Introduction
Pour les avoir toutes essayées moi-même, des 3D goût cacahuète au plus fort des cafés, je ne peux que confirmer l’adage présent dans tous les esprits : la drogue c’est mal. Même si le café peut booster un peu votre intellect (là où les 3D – qu’ils soient goût cacahuète ou chèvre – donnent un résultat pitoyable) ce n’est pas vraiment une solution à long terme. Si malgré tout vous voulez vous droguer, vous trouverez tous les conseils du ministère, des bonnes pratiques, et quelques tutoriels & astuces à cette adresse : http://www.drogues.gouv.fr/ (en plus ils ont bien bossé, le titre est on ne peut plus explicite).
Marcher avec le tic-tac
Votre environnement proche est une source intarissable d’inspiration. C’est un de mes grands dadas, et je militerai pour la reconnaissance de ce fait jusqu’à mon dernier déclic (oui, ne faisons pas les choses à moitié). Je vous avais déjà parlé, notamment dans l’article sur les photographes m’ayant influencé, de William Eggleston et de son goût intarissable pour sa ville de Memphis. Et, même sans avoir recours à un argument d’autorité (« lui il a fait ça, c’est bien, faites pareil »), c’est assez logique. Ce qui est pour nous banal car trop vu, peut-être très riche pour quelqu’un qui le découvre. J’en ai personnellement fait l’expérience lors d’un voyage récent à Madagascar, tout me paraissait digne d’intérêt, original, alors que pour la plupart des locaux, ces rues étaient tout ce qu’il y avait de plus banal.
Le but du jeu c’est donc plus d’apprendre à revoir son environnement proche avec des yeux neufs, plutôt que d’en chercher un autre (c’est pour ça que le voyage dans « le but de s’inspirer et de faire des photos » n’a pas trop de sens à mes yeux, si ce n’est combler une fainéantise. Dans le voyage, l’intérêt est ailleurs). Donc comment faire ? A mon avis, laisser le hasard faire les choses peut aider à débloquer un peu la situation. Vous mettez un compte à rebours, et quand il bipe, vous vous arrêtez, vous analysez l’endroit où vous vous trouvez, et essayez d’en sortir quelque chose. Alors, je dis compte à rebours, ça peut-être un compteur de pas, à chaque fois que vous voyez un corbeau ou que vous entendez le mot « banane » dans la rue. Vous voyez l’idée.
On en a discuté tranquillement avec Christophe il y a quelque temps (mais si, souvenez-vous, Christophe c’est l’acolyte tant fantasque que fantastique qui a rédigé avec moi l’article sur le portrait. Ça vous revient ?). Comme à notre habitude nous étions dans notre manoir, situé au cœur des Cévennes. Chacun dans son fauteuil en cuir capitonné, les pieds sur la peau d’ours qu’il a rapportée d’Islande, un cigare dans une main, un verre de whisky dans l’autre (la drogue!), pendant qu’Alphone, notre serviteur rallumait le feu. Oui, il s’appelle vraiment Alphone, l’état-civil, parfois, ça déconne. Bref, Christophe, à la base, c’est le roi de l’arrière-plan, comme vous pouvez le voir ci-dessous. Du coup, quand je lui en ai parlé, ça lui semblait être une idée assez farfelue, mais qui méritait d’être essayée.
Et c’est ce qu’il a fait. Il s’est arrêté dans un lieu qui, a priori, ne l’aurait pas intéressé, et il s’est bougé les neurones jusqu’à ce qu’il trouve un truc qui marche. Et il a réussi. Le contraste de couleur, comme la composition (j’aime beaucoup le spot dans le coin qui attire l’œil) marchent bien. Comme quoi, la photographie, c’est avant tout une question de regard sur ce qui nous entoure, ça vient de nous et non l’inverse.
Analyser un Photo Poche
Eh oui, en voilà une idée étrange, et si vous bossiez un peu bande de tas de feignasses ? 😀
La photo a beau être une discipline que l’on pratique souvent par passion, travailler un peu n’a jamais fait de mal, bien au contraire. Par contre il faut bosser utile, étudier les maîtres, s’en inspirer, comprendre leur oeuvre. A défaut, si vous ne travaillez que la technique, vous allez avoir à peu près le niveau d’intérêt d’un photomaton. Pensez aussi aux autres disciplines. Est-ce que vous avez déjà entendu un violoniste dire : « Bach ? Jamais entendu, par contre cette gamme je te la sors à 220bpm easy cheesy« . Non ? Bah voilà…
Et pour commencer à pas trop cher, mais avec un bon rapport qualité prix, il y a les ouvrages de la collection Photo Poche, publiée par Actes Sud. Il y en a 150 environ, et c’est comme les Pokémons : j’essaie de tous les avoir. Chaque ouvrage contient quelques pages de textes sur l’auteur (souvent une vingtaine) et des reproductions de ces photographies. Il coûte 13€ pièce, ce qui avouons-le, comparé à votre super appareil, n’est pas un énorme investissement. C’est en moyenne le prix d’un Hamburger dans un bistrot, donc vous progressez, et en plus votre ligne vous dit merci, top non ? Si vous ne savez pas lequel choisir, vous pouvez consulter la bibliographie, ou alors en attraper un au hasard et vous débrouiller avec, ça marche aussi bien.
Une fois que vous avez l’ouvrage, rien de plus simple : vous le lisez et après, tout se fait au papier et au crayon. On prend des notes, on analyse les images, la composition, les lumières, leur sens, la raison pour laquelle elles sont là, bref : on bosse.
Ps : Taschen fait aussi de nombreux ouvrages très abordables, souvent pour moins de 20€, le choix est plus restreint, mais le format souvent plus grand.
Ecrire
Bon, celui-là c’est sans doute le moins étonnant de tous les conseils pour ceux qui me suivent un peu (parce que j’écris BEAUCOUP), mais aussi un des plus pertinents.
Pourquoi vous faites de la photographie ? Vos projets photo c’est quoi ? Qui vous inspire ? Pourquoi ? Vous pratiquez comment ? Pourquoi pas autrement ? Cette série, c’est quoi son sens ? Pourquoi y’a telle image ?
Bref, les occasions et sujets ne manquent pas, et croyez-en ma longue et vénérable expérience, poser les choses noir sur blanc (ou l’inverse) aide à avancer, à se vider la tête et à passer à autre chose. Et si vous jugez que ce que vous écrivez est intéressant, partagez-le (je serais même content de le lire, tiens !).
Réanalyser vos anciennes images
Voici une question qui va vous turlupiner un moment, mais avant d’envoyer la purée, tel un train de pomme de terres en plein déraillement, un peu de contexte. Prenez votre photographe préféré, combien de photographies de lui pouvez-vous me citer et me décrire ? 1 ? 5 ? Allez 10, si vous avez une bonne culture. Et ça, c’est pour les gens qui s’intéressent au noble art qu’est la photographie, pour le commun des mortels, la plèbe, il ne ressortirait qu’une ou deux images vraiment iconiques, comme celle-ci :
Donc dans votre vie d’artiste, et si vraiment vous excellez totalement, vous n’arriverez à placer dans la culture collective qu’une seule, voire deux photographies, maximum.
Et si cette photographie vous l’aviez déjà prise ?
Exactement, c’est frustrant comme idée n’est-ce pas ? Donc pour vous éviter le doute, retournez fouiller un peu dans vos planches contact. Ce qui est vieux n’est pas forcément périmé, et avec le temps, notre regard change souvent, ça peut valoir le coup. C’est aussi l’occasion de mesurer sa progression.
Shooter en mode P
Vous le savez, j’honnis parler de matériel et de technique. Vraiment, c’est le moins intéressant de tous les sujets concernant la photographie, parce que clairement, personne ne s’est jamais vraiment extasié en disant « OH MON DIEU C’EST BEAU C’EST PRIS A F2.8 CA SE VOIT ».
Mais on va faire une petite entorse au règlement aujourd’hui, et surtout vous gardez ça pour vous, ça reste entre nous. Pourquoi j’incite (via ce titre subtil) à utiliser le mode P de votre appareil ? Tout simplement parce que vous l’avez payé pour ça. Il faut bien penser que le prix d’un appareil photo, ce n’est pas 90% de pièces d’électronique étrange et 10% de marketing. Non, non, derrière chaque marque il y a une ribambelle d’ingénieurs (allemands, coréens ou japonais) qui bossent pour vous rendre la vie plus simple. Faites-leur confiance, ouvrez-leur votre petit cœur, soyez un citoyen du monde.
De plus, la plupart du temps, vous pouvez vous reposer sur le fruit de leur travail : le mode P. A part les situations de faible luminosité (et encore), il n’y a que peu de moments où il n’est pas pertinent de l’utiliser. Donc débarrassez-vous de la technique, laissez l’appareil la gérer, et concentrez-vous sur le côté créatif. Promis, ça marche.
Conclusion
Que retenir de tout ça ? Bon déjà, pour clarifier un point qui est mystérieux depuis le titre de cet article : non je ne l’ai pas écris sous l’emprise de stupéfiants, mais tard à une heure où il n’y a plus de café, en revanche, oui, je teste bien mes idées en douce sur Christophe (mais il doit faire pareil avec moi sans que je le sache).
Du reste, si vous voulez continuer cette magnifique aventure qu’est la progression, le travail, et l’amélioration de soi, je vous invite à lire cet article, il y présente un autre exercice qui permet de réfléchir un peu à notre culture photographique.
Et si vous avez aimé l’article, n’hésitez pas à tweeter, le bouton ci-dessous est à votre service. 🙂
Laisser un commentaire