteur des sièges de toilettes. Si un producteur de toilettes produit des toilettes de 1m70 de haut, il risque d’avoir quelques ennuis pour obtenir son homologation NF (« Normes Françaises »). Mais en photographie, on se heurte violemment au même mur qu’on s’était pris dans les dents avec le beau et Hegel : ce consensus n’existe pas.
Pire que ça, il est totalement ignoré par les grands photographes. Les « règles » ils s’en tamponnent autant le coquillard que moi. Si on continue de vous bassiner avec ça c’est simplement parce qu’il y a une confusion entre corrélation et causalité. Oui, la plupart des images célèbres qui ont fait l’art et l’histoire de la photographie sont bien composées et on y retrouve parfois des schémas de compositions (règles des tiers, nombre d’or et cie), mais non ça n’est pas pour ça qu’elles sont célèbres. Autrement dit, respecter les « règles » ne fait pas automatiquement une bonne image, même s’il arrive qu’on retrouve celles-ci dans une bonne image. Là où certains voient une causalité et une intention, il n’y a qu’une corrélation. Je parlais plus haut du biais de confirmation, on est en plein dedans : on cherche à y voir ce qu’on cherche et le voir nous confirme qu’on avait bien raison de le chercher.
De plus, c’est extrêmement réducteur comme approche de l’analyse d’une photographie, pour ne pas dire d’une déconcertante facilité. Prenons cette image de Paolo Pellegrin par exemple :
Honnêtement, je ne me souviens plus d’où elle a été prise et dans quel contexte et c’est tant mieux l’analyse en sera moins biaisée.
La première chose que le rule-boy en herbe aura envie de voir, c’est un respect de sa chère règle des tiers. On creuse, on cherche, bon même si en proportion ça ne passe pas vraiment on pourrait dire qu’horizontalement il y a 3 plans (les 2 gars la tête baissé, les personnages, le fond). C’est tiré par les cheveux parce que l’homme au centre est l’élément fort de cette photographie, mais n’est pas placé sur une de ces lignes. Mais bon, on s’en fiche, on a notre règle, on est content. On s’arrête là.
Vraiment ? Elle n’est vraiment que ça cette image ? A vrai dire, pas du tout. En fait, les proportions dans la composition sont plutôt chaotiques et plus qu’un découpage horizontal, c’est une diagonale que je vois, tracée du bas à gauche en haut à droite. Dans la partie inférieure la scène, dans la supérieure le vide. C’est le mouvement des bras de l’homme qui dynamise l’image, guide le regard. Le tout étant encore renforcé par un jeu d’actions et de regards (chaque personnage part dans un sens et regarde dans un autre direction), ce qui donne l’impression que l’image « explose ». Le meilleur étant ce que les Anglais appellent le « figure to the ground », en gros une silhouette qui ressort du fond : celle de l’homme central, qui devient presque irréel, christique. Vous voyez, quand je vois disais que l’application des règles était dramatiquement réductrice, c’est à ça que je pensais. C’est un peu de l’analyse pré-mâchée pour les mous du ciboulot qui n’ont pas envie de faire le job. Sorry not sorry.
Le plus drôle, de très très loin, étant que les grands photographes s’en foutent. Je veux dire, c’est là que chaque personne qui arrive en disant « mais si dans cette photo il y a la règle de » crie son inculture : les photographes n’en parlent jamais. De tout ce que j’ai lu, et ça commence à faire un paquet, je ne suis jamais tombé sur un auteur expliquant comment la règle d’or avait guidé sa carrière. Jamais une analyse d’image disant « voici les règles que j’y respecte ». Mais as always, on va prendre quelques exemples, parce qu’au lieu de balancer du « Mais si, tous les grands photographes… », on va s’intéresser concrètement à ce qu’ils racontent.
Stephen Shore est né en 1947 à New-York, et est un pionnier de la photographie couleur. A 14 ans, il a vendu 3 photographies au MoMA, ce qui fait de lui le plus jeune à entrer dans les collections du musée. En 1971, à l’âge de seulement 24 ans, il devient le premier photographe à avoir une exposition solo en couleur au MoMA. Il a depuis eu une carrière très riche, et a notamment enseigné la photographie au Bard College, une université.
De ses enseignements, il a tiré un livre, intitulé Leçons de photographie,que vous voyez ci-dessous.
Eh bien dans ce livre, il parle d’énormément de choses, de temporalité, de cadrage, de superposition, de focus, bref de tout ce qui fait une photographie, mais il ne mentionne JAMAIS des règles. Il ne dit jamais « j’ai suivi la règle du poney flamboyant pour telle image, ou celle du lama tonitruant dans celle-ci ». Donc bon, à partir du moment où il fait un livre de cours sur la photographie sans en parler, aller trouver la trace de règles qu’il aurait suivies dans sa photographie revient à être clairement tant demeuré que pétri de certitudes sur ce que doit être une photographie. Si elles existaient ou étaient importantes, je doute qu’il aurait oublié de les mentionner, n’en déplaise aux ayatollahs du web.
Ps : notez que si ce livre vous intéresse, j'ai écrit un article dessus ici.
D’ailleurs, notez aussi que dans la biographie de Cartier-Bresson que j’ai citée ci-dessus, il est question de plein de choses, mais jamais du respect de règles de façon dogmatique. Il a étudié des tableaux pour voir ce qui fonctionnait, puis s’est attelé à composer très finement ses images. Mais toujours en étant ouvert d’esprit (voir l’article déjà cité ci-dessus).
En fait, on retrouve ça aussi dans les biographies de Salgado et Ronis (ci-dessous) que je vous invite à lire. Dans son livre Salgado raconte sa vie, son parcours, sa photographie et ainsi de suite. Mais lui qui est connu pour ses compositions baroques et grandioses, pour ses noirs et blancs très travaillés n’en parle jamais. Il s’est mis à photographier parce qu’il avait une histoire à raconter, pas pour appliquer des recettes.
Et c’est encore plus flagrant dans ce livre de Willy Ronis, où il raconte comment il a produit chaque photographie, comment l’image s’est faite. Vous pourrez y chercher, en vain, la mention de règles ou autres.
Dernier exemple et non des moindres : Bruce Gilden, photographe de l’agence Magnum. Ici, il analyse pour Vice (un webzine américain) des photographies qui lui ont été soumises. Il en apprécie certaines, en rejette d’autres, mais est-ce que c’est à cause de l’absence du respect des règles ? Non, bien évidemment, vous commencez à comprendre.
Alors, il y aura bien un petit malin pour me dire que « si, ils les respectent mais ils les ont juste internalisées et n’y pensent plus », mais à ce niveau d’aveuglement et de mauvaise foi, je ne peux plus rien pour vous si vous pensez ça. Foncez dans le mur et cognez vous la tête dessus si ça vous amuse, mais allez-y tout seul. Moi, quelque chose dont personne ne parle jamais à part dans les groupes Facebook, je n’appelle pas ça une réalité mais une erreur. Si aucun de ces photographes n’en parle, c’est pour une raison : on s’en fout, merci, bonsoir.
Si ces « règles » continuent d’exister, c’est simplement parce que l’on aime ce à quoi on est habitué et qu’il est donc normal de préférer une photographie de 500px bien normée à celles de Moriyama quand on débute. Comme le bon vin, tout s’apprend. Mais encore une fois, ne me croyez pas sur parole. Affûtez votre esprit critique, doutez et vérifiez par vous même en consultant ces sources 😉
La religion des règles
Ces règles, c’est quelque-chose de sérieux dans la tête de ceux qui y croient. Et il ne faut pas y déroger, parce que ceux qui les suivent sans y réfléchir, se comportent avec elles comme si c’était une religion. On y croit, peu importe ce que l’on voit. Les « règles », c’est une religion mal définie (on n’a pas le texte sacré d’origine), mais une religion quand même. Reprenons notre ami le CNTRL et voyons ce qu’il a à nous raconter sur ce sujet :
Doctrine, philosophie proposant des valeurs considérées comme absolues; valeur érigée en absolu, à laquelle on voue un respect quasi religieux
CNTRL, « religion », définition C.
Je suis toujours sidéré de voir le comportement des gens face aux règles, ils sont capables de monter tout un foin improbable, basé sur des connaissances purement empiriques (on vient de voir ensemble que si on écoute les photographes qui produisent ces images, ils n’en parlent jamais donc on ne peut pas professer l’usage de règles et avoir une vraie culture photographique, c’est incompatible) et empli de théories fumeuses. Voyez-donc ce bel exemple que j’ai eu sur YouTube :
Les règles seraient issues d’une analyse millénaire du beau, présentes dans toutes les civilisations (bon pour balancer ça sans se rendre compte de sa connerie, faut être bien assis) et seraient l’apanage d’une élite sensible à la beauté. Quelque chose de millénaire, universel et que certains élus peuvent manipuler ça ne vous rappelle rien ? C’est soit la définition d’une religion, soit celle de la Force dans Star Wars, au choix.
Ces règles seraient donc absolues, elles existent qu’on le veuille ou non et on ne doit pas y déroger. Si vous démontrez le contraire on va vous dire que c’est que parce que vous ne comprenez rien, pas parce qu’elles n’existent pas. A la limite, vous avez seulement le droit de les apprendre, puis de les désapprendre (je ne sais pas comment on fait ça, honnêtement). Ceux qui les utilisent diffusent la bonne parole, ils ont vu le résultat, c’est comme ça qu’il faut faire.
Bon, il va sans dire que tout cela est d’une bêtise sans nom, répéter toujours la même chose parce que c’est ce qu’on vous a dit de faire et sans y réfléchir ne vous amènera jamais nulle part. D’ailleurs, si le côté tribal et rassembleur des histoires et mythes vous intéresse et que vous voulez en apprendre plus sur comment elles poussent les communautés à se former et à agir, je vous invite à lire cet excellent article de Wait but why.
Un simple outil
Comme nous venons de le voir, ces règles ne viennent pas vraiment des photographes eux-mêmes, mais plus de l’analyse biaisée de certains des spectateurs et d’une belle part de flemme, on ne va pas se mentir. On cherche les preuves du dogme plutôt que de chercher à voir s’il résiste à une analyse contradictoire. D’ailleurs, si l’on met de côté les théories fumeuses et multi-millénaires sur la provenance des « règles », celles-ci ont souvent une origine purement arbitraire.
Par exemple la règle des tiers a été théorisée par John Thomas Smith, dans son livre de 1797, Remarks on Rural Scenery. Dedans, il proclame que la règle des tiers représente une proportion plus harmonieuse à suivre dans les peintures de paysages ruraux que toute les autre proportions. Par exemple il conseille de remplir le tableau de « deux tiers d’un élément (en tant qu’eau) à un tiers d’un autre élément (en tant que terre) », plutôt que de placer la séparation au centre de la peinture. Donc, ce avec quoi on vous casse les pieds tout le temps, c’est juste ça, un gars qui a dit dans un livre il y a 2 siècles « askip, ça c’est bien ». On fait difficilement plus arbitraire.
Et ça, ça forme une règle, mais pas au sens C que l’on a vu (« Principe régissant un langage ou certains phénomènes naturels.« ), mais au sens B du dictionnaire du CNTRL :
Méthode, recommandation résultant d’une étude ou de l’expérience et applicable dans un domaine donné pour atteindre une certaine fin.
CNTRL, « Règle », définition B.
Je ne peux pas faire plus clair : on ne peut régir mais on peut donner une méthode pour atteindre une fin, une seule et unique. Cette certaine fin, elle doit être précise et définissable, donc par nature, elle ne peut être universelle. De plus, elle ne concerne qu’un seul cas, une seule issue. Faire A donne B, B est une des réponses possibles à ce sujet, mais pas la solution absolue. Respecter la règle des tiers (A) donne une photographie de paysage harmonieuse (B). Est-ce que c’est la seule façon de le faire ? Non, car cela ne marche que dans un sens. Ne pas respecter A, ne veut pas dire que l’on atteindra pas B. Et pour atteindre B, il ne faut pas nécessairement respecter A. Autrement dit, on peut faire des paysages parfaitement harmonieux sans respecter la règle des tiers, en témoigne cette photographie d’Hiroshi Sugimoto (une pause longue de la mer).
Au final, il n’y a pas vraiment de règles régissant la photographie et sa composition, c’est totalement absurde et c’est pour ça qu’aucun photographe historique (ni théoricien ou philosophe) n’en parle jamais. On peut là faire un parallèle avec la musique : il existe une théorie musicale, on peut s’en servir pour faire des choses (par exemple la combinaison d’une tonique, de sa tierce mineure et de sa quinte formeront un accord mineur qui sonnera « triste »), mais ça n’est qu’une partie de la réponse à « comment faire de la musique ? ». Cette règle produit une certaine fin, mais pas de l’art en soit. Elle ne fait pas tout et n’est qu’un outil parmi d’autres.
La photographie est un langage, un outil de communication, avec ses codes propres à chaque courant, chaque culture et chaque période. Et je vous invite à étudier la composition (dans tous les arts graphiques d’ailleurs) pour développer votre façon de vous exprimer là-dedans. Analysez ce que vous aimez, comment c’est construit et faites le vôtre. Mais ne respectez pas bêtement un truc parce que votre voisin vous a dit de le faire. D’ailleurs, au sujet de la composition en photographie, vous pouvez consulter cet article :
Je finirai cette partie par cette citation de Richard Kalvar que j’aime beaucoup (la citation, pas Richard) et dont l’expérience en dit long sur l’usage des « règles » :
Quand j’ai commencé avec la photographie et commencé à regarder des images de Cartier-Bresson et à lire un peu, certaines règles étaient implicites ou même explicites. La première était: ne recadrez pas vos photos… j’étais un jeune photographe et cela ressemblait à une règle et j’ai donc suivi. Je pense que c’était assez stupide maintenant en regardant en arrière. Je veux dire, pourquoi suivre les règles ? Peut-être que vous pouvez suivre les règles, mais il est préférable de suivre les règles en lesquelles vous croyez, Je n’y croyais pas, je le faisais parce que c’était la règle.
Richard Kalvar, membre de l’agence MAgnum
Ps : Notez que je parle aussi des règles dans cette vidéo, dans un format beaucoup plus court et avec des exemples.
Donc pour résumer, merci de ne plus jamais casser les burnes de personne (les miennes comprises) avec les « règles » et gros bisous chez vous.
Soyez moins serrés du cul quand on parle d’art
Bon, on on va pas se mentir (surtout depuis le temps qu’on se connaît vous et moi) : ce titre est sans aucun doute à inscrire dans mon palmarès du meilleur (ou du pire selon les goûts). Derrière celui-ci se cache pourtant une réalité : parmi les photographes, je sens quand même pas mal de crispations quand on parle d’art ou du statut d’artiste et il serait temps de se détendre un peu.
En toute bienséance s’entend.
On va prendre un cas concret (qui est assez révélateur d’une tendance générale) : il y a quelques semaines, j’ai sorti cette vidéo sur la macrophotographie :
Bon, comme vous vous en doutez, ce n’est pas le genre de contenu qui aide à devenir populaire dans le petit milieu du web, mais bon, si c’était mon but ça se saurait depuis le temps. En vrai, je ne souhaite pas parler du fond, ce n’est pas pour cela que je présente cet exemple (si vous pensiez déjà à publier un commentaire pour répondre à la vidéo, oubliez-le), j’ai assez parlé du sujet pour la fin de mes jours et à part perdre du temps ça ne m’a strictement rien apporté.
En fait, il s’est passé quelque-chose d’assez inattendu dans les réactions à cette vidéo : j’ai eu droit à des arguments solides, sourcés, logiques et pertinents. Non, je déconne. En vrai, beaucoup d’internautes on dit que « je ne pouvais pas dire que la macro ça n’est pas de l’art », pour tout un tas de raisons fumeuses. Sauf que (et là est tout le fun), je ne parle jamais d’art dans la vidéo. Je ne dis jamais que la macrophotographie n’est pas artistique. Pas une fois. Je dis seulement qu’elle n’a pas laissé de trace dans l’histoire de la photographie et qu’elle n’est pas reconnue par le milieu de l’art (prix, bourses, musées, foires et cie). Et c’est très différent.
Et ça révèle bien une chose : pas mal de gens sont un peu sensibles avec ça. On dirait que le sujet (l’art et être artiste) c’est l’équivalent de l’avortement, des armes à feu aux Etats-Unis, ou du voile islamique chez nous. On a peu de marge pour en parler. Comme si l’art était quelque chose de sacré, indéfinissable et encore une fois réservé à une élite d’élus et que n’importe qui ne pouvait pas en parler. Alors qu’en réalité, ma position sur le sujet est extrêmement simple, tolérante et ouverte, je rejoins ce que disais Marcel Duchamp (un artiste contemporain français) à ce sujet :
Je voudrais tout simplement dire que l’art peut être bon, mauvais, ou indifférent, mais que nous devons l’appeler art, qu’importe l’épithète : le mauvais art n’en est pas moins de l’art, comme un mauvais sentiment reste un sentiment.
Marcel Duchamp
Ce que cela veut dire, c’est qu’il n’y a rien de prétentieux à se dire artiste et j’en suis intimement convaincu. Être artiste, c’est produire de l’art. Cela ne veut pas dire qu’il est bon ou intéressant, que vous serez exposé ou que vous en vivrez, mais simplement que vous produisez de l’art. Si je répare des tuyaux, je suis plombier, si je produis de l’art je suis artiste. On ne peut faire plus simple.
Produire de l’art, être artiste, ça veut dire quoi ? Eh bien, une fois n’est pas coutume, on va prendre la définition que nous en donne le CNTRL :
Celui qui est capable de transposer les éléments de la réalité dans le cadre privilégié de son art
CNTRL, définition B.
Facile non ? Il n’y a pas de notion de qualité là-dedans, d’aura ou de statut particulier. Si vous mettez du monde ou de vous (ça je le rajoute, mais je considère que c’est important) dans vos œuvres, si vous essayez de raconter quelque-chose, vous êtes un artiste. Peut-être un très bon et vous ne le savez pas, peut-être très mauvais et vous criez l’inverse sur tous les toits, mais vous êtes un artiste.
Si j’en parle dans le cadre de cet article, c’est parce que je pense que c’est une croyance inutilement limitante. Il n’y a rien de vaniteux à se dire artiste. Au contraire, assumez cela, embrassez-le, et travaillez votre art. On a clairement eu assez de photographies creuses et vides pour que les rares qui ont envie d’aller plus loin se retiennent. Après, essayez de faire du bon art quand même hein, ça arrangera tout le monde à la fin.
Chercher la perfection
La recherche de la perfection (technique s’entend) c’est un peu la grande quête quand on débute la photographie. Et cela fonctionne de la même façon que pour les règles, ça permet de s’évaluer un peu, de se placer, de savoir où on en est. D’une certaine façon, si tout est carré techniquement, que tout est produit au poil de cul près, on ne doit pas être totalement dans l’erreur. Si vous débutez la photographie, il y a de grandes chances que vous ayez envie de produire ce type d’images :
Alors, j’ai pris des paysages, mais cela fonctionnerait aussi avec des portraits ou autre. Ce que l’on retient en les voyant, c’est leur perfection. Techniquement, tout est parfait, bien net, bien visible. Rien n’est bouché, rien n’est cramé, c’est 100% Serge Ramelli & groupe Facebook compatible.
Seulement voilà, et ça risque de vous surprendre, produire ce genre d’image est facile et je pèse mes mots. Et bon, comme on est parti pour un article empli de définition, on va en prendre une dernière. Pour le CNTRL « facile » c’est :
Qui se fait sans effort, sans peine.
CNTRL, définition A.
Si les images techniquement parfaites sont faciles, c’est pour plusieurs raisons :
- Le savoir faire est accessible. C’est sans doute le point le plus important. Il y a 40 ou 50 ans, il fallait vraiment s’y connaître en photographie pour produire ce genre d’images (en techniques de prises de vue pour bien exposer son film, de développement, de tirage et ainsi de suite). Ce n’était pas du tout à la portée du premier venu. Désormais, cela a changé, et c’est une chance. Une énorme partie de la connaissance sur la photographie est en libre accès sur internet et si ce type d’image est ce que vous souhaitez faire, vous trouverez très facilement des tutoriels.
- Le matériel est accessible. Un matériel de qualité, qui produira des images impeccables s’il est bien employé est désormais facile d’accès. On est loin de l’époque des débuts du numérique où seuls les appareils professionnels haut de gamme pouvaient produire des images décentes. Vous avez des choses très bien dès le milieu de gamme (qui est abordable en économisant un peu si la photographie c’est vraiment votre truc). Ce que je veux dire que pour un ou deux SMIC vous pouvez avoir un matériel très bien. Alors certes, c’est une somme, je ne dis pas le contraire, mais c’est possible de l’atteindre. C’est moins cher qu’une voiture et à peine plus que le dernier smartphone à la mode. Et il en va de même pour les optiques, les marques ont toutes fait d’énormes progrès et on trouve d’excellentes choses aussi dès le milieu de gamme. Même s’il y a toujours des pixel-peepers qui prétendront le contraire (soyez indulgents avec eux, on s’occupe comme on peut dans la vie).
- C’est un sujet générique. Très souvent, les images les plus léchées que l’on trouvera plébiscitées sur les réseaux sociaux photographiques sont des sujets vus et revus des milliers de fois. Des jolis paysages au coucher du soleil, une jeune fille nue, un beau papillon à contre-jour, un insecte en gros plan, de l’architecture en pose longue en noir et blanc… Bref, on connaît. Et c’est aussi pour cela que c’est facile : il n’y a pas besoin de s’investir personnellement dans les images, de réfléchir, d’y mettre de soi, en gros d’avoir une démarche. Ré-appliquer des poncifs suffit. Et c’est logique que ça contribue à la perfection, en étant personnel, vous vous éloignez du canon et donc de l’idéal.
Ainsi, si vous démarrez la photographie aujourd’hui, vous pourrez produire des images techniquement parfaites dans le genre de votre choix d’ici quelques-mois d’expérimentation en travaillant correctement (disons six).
J’entends déjà venir les commentaires qui prétendront le contraire, mais ça sera clairement de la mauvaise foi. Je comprends que le fait de faire quelque chose de difficile soit valorisant et qu’en tapant dedans je tape aussi un peu dans l’ego de ceux qui produisent ce type d’images. Mais regardez la réalité en face : produire des images techniquement parfaites est facile.
Si j’en parle dans cette liste d’erreurs qui vous limitent en photographie, c’est parce que si vous courez après la perfection, vous mettez tous vos efforts dans quelque chose qui n’a pas forcément de l’importance. Parfois cela en a, parfois non, mais cela dépend du sujet de l’artiste. Autrement dit, la perfection doit avoir un propos, sinon elle est vaine.
Prenons cette photographie par exemple :
Il s’agit d’un autoportrait de Gillian Wearing, qui avait 40 ans quand la photo a été prise. Il s’intitule « autoportrait à 17 ans », elle s’est maquillée et déguisée pour ressembler le plus possible à la jeune fille qu’elle était à cet âge-là. Dans ce contexte, la perfection est essentielle, tout doit être impeccable, sinon la performance ne fonctionne pas et l’image qui en résulte non plus. La lumière, le maquillage, les couleurs, tout doit être parfait. Je vous invite d’ailleurs à regarder de plus près son travail, elle a fait beaucoup de ces mises en scènes et je trouve ça bluffant.
A l’inverse, il y a d’autres images où la perfection n’a aucun sens ou ça serait même contre-productif. Les exemples ne manquent pas, mais prenons cette image :
C’est une photographie de William Klein, le plus Français des photographes américains. Techniquement, elle est loin d’être parfaite : elle est débullée, floue, et certains sujets sont coupés (le chapeau de l’homme au premier plan et la femme à gauche). Pourtant elle fonctionne du tonnerre. Pourquoi ? Parce que la rue est comme ça, la rue bouge, vit, est mouvante et en ça la photographie de William Klein est juste, fidèle à la matière première qu’il avait. Aussi, elle fonctionne grâce à l’interaction que l’on sent entre le photographe et l’homme au costume noir. Un moment bref, dont l’impression de fugacité est renforcée par le flou de mouvement. New-York bouge et William Klein sait nous le montrer.
Ainsi, je vous invite à ne pas chercher la perfection dans l’absolu, parce que cela n’a ni sens ni intérêt pour votre pratique. Mettez-là au service de ce que vous avez à raconter. Si c’est pertinent recherchez-là, sinon débarrassez-vous en. Et quoiqu’il en soit, n’essayez jamais de vous valoriser par elle, comme on l’a vu, c’est facile.
Conclusion
Ainsi, j’espère que cet article vous aidera à questionner intelligemment votre pratique et via cette démarche à progresser. Ces erreurs vous limitent inutilement et vous n’avez désormais plus de raisons de les faire. Pour ceux au fond de la salle qui ont dormi un peu, voici un petit récapitulatif synthétique du contenu de l’article. Les erreurs à éviter en photographie sont :
- Confondre habitude et expérience. Ce n’est pas parce que vous faites quelque chose depuis longtemps que c’est bien, ou que c’est la seule façon de faire. Demandez-vous toujours comment vous savez ce que vous savez.
- L’anti-intellectualisme primaire. Ne rejetez jamais du contenu parce que c’est « prise de tête ». Prenez le temps d’apprendre, de lire et de vous documenter. Sinon vous stagnerez ou resterez perpétuellement dans l’erreur. On a tous besoin de quelqu’un de plus intelligent que nous pour avancer, sans exceptions.
- Suivre les « règles » par principe. Elles sont complètement arbitraires, ne sont reconnues comme utiles par aucun des grands photographes ayant fait l’histoire, bref, oubliez-les. C’est une approche limitante de la photographie et emplie de fainéantise. Créez vos propres règles, qui ont du sens quant à votre propos.
- Rejeter l’art. Être un artiste, c’est comme être pâtissier ou chauffeur. Cela veut juste dire que vous produisez de l’art. Ce n’est ni vaniteux, ni une reconnaissance en soit. Si vous vous exprimez par la photographie, vous êtes un artiste.
- Cherchez la perfection. Ce n’est pas quelque chose de valorisant, car c’est facile à atteindre. Ne la recherchez que si elle fait sens dans votre démarche artistique, pour votre propos. Sinon, c’est juste une perte de temps.
Et si vous ne les faites plus, soyez pédagogues quand vous tombez sur un photographe qui les fait. Si chacun aide un peu son voisin, peut-être qu’à la fin on vaincra les papy-bokeh.
Tant que j’y suis, je tiens à chaleureusement remercier Aurélien Pierre, dont un commentaire sur le précédent billet m’a inspiré une partie de cet article. Là, on peut vraiment dire que j’ai fait d’un « Pierre » deux coups. Je vous invite à lire son contenu et à vous abonner pour ne pas le manquer. Si vous ne savez pas par où commencer, celui-ci est une très bonne porte d’entrée :
De mon côté, je continue la chaîne YouTube ainsi que le Blog en parallèle. Comme je le répète à qui le demande, les deux sont deux projets distincts, pour des audiences assez différentes au final (lire un contenu de plusieurs milliers de mots ne demande pas le même investissement que de regarder une vidéo de 10 minutes). A priori, je pense continuer avec une vidéo par semaine pour la régularité et un article plus fouillé quand l’idée me vient, et sur le rythme totalement aléatoire qui me caractérise.
Prenez soin de vous et prenez des photos (sans règle des tiers).
Bonus : bien argumenter sur internet
Bon, voyez cette partie comme un gros post-scriptum à l’article. L’erreur dont on va parler existe, mais elle n’est pas limitée à la photographie. Ce que je vais dire là peut s’appliquer dans n’importe quel contexte où vous prenez votre clavier pour échanger avec quelqu’un sur internet.
J’en parle peu sur le Blog, parce qu’en toute logique je me concentre plus sur la photographe que sur mon expérience de blogueur, mais échanger avec l’audience n’est pas de tout repos. Bon, ne vous méprenez pas, 99% du temps les lecteurs sont adorables, bienveillants et encourageants (merci à tous), et je ne dirai pas le contraire ici.
Cependant voilà, depuis quelques mois, l’audience a beaucoup évolué et les échanges que j’ai avec vous ont changé. Comme je viens de le dire, le contenu textuel filtre beaucoup le type d’auditeurs et durant les années où je n’avais que ce Blog (et pas la chaîne YouTube), j’ai été relativement épargné par les casse-pieds (je fais un effort de politesse) du web 2.0.
Du coup, j’en profite pour donner quelques bases sur l’argumentation, que je vous invite tous à lire (même si vous vous êtes sympa, encore une fois, vous pourrez éduquer le voisin). Voici 3 contenus qu’il me semble important de consulter :
- Dans cet article, je parle de la différence entre opinion, goût et argument. Une base que vous pouvez réviser si ça n’est pas bien clair. Parce que les arguments c’est intéressant, en revanche les goûts de chacun, on s’en fout un peu (même beaucoup).
- Dans cette vidéo, l’auteur matérialise la justesse de l’argumentation par une cible. Cela va de la cible verte (qui est un argument précis dans le sujet) à la bordure violette qui est l’insulte. En passant bien évidemment par la notion d’Ad Hominem, qui est aussi dans le top de ce qui m’agace dans la vie. En gros, il s’agit de répondre en attaquant la personne et non ses arguments. Si je vous dis qu’il pleut et que vous me répondez « t’es débile, tu n’as pas pris de parapluie », vous m’attaquez moi, mais pas ce que je dis, et la pluie tombera quand même. Là, c’est pareil. D’ailleurs, à l’avenir je pense bannir systématiquement les personnes qui font ça tellement ça m’exaspère. Bref, regardez la vidéo pour comprendre tout ça en détails.
- Ce thread twitter de Laurent Breillat. Il y parle dedans de sa relation avec son audience. Même si la mienne et la sienne n’ont pas du tout la même échelle, c’est très intéressant. Cela permet notamment de se mettre un peu dans la peau d’un créateur de contenu, parce que de votre côté vous ne savez pas forcément comment ça se passe pour nous. Par exemple, des fois vous faites une remarque un peu maladroite mais sans mauvaise intention et vous vous faites envoyer bouler. Pour vous c’était votre seul contact, mais pour le créateur du contenu c’est peut-être le 500e commentaire de la journée et au bout d’un moment, on fait moins la différence. Bref, lisez le thread c’est très enrichissant.
L’écriture de ce billet s’est étalée sur plusieurs semaines (et continents), mais j’ai principalement écouté ceci en l’écrivant :
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